Le post-pandémique forcera en quelque sorte l’humanité à accepter certains changements qui n’auront peut-être pas vu le jour sans cette catastrophe sanitaire ayant secoué le monde entier. La plupart de ceux-ci sont sans doute caractérisés par la systématisation d’habitudes et de comportements associés à la prudence préventive qui seront probablement cristallisés avec le traumatisme que chacun a vécu et continue de vivre actuellement. Cela impactera donc le mode de vie, le social et le relationnel, l’environnement professionnel, l’économie, voire la politique et la gouvernance en mettant l’accent sur des termes comme le télétravail, la télémédecine, l’e-gouvernance, le vote électronique, la réalité augmentée / virtuelle, et plus globalement « Internet ».
Bien évidemment, ces notions sont déjà d’actualité et constituent une réalité vécue dans la société moderne, même avant l’apparition publique et officielle du coronavirus en décembre 2019-janvier 2020. Cependant, la prédiction de certains penseurs (sociologue, linguiste, psychologue, journaliste, historien, etc.) à propos de la période post-pandémique laisse entrevoir que les technologies numériques et Internet joueront encore plus un rôle capital dans le quotidien de ladite société, et cela s’intégrera probablement dans la culture de l’après COVID-19.
L’on pourra alors être confronté au paradoxe de la communication en ligne qui crée à la fois davantage de distance et de connexion. En effet, ceux qui n’ont pas eu l’habitude des réseaux sociaux, voire ceux qui ont toujours vu Internet d’un mauvais œil, commenceront probablement à s’inquiéter lorsqu’ils seront invités à faire une rencontre physique en se demandant : « y-a-t-il une bonne raison de ne pas le faire en ligne ? ». Désormais, alors que la menace associée à la pandémie sera dissipée, l’héritage d’un TOC à l’échelle de la société (comme celui de se laver fréquemment la main) maintiendra la méfiance de la présence d’autrui à proximité de soi. Il est donc fort possible que l’Internet haut débit couvrira rapidement une cohorte de population qui n’a jamais eu l’intention de vivre une expérience « en ligne » avant cette grande crise sanitaire mondiale.
Sur le plan professionnel, de nombreuses boîtes tenues par des bureaucrates pouvant être qualifiés de « trop prudents » car se méfiant du télétravail sont et seront obligées de rester dans cette nouvelle perspective. Le coronavirus a brisé, de manière brutale, le paradigme traditionnel de la culture du travail « au bureau », une transformation qui n’aurait peut-être jamais eu lieu sans un choc massif comme celui qui s’est produit actuellement.
De nombreux dirigeants d’entreprises n’auraient peut-être pas pu apprécier les avantages de la délocalisation et de la décentralisation du lieu de travail, et il en est de même pour des milliers de salariés qui n’ont pu goûter aux avantages conférés par le travail à distance que « grâce » à la peur partagée d’être contaminé par le virus mortel : ces avantages sont sans doute mis en évidence essentiellement dans la réduction des coûts relatifs au déplacement. Les nouveaux entrants dans cette ère de l’e-travail verront ensuite qu’il sera encore plus coûteux de faire marche arrière, lorsque les acteurs de l’entreprise auront l’habitude de la visioconférence et des plateformes de collaboration en ligne, par exemple.
Il a été estimé que cela touchera aussi certains secteurs qui ont eu une forte réticence de l’éloignement physique malgré des progrès considérables dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC). Il en est de la télémédecine, en l’occurrence : le coronavirus a ainsi initié la démocratisation de la consultation en ligne (bien que cela ne touche peut-être que des cas de problème sanitaire bénins), et cela ouvrira la discussion sur l’extension de cette perspective pour des cas plus critiques. Qui aurait pensé à une utilisation courante (et plus probable à un avenir proche) de Skype, de Face time et plus généralement du courrier électronique dans la communication entre les personnels médicaux et les patients ? Si tel sera le cas, les progrès technologiques dans ce sens s’afflueront incontestablement.
Peut-on également parler du développement de l’enseignement à distance, mais cette fois en mettant davantage l’accent du côté de l’éducation de base, voire pour les élèves de la maternelle. En effet, l’intérêt porté par de nombreuses familles à l’enseignement en ligne pour leurs enfants pourrait continuer à se raviver (du moins pour la prochaine rentrée scolaire), en craignant que le scénario avec le COVID-19 ne se répètera. Les développeurs et les éducateurs auront ainsi la lourde tâche de concevoir des outils et des applications faisant en sorte que l’environnement pédagogique en ligne ne diffère pas trop de l’environnement de classe.
Concernant le mode de vie de l’après-pandémie, il faut dire que les objets connectés attireront peut-être une masse de nouveaux utilisateurs dans les prochains mois. La réalité augmentée / virtuelle prendra probablement une place privilégiée parmi les technologies mises en avant dans ce développement. Cela permettra des expériences qui rapprochent les utilisateurs de l’environnement réel même s’ils doivent encore s’isoler ou vivre en confinement dans la solitude pour une période indéterminée. L’on pourrait voir alors une intégration accélérée de ces technologies dans le quotidien des rescapés du coronavirus.
Enfin (dans cette énumération, mais la liste de ce que l’on peut évoquer est loin d’être exhaustive), il a été estimé que cette catastrophe sanitaire accélérera aussi la dynamique de l’e-gouvernance. En effet, le coronavirus va possiblement forcer de nombreuses institutions politiques à devenir virtuelles, à l’instar du Congrès américain : se réunir physiquement n’est peut-être plus une option viable actuellement, étant entendu que deux membres du Congrès au moins ont déjà été testés positifs pour le virus. La discussion s’ouvrira ainsi sur la pérennisation du processus de législation virtuelle, qui trouvera certainement des partisans au regard de certains avantages évoqués : les législateurs pourraient alors se rapprocher davantage et physiquement de leurs électeurs et se détacher des pressions émanant des lobbyistes à l’occasion des interminables réceptions que ces derniers organisent à Washington.
Dans ce même domaine, les problèmes relatifs au COVID-19 généraliseront probablement le vote électronique pour l’ensemble des citoyens. Il faut rappeler que ce procédé est déjà en vigueur pour les électeurs militaires et étrangers, avec une perspective qui se dessine également pour les électeurs aveugles et en situation de handicap. L’heure est peut-être venue pour l’adoption de technologies avancées, en matière de vote sécurisé et transparent par exemple, et cela pourrait même se réaliser via ces appareils mobiles habituels. En tout cas, le passage vers ces nouveaux horizons empruntera sans doute par des trajectoires de transition avant la généralisation de la numérisation totale, en empruntant un modèle hybride (un vote mobile à distance qui génèrera des bulletins de vote papier, par exemple).
Source : Politico Magazine
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Le , par Victor Alisson
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