Parler, l'application de médias sociaux conçue comme un bastion de la "liberté d'expression", a récemment coopéré avec le FBI en fournissant des informations qui ont aidé les agents à identifier, localiser et arrêter un partisan des "Proud Boys" dans le cadre de l'enquête du ministère de la Justice sur l'émeute violente au Capitole américain. Parler a fourni le numéro de téléphone associé à un compte, selon une déclaration sous serment d'un agent du FBI, et l’agence fédérale l'a utilisé, ainsi que d’autres informations, pour identifier Eduardo Florea.
Un homme qui a été arrêté par le FBI le 12 janvier, avec plus de 1000 cartouches de munitions, avait publié une déclaration menaçante sur le meurtre du sénateur américain Raphael Warnock de Géorgie et son intention de se rendre à Washington, DC, selon une déclaration sous serment d'un agent du FBI déposée au tribunal mardi. Eduard Florea, 40 ans, de Middle Village, dans le Queens a été accusé d'être un criminel en possession de munitions, a déclaré Seth D. DuCharme, procureur américain par intérim pour le District Est de New York.
La déclaration de l’agent indique également que le FBI a reçu des documents du réseau social Parler pour identifier l'utilisateur du compte "LoneWolfWar" utilisé pour faire ces menaces. Parler a fourni le numéro de téléphone associé au compte, selon l'affidavit, et le FBI l'a utilisé, ainsi que des informations de T-Mobile, pour identifier Florea comme titulaire du compte. Florea, un partisan déclaré des Proud Boys, un groupe néo-fasciste pro-Trump avec des sections à travers les États-Unis, s'est vu refuser la caution et reste en prison en attendant son procès.
Selon l’affidavit, Florea ne s'est finalement pas rendu à Washington pour l'insurrection au Capitole le 6 janvier. Le même jour, cependant, il a publié un message selon lequel New York, où il vit, était "une cible riche" : « Allons-y... Je vais contacter les patriotes de ma région afin de trouver un plan de jeu... Ici, à New York, nous sommes des cibles riches [...]... Les morts ne peuvent pas faire passer de loi... Je me battrai, que Dieu me vienne en aide ».
Il n'est pas clair si Parler a remis les informations sur le compte au FBI après que le Département de la Justice avait émis un mandat ou une assignation à comparaître, ou si la société a donné les informations de son propre chef. Il est typique des grandes plateformes technologiques de coopérer avec les demandes des services de police. Les procureurs locaux et fédéraux obtiennent régulièrement la localisation et l'historique des messages texte des suspects auprès d'opérateurs de téléphonie mobile comme T-Mobile, Verizon et AT&T, et des messages directs provenant de plateformes comme Facebook et Twitter.
Le FBI a ouvert une enquête à la suite de l’attaque collective sans précédent par les partisans du président Donald Trump contre le Capitole la semaine dernière, alors que le Congrès allait procéder à la certification de l’élection du président élu Joe Biden. Jusqu'à présent, un grand nombre des dossiers judiciaires accessibles au public en relation avec ces affaires montrent des enquêtes basées sur des activités de médias sociaux accessibles au public plutôt que sur des informations obtenues directement auprès de sociétés de médias sociaux.
Des membres de la mafia pro-Trump ont retransmis en direct leurs activités ou se sont laissé photographier lors de l'assaut du Capitole. Les documents en ligne montrent également que des agents fédéraux ont physiquement fouillé des téléphones et examiné des captures d'écran de messages envoyés à des connaissances.
La plupart des informations contenues dans les dossiers des tribunaux ont été fournies afin d'établir un motif valable pour que les fonctionnaires arrêtent les personnes soupçonnées de participer à l'insurrection. Les procureurs fournissent normalement plus d'informations lorsqu'ils déposent un acte d'accusation et lorsqu'ils apportent des preuves pour un procès.
