Alors que les pays vont de l’avant dans le développement de leur application mobile de traçage du covid-19, la Commission européenne, l'exécutif de l’Union européenne, exhortera mercredi les gouvernements des pays membres à utiliser les applications de recherche des contacts sur une base volontaire, a rapporté l’agence de presse Reuters en citant un document de L’UE. Ces applications font partie d’un ensemble de mesures qui sont censées aider les autorités à lever les restrictions aux frontières et à relancer les industries du tourisme et des voyages de l'Union européenne.
En effet, les pays organisent le déconfinement autour d’un certain nombre de mesures, y compris des applications mobiles de traçage du virus, espérant que la technologie des smartphones pourrait contribuer à rouvrir les frontières sans déclencher une deuxième vague de la pandémie. Mais cela a suscité des inquiétudes dès le départ quant aux atteintes à la vie privée et à une surveillance gouvernementale qui pourrait survivre à la crise du nouveau coronavirus. Les applications utilisent la technologie sans fil à courte portée Bluetooth pour identifier les personnes qui ont été en contact avec des personnes infectées par le virus.
En général, les utilisateurs qui téléchargent ces applications peuvent choisir volontairement d'enregistrer les détails de leurs symptômes lorsqu'ils commencent à se sentir mal. L'application garde une trace des personnes qui ont été en contact étroit grâce à des signaux Bluetooth qui transmettent une identification anonyme. Si une personne signale ultérieurement qu'elle est positive au coronavirus, elle enverra un message aux personnes qui ont été en contact étroit avec elle, et qu’elle aurait pu infecter, en se basant sur leurs identifiants anonymes.
En avril dernier, la Commission de l'UE avait déjà publié un guide selon lequel les applications mobiles dont usent les pays de l'UE pour endiguer la propagation du coronavirus doivent respecter les règles de l'Union en matière de protection de la vie privée et obtenir le consentement des personnes concernées pour utiliser des données personnelles, mais exclure les données de localisation.
Dans les grandes lignes, le guide exige : la conformité totale aux règles de l'UE en matière de protection des données et de la vie privée ; la mise en œuvre en étroite collaboration avec les autorités en charge de la santé publique et l’approbation par ces dernières ; l’installation sur la base du volontariat et la suppression lorsque ces applications ne sont plus nécessaires ; l’utilisation des dernières technologies permettant d’améliorer la vie privée, notamment, Bluetooth qui évite de pister les individus ; l’utilisation de données sous anonymat ; l’interopérabilité dans toute l’Union.
Dans un article publié ce mercredi, Reuters rapporte que la Commission a cherché à apaiser les craintes de ceux qui tiennent à la confidentialité et la sécurité de leurs données, en déclarant que l'accès aux services de transport ne devrait pas non plus être soumis à l'utilisation de ces applications.
« La recherche des contacts et les mesures d'alerte, par exemple, avec l'utilisation d'applications mobiles, pourraient être utilisées, sur une base volontaire, par les passagers pour détecter et interrompre les chaînes d'infection et réduire le risque de transmission ultérieure tant que les risques de transmission persistent », a déclaré le document de la Commission vu par Reuters.
L'interopérabilité et l'acceptation mutuelle, l’une des conditions de réussite de la levée des restrictions
« En raison de la nature transfrontalière du transport, il est important d'essayer d'assurer l'interopérabilité et l'acceptation mutuelle de ces mesures », indique également le document selon Reuters.
Les inquiétudes concernant l'incapacité des applications à fonctionner au-delà des frontières de l'UE ont fait surface à la suite d'une dispute entre la France et Apple. La France a accusé la société de saper ses efforts de lutte contre les virus en refusant de l'aider à rendre ses iPhone plus compatibles avec une application de recherche de contacts "StopCovid" prévue. En effet, l’application française, qui a été annoncée pour être testée dans la semaine du 11 mai, est censée faire du traçage des chaînes de contacts en utilisant le Bluetooth. Et l’équipe de développeurs chargée de mettre au point l’application avait rencontré des « difficultés techniques avec le système d’exploitation des mobiles de marque Apple ».
Cédric O, secrétaire d’État au numérique, lors de son audition en avril par la commission des Lois du Sénat, avait déclaré que le problème réside sur le fait que les applications fonctionnant en arrière-plan seraient « progressivement éteintes et déconnectées » automatiquement par l’iPhone. « Nous avons besoin qu’Apple modifie cet élément (…) faute de quoi l’application européenne telle qu’elle a été conçue ne pourra pas fonctionner correctement », avait-il souligné.
Toutefois, la France continue d’aller de l’avant dans le développement de son application sans adopter l’API commune mise en place par les géants américains de la technologie Apple et Google. Le code source a été publié mardi, permettant désormais à tous ceux qui le souhaitent de le passer en revue. Les personnes externes à l’équipe projet StopCovid peuvent, à ce stade, donner un avis, faire remonter des suggestions ou des commentaires.
Apple et Google, dont les systèmes d'exploitation équipent 99 % des smartphones du monde, travaillent ensemble pour créer une application qui ralentira la propagation du virus en permettant aux utilisateurs de choisir de se connecter aux autres téléphones dont ils ont été proches. Leur système prône l’approche décentralisée contrairement à l’approche française qui stocke les données à un endroit différent des appareils des utilisateurs.
La semaine dernière, le NHS, système national de santé en Grande-Bretagne, a également dévoilé le code source de son application de traçage de contacts, qui contourne les restrictions d'Apple liées au Bluetooth. Le système britannique de recherche de contacts utilise l’approche centralisée et a fonctionné sur une poignée d'iPhone "jailbreakés" – modifiés pour leur permettre de surveiller des activités en arrière-plan, d’après Pen Test Partners. Toutes ces applications, celles qui ont adopté l’API d’Apple-Google comme l’application de l’Allemagne et celles qui l’ont évitée espèrent être massivement installées par les citoyens dans le cadre d’un processus de déconfinement efficace qui n’entraîne pas de nouvelles vagues de contamination au covid-19.
Source : Reuters
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Covid-19 : l'utilisation des applications de traçage du coronavirus devrait être volontaire,
Selon un document de l'UE
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Le , par Stan Adkens
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