Réagissant à la nouvelle qu'un juge fédéral a accordé une injonction préliminaire à TikTok et à sa société mère ByteDance dimanche, lui évitant d'être expulsé des magasins d'applications mobiles aux États-Unis, Global Times a critiqué l'administration Trump. « La Chine est tout à fait prête à se battre avec détermination » dans la bataille en cours avec les États-Unis sur la propriété de TikTok, a écrit le tabloïd contrôlé par le Quotidien du peuple du Parti communiste chinois.
Dimanche 27 septembre était la date limite pour que les activités américaines de l’application chinoise TikTok soient vendues aux sociétés américaines, dans le cas contraire, l’application serait retirée des app stores américains. Mais jusqu’à cette date, aucune entente n’avait été trouvée entre les parties concernées sur les conditions de l'accord. Avant l’entrée en vigueur du décret de suppression dimanche, un juge fédéral a bloqué l'interdiction du président Trump, accordant un sursis temporaire à l'application très populaire de partage de vidéos et de réseautage social.
Lors d'une audience téléphonique au tribunal dimanche, les avocats de TikTok ont fait valoir que la répression de Trump portait atteinte à la liberté d'expression et au droit à un procès équitable. John Hall, un avocat de TikTok, a déclaré que l'application, qui compte quelque 100 millions d'utilisateurs américains, est une « version moderne de la place publique » et que sa fermeture s'apparente à une tentative de mise au silence de la parole, a rapporté NPR.
Le juge Carl Nichols, de la Cour de District des États-Unis pour le district de Columbia, a répondu en arrêtant l'interdiction, qui devait entrer en vigueur dimanche à minuit. L'action de la Maison-Blanche aurait obligé à retirer TikTok des boutiques d'applications pour smartphones, ce qui aurait empêché TikTok de toucher de nouveaux utilisateurs, et ceux qui l'avaient déjà seraient privés de mises à jour des applications, ce qui aurait fini par le rendre non fonctionnel.
Le juge a déclaré que bien que le président dispose de larges pouvoirs économiques d'urgence sur les questions de sécurité nationale, il y a des exceptions pour les « services d'information » et les « communications personnelles », et TikTok tomberait dans cette catégorie. Nichols, cependant, a rejeté une demande de prolongation du délai du 12 novembre pour que TikTok puisse transférer ses activités américaines à une société américaine, sous peine de disparaître du pays.
Invoquant des problèmes de sécurité nationale et de confidentialité des données en raison de la propriété de TikTok, le président Donald Trump a publié des décrets menaçant de restreindre la disponibilité de l'application populaire aux États-Unis. Le Département américain du Commerce a déclaré dans un communiqué après la décision du juge Nichols que le décret de Trump était « pleinement conforme à la loi et favorise les intérêts légitimes de sécurité nationale ».
Au début de ce mois, un accord provisoire a été conclu entre TikTok, la société de logiciels Oracle et le géant de la vente au détail Walmart. Selon un communiqué officiel, les sociétés américaines acquerront 20 % d'une nouvelle entreprise appelée TikTok Global. Cependant, M. Trump a indiqué plus tard qu'il n'approuverait pas un accord qui ne donnerait pas aux États-Unis le « contrôle total ». ByteDance a suggéré que ses algorithmes - essentiellement le code qui alimente les flux utilisateurs de l'application - ne seraient pas inclus dans l'accord.
TikTok a nié à plusieurs reprises que sa propriété chinoise constitue un risque pour les données de sa base d'utilisateurs américains. Dans une déclaration, TikTok a dit qu'elle était satisfaite que le tribunal se soit rangé du côté de ses arguments juridiques.
La Chine ne laissera pas les États-Unis s’emparer des produits de TikTok
Dans un éditorial publié mardi par la publication chinoise Global Times, le quotidien a accueilli favorablement la décision d’annulation de l’interdiction de TikTok le dimanche, en disant qu’elle fait écho à la moralité et au bon sens. On peut lire aussi que la Chine est prête à défendre les droits de TikTok jusqu'au bout. La décision « a non seulement servi de tampon à la suppression insensée de TikTok par l'administration Trump, mais a également mis à nu le fossé entre cette suppression et la loi et le soutien du public ».
« Les États-Unis volent sans vergogne une société chinoise pour tenter de la chasser des produits qu'elle a créés et faire des sociétés américaines son nouveau propriétaire. La Chine ne permettra pas cela », a déclaré l'éditorial publié par le porte-parole de l'État. « Nous défendrons nos droits jusqu'au bout. Pour le bien de TikTok et des autres entreprises chinoises, nous agirons pour empêcher la mondialisation de devenir une américanisation ».
« Le gouvernement américain demande que ByteDance se retire complètement de l'opération de TikTok et remette son contrôle sur TikTok à une entité américaine. C'est de l'intimidation brutale. Il s'agit d'un vol des réalisations de l'entreprise chinoise sous couvert de sécurité. C'est une subversion flagrante de l'éthique des affaires internationales ».
