
Le plus gros défi de tout accord est le décret de l'administration Trump du 6 août ; à cette date, le président américain a signé un décret interdisant, dans quarante-cinq jours, toute transaction « des personnes sous juridiction américaine » avec ByteDance, la maison mère de TikTok, évoquant une « urgence nationale » au sujet de l’application de vidéos légères. Cette interdiction prendra donc effet dans 45 jours. L’administration considère l’application appartenant à des Chinois comme une menace potentielle pour la sécurité, malgré l’absence de preuve indiquant que ByteDance ou TikTok ont jamais partagé les données des Américains avec le gouvernement chinois.
La semaine dernière, Trump s’est dit ouvert au rachat de TikTok par un groupe américain avant le 15 septembre, mais a prévenu que le service serait interdit sur le sol américain si aucune transaction n’avait lieu d’ici là. « TikTok capture automatiquement de vastes étendues d'informations de ses utilisateurs, y compris Internet et d'autres informations sur l'activité du réseau telles que les données de localisation et les historiques de navigation et de recherche. Cette collecte de données menace de permettre au Parti communiste chinois d'accéder aux informations personnelles et exclusives des Américains - permettant potentiellement à la Chine de suivre les emplacements des employés et des sous-traitants fédéraux, de constituer des dossiers d'informations personnelles pour le chantage et de mener de l'espionnage d'entreprise », justifie le décret. Donald Trump a donc donné son feu vert à une acquisition des activités américaines, canadiennes, australiennes et néo-zélandaises de TikTok par Microsoft, à condition qu’un « grand pourcentage » du montant de la transaction soit versé à l’État, sous prétexte que son gouvernement rendait l’acquisition possible.
Microsoft est la seule entreprise à ce jour à avoir reconnu publiquement qu'elle était en pourparlers avec le propriétaire de TikTok, ByteDance, pour une éventuelle acquisition (déclaration qu'elle a faite dans un billet de blog en début de mois, indiquant que son PDG Satya Nadella avait parlé au président Trump d'une éventuelle acquisition de TikTok). Pour être plus précis, Microsoft a manifesté son intérêt pour l’acquisition des activités américaines, canadiennes, australiennes et néo-zélandaises de TikTok. Selon le quotidien, Twitter estime encourir moins de risques que Microsoft de se faire épingler pour abus de position dominante dans ce dossier en raison de sa taille nettement inférieure. Mais sa taille le défavorise en matière de trésorerie puisque Twitter ne dispose pas d'autant d'argent que Microsoft et ne pourra pas tenir la longueur dans un achat éventuel, faisant donc de Microsoft le favori de tout accord.
Tout accord avec Twitter impliquerait les opérations américaines de TikTok, selon le WSJ.
Twitter a une valeur boursière proche de 30 milliards de dollars, soit à peu près l'équivalent de la valorisation des actifs de TikTok à céder, ce qui implique que la firme américaine devra lever des fonds pour financer un éventuel accord. Aux yeux d'Erik Gordon, enseignant à l'université du Michigan, le réseau social aura de grandes difficultés à « réunir suffisamment de fonds pour acquérir ne serait-ce que les opérations de TikTok aux États-Unis. Il n'a pas suffisamment de capacités d'emprunt ».
« Si (Twitter) tente de réunir un groupe d'investisseurs, les conditions seront lourdes. Les propres actionnaires de Twitter pourraient préférer que la direction se concentre sur les opérations existantes », a-t-il ajouté.
D'après une source, la société de capitaux privés Silver Lake, l'un des actionnaires de Twitter, est disposée à contribuer au financement d'un accord potentiel.
TikTok a déclaré qu'il prévoyait de contester le décret de l'administration Trump. Les responsables de TikTok l’ont clairement fait savoir en réponse à la publication par l'administration Trump de deux décrets l’interdisant aux USA : « nous épuiserons tous les recours dont nous disposons afin de garantir que l’état de droit ne soit pas écarté et que notre société et nos utilisateurs soient traités équitablement par les tribunaux américains si l’administration s’y refuse. » L’application de partage de vidéos basée en Chine entend appuyer sur un certain nombre de leviers dont : l’absence de preuves de collusion avec le gouvernement chinois et l’anti-constitutionnalité de la mesure. La plainte de TikTok fera l’objet de dépôt au niveau fédéral devant le tribunal de district américain pour le district sud de la Californie. La procédure sera lancée dès mardi si l’on en croit de récents développements à ce sujet.
Source : Wall Street Journal