Continuer à accepter les dons en cryptomonnaies ou pas ? La question a été soumise à un vote par une partie de la communauté Wikipédia et le verdict est tombé le 12 avril dernier : 232 votants pour l’arrêt de l’acceptation de dons en cryptomonnaies et 94 contre. La communauté Wikipédia vient allonger une liste d’organisations qui s’interdisent d’assumer les monnaies cryptographiques en raison de critiques récurrentes sur leur plus-value sociale et leur impact sur l’environnement.
« La Fondation Wikimedia accepte actuellement les dons en cryptomonnaies, notamment en Bitcoin, Bitcoin Cash et Ethereum, comme expliqué sur la page "autres moyens de donner". Je propose que nous cessions d'accepter les dons en cryptomonnaies.
Accepter les cryptomonnaies signale l'approbation de l'espace des cryptomonnaies par la Fondation Wikimedia et les membres du Mouvement Wikimedia. Les cryptomonnaies sont des investissements extrêmement risqués qui n'ont gagné en popularité parmi les investisseurs particuliers que récemment, et je ne pense pas que nous devrions approuver leur utilisation de cette manière. En les acceptant, je pense que nous généralisons l'utilisation d'investissements" et de technologies qui sont intrinsèquement prédateurs.
Les cryptomonnaies peuvent ne pas être en accord avec l'engagement de la Fondation Wikimedia en faveur de la durabilité environnementale. Bitcoin et Ethereum sont les deux cryptomonnaies les plus utilisées, et sont toutes deux basées sur l’algorithme de preuves de travail qui utilise une énorme quantité d'énergie. Pour en savoir plus sur l'impact environnemental du bitcoin, consultez Columbia ou Digiconomist, et sur celui d'Ethereum, Digiconomist. Vous pouvez également consulter la liste ci-dessous, ou utiliser le moteur de recherche de votre choix pour effectuer vos propres recherches. Les discussions sur l'utilisation de l'énergie dans l'espace cryptographique impliquent souvent des affirmations des partisans de l'Ethereum selon lesquelles ils passeront à un modèle de preuve d'enjeu considérablement plus respectueux de l'environnement dans un avenir proche (bien que cela ait été promis depuis plusieurs années maintenant), ou que le bitcoin pourrait le faire dans un monde futur (bien qu'ils n'en aient pas signalé l'intention). Quoi qu'il en soit, les modèles actuels continuent d'être extrêmement dommageables pour l'environnement. Bien qu'il existe des cryptomonnaies plus respectueuses de l'environnement, elles sont moins largement utilisées et présentent toujours les problèmes mentionnés au point 1.
Nous risquons de nuire à notre réputation en participant à ce projet. L'un de nos pairs dans l'espace des logiciels libres à but non lucratif (Mozilla) est en train de réévaluer son choix d'accepter les dons en cryptomonnaies après une réaction négative considérable de ses partisans, y compris de son propre fondateur Jamie Zawinski.
Je ne pense pas que ce changement nous coûtera beaucoup en termes de pertes de dons, même si j'attends toujours des données à ce sujet. Même si nous supposons que ceux qui font des dons en utilisant des cryptomonnaies choisiraient de ne pas faire de don si la cryptomonnaie n'était pas une option (plutôt que de faire un don dans une autre monnaie), je ne pense pas que nous perdrions beaucoup », lit-on dans la proposition qui a finalement fait l’objet d’approbation par la majorité des votants.
Mozilla, l'organisation à but non lucratif qui édite le navigateur web Firefox, avait de la même façon annoncé qu'elle n'accepte plus les dons en cryptomonnaies suite à une réaction négative importante provoquée en partie par l'initiateur principal du projet Mozilla, Jamie Zawinski.
« La semaine dernière, nous avons rappelé sur Twitter que Mozilla accepte les dons en cryptomonnaies. Cela a conduit à une discussion importante sur l'impact environnemental des cryptomonnaies », avait indiqué l’organisation qui avait ajouté qu’elle « examinerait en quoi sa politique actuelle sur les dons en cryptomonnaies correspond à ses objectifs climatiques. » Elle a donc mis une pause sur les paiements depuis lors.
Réaction de Zawinski dans un billet de blog où il avait maintenu ses critiques acerbes : « Je suis heureux du rôle que j'ai pu jouer pour qu'ils annulent cette terrible décision. Les cryptomonnaies ne sont pas seulement un désastre écologique apocalyptique et un système pyramidal encore plus fou, mais elles sont aussi incroyablement toxiques pour le web ouvert, un autre idéal que Mozilla avait l'habitude de soutenir. »
« Salut @mozilla, je suppose que vous ne me connaissez pas non plus, mais j'ai conçu Gecko, le moteur sur lequel votre navigateur est basé. Je suis à 100 % avec Jawinski sur ce point », ajoute Peter Linss.
La décision de Mozilla faisait suite à celle de Tesla d’arrêter d’accepter le bitcoin comme moyen de paiement pour l’achat des véhicules. Le motif : lutter contre le réchauffement climatique. En effet, le bitcoin figure dans la liste des potentielles causes de coupures d’électricité en Iran. Si l’on considère le réseau Bitcoin comme un pays, alors ce dernier consomme plus d’énergie électrique par an que l’Argentine tout entière. C’est l’une des plus grosses tares que le réseau sous-jacent à la célèbre monnaie cryptographique traîne.
La consommation d’énergie du réseau Bitcoin n’est pas un bogue. Elle est liée au mécanisme d’émission des jetons. Dans le jargon de la cryptomonnaie, le processus prend le nom de minage. Le principal problème qui découle de cette méthode de validation des transactions est sa lourdeur de fonctionnement. La preuve de travail, qui demande un consensus global de chaque nœud sur la blockchain, requiert une quantité d’énergie considérable. Cet algorithme demande à chaque nœud de résoudre un puzzle cryptographique.
Ce puzzle est résolu par les mineurs qui entrent dans une sorte de compétition de laquelle le gagnant ressort avec une récompense en bitcoins. Cette récompense est accordée à un mineur lorsqu’il trouve le hash qui permettra la création d’un nouveau bloc. Mais trouver ce hash devient de plus en plus compliqué et nécessite l’usage d’un nombre chaque fois plus élevé de machines. C’est la raison pour laquelle certains construisent des fermes de minage, d’où les publications qui s’enchaînent et qui font état d’importantes consommations du « pays Bitcoin ». À ce jour, il consomme 121,36 TWh par an, selon l’analyse de l’université de Cambridge. Cette consommation devrait être revue à la hausse à l’avenir quand on prend en compte le fait qu’une augmentation du prix de la cryptomonnaie entraîne une augmentation de l’énergie nécessaire pour le minage. De même, les émissions de gaz à effet de serre dues au fonctionnement du réseau Bitcoin iront croissant. C’est en raison de l’importance de cette consommation que ses détracteurs sont d’avis que « le bitcoin ne rend pas de réel service à l’humanité. »
Source : RFC
Et vous ?
Le terme Ponzi est-il adapté comme qualificatif pour les monnaies cryptographiques ?
Que pensez-vous des cryptomonnaies en général et du bitcoin en particulier ?
Quel impact pensez-vous que ces différentes décisions de ne plus assumer les cryptomonnaies auront sur cette sphère ?
Voir aussi :
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La communauté Wikipédia va arrêter d'accepter les dons en cryptomonnaies après un vote
Qui intervient dans un contexte de critiques sur leur plus-value sociale et leur impact sur l'environnement
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Le , par Patrick Ruiz
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