
Peut-il faire oublier cette tare en s’imposant comme monnaie ?
Si l’on considère le réseau Bitcoin comme un pays, alors ce dernier consomme plus d’énergie électrique par an que l’Argentine tout entière. C’est l’une des conclusions d’une analyse du Centre pour la finance alternative de l’université de Cambridge. Elle fait suite à une autre estimation de la consommation d’énergie du réseau support de la célèbre cryptomonnaie à hauteur de 1 % de celle du monde entier. En cela, le bitcoin est déjà considéré comme un gouffre énergétique. Peut-il faire oublier cette tare s’il s’impose comme monnaie ?
La consommation d’énergie du réseau Bitcoin n’est pas un bogue. Elle est liée au mécanisme d’émission des jetons. Dans le jargon de la cryptomonnaie, le processus prend le nom de minage. Le principal problème qui découle de cette méthode de validation des transactions est sa lourdeur de fonctionnement. La preuve de travail, qui demande un consensus global de chaque nœud sur la blockchain, requiert une quantité d’énergie considérable. Cet algorithme demande à chaque nœud de résoudre un puzzle cryptographique.
Ce puzzle est résolu par les mineurs qui entrent dans une sorte de compétition de laquelle le gagnant ressort avec une récompense en bitcoins. Cette récompense lui est accordée lorsqu’il trouve le hash qui permettra la création d’un nouveau bloc. Mais trouver ce hash devient de plus en plus compliqué et nécessite l’usage d’un nombre chaque fois plus élevé de machines. C’est la raison pour laquelle certains construisent des fermes de minage, d’où les publications qui s’enchaînent et qui font état d’importantes consommations du « pays Bitcoin » À date, il consomme 121,36 TWh par an, selon l’analyse de l’université de Cambridge. Cette consommation devrait être revue à la hausse à l’avenir quand on prend en compte le fait qu’une augmentation du prix de la cryptomonnaie entraîne une augmentation de l’énergie nécessaire pour le minage. De même, les émissions de gaz a effet de serre dues au fonctionnement du réseau Bitcoin iront croissant.
Le prix du bitcoin a augmenté de façon instantanée de plus de 10 % pour atteindre plus de 40 000 dollars par jeton suite à l’annonce d’un investissement de Tesla à hauteur de 1,5 milliard de dollars dans la célèbre cryptomonaie. Les monnaies cryptographiques comme l'ether et le XRP, qui ont tendance à évoluer en tandem avec le bitcoin, ont également vu leur valeur grandir respectivement de 5 % et 4 %. Le bitcoin est en hausse de près de 50 % cette année après des gains de plus de 300 % en 2020. Mais l’activité économique de la cryptomonnaie continue d’être dominée par le négoce boursier. Même si des sociétés telles que AT&T inc. permettent désormais à leurs clients d’effectuer des paiements avec des cryptomonnaies, le problème est que peu de spéculateurs veulent se servir des jetons de bitcoin pour payer des services sans fil, sans doute parce qu’ils se disent que le prix de l’actif numérique pourrait encore augmenter. C’est devenu le principal dilemme de la cryptomonnaie : Bitcoin a besoin d’un battage médiatique pour attirer un appel de masse afin de pouvoir être considéré comme une alternative électronique viable à la monnaie. Mais la sphère est dominée par une culture de « hodlers » qui préconisent l’accumulation plutôt que la dépense.
Les efforts pour intensifier l'activité marchande en s’appuyant sur le bitcoin se poursuivent. Une start-up appelée Flexa a annoncé qu'elle laisserait les gens payer en utilisant certaines cryptomonnaies chez des marchands tels que Nordstrom Inc. et Whole Foods Market Inc. Flexa permettait déjà aux utilisateurs de dépenser du bitcoin, de l'ether, du bitcoin Cash et du Gemini Dollar dans plus de 30 000 emplacements aux États-Unis. Toutefois, certains observateurs sont d’avis que le bitcoin ne sera jamais mainstream dans les échanges commerciaux. Réussir sur cet axe devrait pourtant permette à la cryptomonnaie de faire oublier cette tare surtout que l'entrée de grandes entreprises sur le marché des monnaies cryptographiques pourrait également stimuler les incitations à produire du bitcoin vert en utilisant des énergies renouvelables.
L’investissement de 1,5 milliard de dollars de Tesla dans le bitcoin est en opposition avec les ambitions environnementales de l’entreprise. C’est la raison pour laquelle Elon Musk a dit qu’il donnera 100 millions de dollars à celui qui créera la meilleure technologie de capture du carbone. La somme pourrait finir en possession de l’entreprise de Bill Gates qui travaille sur le développement d’une technologie d’atténuation des rayons du soleil. La manœuvre vise à les réfléchir hors de l’atmosphère terrestre et de déclencher un effet de refroidissement global. Le projet piloté par des scientifiques de l’université de Harvard vise à pulvériser de la poussière de carbonate de calcium (CaCO3) non toxique dans l’atmosphère. Il est attendu de cet aérosol qu’il réfléchisse les rayons du soleil et donc compense le réchauffement climatique.
Si le taux d’adoption du bitcoin se fait de façon similaire à celui de technologies comme les cartes de crédit, le bitcoin pourrait mener l’humanité au chaos dû au changement climatique. C’est la raison pour laquelle des défenseurs de l’environnement appellent à la destruction de cet « inutile réseau » dangereux pour la facture environnementale.
Source : Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index
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