Ce n’est pas la première fois que Parler fournit des informations au FBI
Parler a aussi récemment coopéré à une enquête distincte du FBI, dans une affaire contre Michael Reyes, 49 ans, qui a été arrêté le 18 décembre et accusé d'avoir menacé de tuer le président Donald Trump et la juge de la Cour suprême Amy Coney Barrett. Selon une cause probable déposée par l'agent spécial Isaac Frost du FBI, le FBI a reçu un tuyau pour enquêter sur l'utilisateur de Parler "Raizor99" pour ses postes préconisant "le meurtre et le terrorisme". Après un examen plus approfondi, le FBI a découvert que l'utilisateur avait posté plusieurs menaces contre le président, un juge de la Cour suprême, des agents du FBI et les avocats qui soutiennent Trump.
Après avoir observé les postes menaçants, le FBI ne connaissait pas l'identité derrière Raizor99. D'après les preuves contenues dans la déclaration de cause probable contre Reyes, Parler a coopéré avec les autorités fédérales et a transmis le courriel de l’utilisateur, son numéro de téléphone, son adresse IP et la date de création du compte. Il s’est trouvé que ses informations personnelles appartenaient à Reyes.
Reyes a déclaré aux agents fédéraux que le compte Parler était le sien, mais qu'il n'avait écrit ces messages que sous l’effet de la colère et qu'il n'avait pas l'intention de blesser qui que ce soit. S'il est reconnu coupable, Reyes risque jusqu'à cinq ans de prison fédérale et une amende maximale de 250 000 dollars.
Cependant, le fait de savoir que Parler coopère avec les forces de l'ordre pour des affaires liées à l'insurrection du Capitole pourrait créer des problèmes pour la plateforme de médias sociaux. Parler a une large base d'utilisateurs d'extrême droite. Beaucoup de ces extrémistes ont utilisé la plateforme pour organiser la violence au Capitole, selon le ministère de la Justice.
Le réseau social est également devenu un refuge pour des personnes interdites d'accès à d'autres médias sociaux – comme Lin Wood, un théoricien de la conspiration électorale et pro-Trump qui a utilisé Twitter pour appeler à l'exécution du vice-président Mike Pence et du juge en chef de la Cour suprême John Roberts – ainsi que pour des personnalités des médias de droite, comme l'animateur de Fox News Mark Levin, qui estiment ne pas pouvoir s'exprimer librement sur d'autres plateformes.
La plateforme est hors ligne depuis lundi, lorsque Amazon, qui hébergeait ses serveurs, l'a coupée, disant qu'elle « ne peut pas fournir de services à un client qui est incapable d'identifier et de supprimer efficacement le contenu qui encourage ou incite à la violence contre les autres ». Samedi dernier, Amazon avait averti les dirigeants de Parler de modérer efficacement le contenu sur la plateforme ou de trouver un autre hébergeur Web avant lundi.
John Matze, PDG de Parler, a cherché un autre hébergeur pour le service, mais a également déclaré que la plateforme pourrait rester fermée pendant plus longtemps que prévu. La décision d'Amazon fait suite aux interdictions de l'application Parler par Apple et Google à partir de leurs boutiques d'applications respectives pour smartphones.
Parler et Amazon sont actuellement impliqués dans un procès concernant l'annulation du service. Le procès déposé lundi devant le tribunal de District américain de Seattle allègue que la suspension de Parler des services AWS violait la loi antitrust et enfreignait un accord contractuel. Amazon a détaillé certains des messages violents et menaçants sur la plateforme dans des documents judiciaires, dont des menaces de mort contre les démocrates, le GOP, les PDG de sociétés technologiques et autres.
Le ministère de la Justice a déclaré mardi qu'il avait ouvert plus de 160 enquêtes sur des personnes ayant participé à l’émeute au Capitole le 6 janvier, et que d'autres étaient attendues. Dans tous les cas, ce ne sont pas des renseignements qui manquent dans cette affaire. « Ce n'est que la partie visible de l'iceberg », a déclaré le directeur adjoint du FBI en charge du bureau à Washington, DC, ajoutant que les agents avaient reçu plus de 100 000 « supports numériques » et qu'ils « fouillaient chacun d'entre eux pour trouver des pistes d'enquête et de renseignement ».
Source : Affidavit
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Voir aussi :
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Parler a partagé des informations avec le FBI sur un suspect de l'émeute du Capitole,
Un numéro de téléphone lié à un compte a aidé à identifier l'utilisateur qui a publié des menaces
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Le , par Stan Adkens
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