La chef mondiale par intérim de TikTok, Vanessa Pappas, a dit dans une déclaration légale qu'une interdiction américaine de l'application, même à court terme, aurait des conséquences dramatiques pour ses activités. « Notre modélisation indique que 40 à 50 % de nos utilisateurs actifs quotidiens avant... l’interdiction de TikTok ne reviendront pas à TikTok même si l'interdiction est levée après deux mois ; si l'interdiction est en place pendant six mois, 80 à 90 % des utilisateurs quotidiens ne reviendront pas », a-t-elle écrit.
TikTok a déposé une demande d’injonction devant le tribunal la semaine dernière pour lui demander de s’opposer à l’interdiction imminente comme l’administration Trump l’avait prévue pour le dimanche dernier si un accord avec une entité américaine n’était pas trouvé. TikTok pointe du doigt le décret de Donald Trump du 6 août 2020 dans lequel le président américain a accusé l’application de collecter automatiquement de vastes étendues d'informations de ses utilisateurs. Le président craint que le Parti communiste chinois ait accès aux informations personnelles et exclusives des Américains.
TikTok a affirmé qu'une ordonnance de l'administration Trump violait son droit à une procédure régulière et à la liberté d'expression, et a demandé à un juge du District de Columbia de bloquer une règle qui obligerait Apple et Google à supprimer l'application de leurs magasins dimanche à minuit. Mais dans un document déposé vendredi dernier, le ministère américain de la Justice a fait opposition à la demande d'injonction de TikTok. Le DOJ affirmant que le blocage de l'interdiction « enfreindrait le pouvoir du président de bloquer les transactions économiques interentreprises avec une entité étrangère au milieu d'une urgence déclarée en matière de sécurité nationale ».
TikTok continue les négociations avec le gouvernement américain
Suite à la décision de juge le dimanche, l'administration Trump a déclaré qu'elle reporterait l'interdiction prévue de l'application, mais s'est engagée à poursuivre la bataille juridique, selon NPR.
« L'E.O. est pleinement conforme à la loi et promeut des intérêts légitimes de sécurité nationale. Le gouvernement se conformera à l'injonction et a pris des mesures immédiates pour le faire, mais il a l'intention de défendre vigoureusement l'E.O. et les efforts de mise en œuvre du secrétaire contre les contestations judiciaires », a déclaré le ministère du Commerce dans un communiqué.
Par ailleurs, l'avocat du ministère américain de la Justice, Daniel Schwei, a déclaré, selon NPR, que toute préoccupation en matière de liberté d'expression est « complètement hors de propos » par rapport aux prérogatives du président en matière de sécurité nationale. « La préoccupation ici est le risque de sécurité des données et de laisser les données vulnérables à l'accès du gouvernement chinois », a déclaré Schwei. « C'est la menace la plus immédiate pour la sécurité nationale. C'est une menace aujourd'hui ».
L’auteur de l’éditorial publié mardi dans Global Times a affirmé que l'administration Trump voulait un « accord signé avec contrainte ». « Dans l'ensemble, la politique des États-Unis à l'égard de la Chine est maintenant démente. Leur pression maximale pour supprimer les entreprises et les produits chinois (y compris TikTok et WeChat) découle en grande partie de leurs besoins égoïstes pour aider la réélection de Trump », selon l'article. « Son instigation scandaleuse répond aux sentiments extrêmes de certaines personnes. Elle porte gravement atteinte aux intérêts et à la réputation des États-Unis en tant que... société commerciale ».
« Nous continuerons à défendre nos droits dans l'intérêt de notre communauté et de nos employés. Dans le même temps, nous maintiendrons également notre dialogue permanent avec le gouvernement afin de transformer notre proposition, que le président a approuvée de manière préliminaire le week-end dernier, en un accord », a déclaré un porte-parole de TikTok dimanche dans un communiqué.
Il y a moins de deux semaines, un autre tribunal américain a rendu une décision similaire lorsqu’un juge fédéral de Californie a mis un terme temporaire aux efforts de la Maison-Blanche pour interdire WeChat aux États-Unis, empêchant ainsi l'entrée en vigueur de cette interdiction à minuit le dimanche 20 septembre. L’auteur de l’éditorial du Global Times « espère que l'esprit de ces décisions permettra de mettre en place une protection juridique pour TikTok et WeChat et qu'un renouvellement pourra avoir lieu ».
Source : Global Times
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Pensez-vous qu’une protection juridique pour TikTok et WeChat pourrait intervenir pour mettre fin définitivement aux efforts de l’administration Trump ?
Voir aussi :
Un juge bloque les restrictions de WeChat par Trump pour des questions de liberté d'expression, l'application est une « place publique virtuelle »
Le ministère US de la justice s'oppose à une demande de TikTok qui cherche à invalider un décret de Donald Trump, et assure que le PDG de ByteDance est un « porte-parole » du Parti communiste chinois
La Chine indique qu'elle n'approuvera pas la vente de TikTok qu'elle qualifie d'extorsion, notant que ByteDance pourrait perdre non seulement le contrôle de l'entreprise, mais aussi de sa technologie
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La Chine accuse les États-Unis de « voler sans vergogne » TikTok et les avertit qu'elle est « préparée à se battre »,
Pour défendre jusqu'au bout les droits de l'application
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Le , par Stan Adkens
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