
« Le cœur n’y était plus »
Après son départ du poste de directeur général par intérim de Qwant, qu’il a occupé de septembre 2019 à fin décembre 2019, Tristan Nitot a retrouvé son précédent poste de vice-président "Advocacy" en janvier 2020, suite à une réorganisation de la direction du moteur de recherche français sous la pression des investisseurs. Maintenant, Tristan Nitot quitte définitivement l’entreprise. Il a annoncé son départ de Qwant mercredi dans une note publiée sur son blog, Standblog, en précisant ne plus avoir le cœur à la tâche.
Après avoir été l’une des figures emblématiques de Mozilla en Europe, Tristan Nitot a annoncé son départ de son poste et de l’organisation en février 2015, après 17 années en tant que bénévole puis employé de Mozilla. Arrivé chez Qwant en début juin 2018 en tant que vice-président "Advocacy" (c'est-à-dire chargé de la promotion du moteur), M. Nitot a été nommé au poste de directeur général de Qwant en septembre 2019 en tant qu’intérimaire. A la faveur de du renouvellement de l’équipe managériale pour conduire sa transformation, il a retrouvé son précédent poste au sein de l’entreprise.
S’il ne précise pas les conditions exactes de son départ, après moins de deux ans passés chez Qwant, Tristan Nitot a expliqué ne pas avoir repris goût à son poste de vice-président. C’est ainsi que « La direction, les actionnaires et moi avons donc décidé ces dernières semaines que je partirai ». Celui qui dit avoir le « moral au beau fixe » a écrit dans sa note de blog que « Ce n’est pas facile de quitter l’entreprise, après des centaines d’interventions médiatiques, institutionnelles et publiques, au service d’un projet audacieux, d’autant que de nombreuses amitiés se sont nouées avec des collègues à partager la même mission ».
La startup Qwant fournit un moteur de recherche du même nom qui donne la priorité à la vie privée de l’utilisateur. Il évite les résultats de recherche personnalisés, de profiler ses utilisateurs ou de stocker les informations personnelles les concernant (adresses IP et traces numériques comme la signature du navigateur). Il se présente comme une alternative de Google qui serait plus axée sur la protection de la vie privée et qui se veut neutre dans l’affichage des résultats. Mais depuis sa création, la startup française multiplie les pertes et peine à atteindre les objectifs fixés.
Les actionnaires ont décidé d’apporter du changement en renforçant leur contrôle sur la marche de l’entreprise et en réaménageant l’instance dirigeante de Quant. C’est ainsi que Eric Leandri a quitté la direction exécutive du moteur de recherche pour être remplacé par Jean-Claude Ghinozzi, qui était directeur commercial depuis 2017, qui devient donc président de Qwant. Eric Leandri, cofondateur et actionnaire a maintenant rejoint le comité stratégique et scientifique rattaché au nouveau conseil de gouvernance qui va suivre l’activité de l’entreprise.
Qwant veut monétiser son moteur de recherche
En apportant un changement profond dans la gestion de l’entreprise en janvier dernier, Qwant faisait état d’un réel besoin de monétiser ses services pour pouvoir rapidement évoluer. Dans sa note annonçant son départ, Tristan Nitot ne revient pas sur ses derniers mois chez Qwant et les difficultés vécues par les salariés. On ne sait pas non plus si celui qui a précédemment été à la tête de Mozilla Europe pendant 17 ans est parti pour n’avoir pas convaincu en interne.
Toutefois, quant à Eric Leandri, à l’annonce de son départ de la direction exécutive, il a dit : « J’ai fait ce que je pensais devoir faire » pour créer « un moteur de recherche souverain européen », avec « de très beaux outils qui marchent très bien », a-t-il déclaré. « On passe maintenant à une phase ou il faut le monétiser (…) et je ne suis pas la bonne personne pour faire cela. Je pense que Jean-Claude Ghizzoni est parfait » dans ce rôle, a-t-il ajouté.
Après avoir passé 4 mois en tant que directeur général, Tristan Nitot dit « être fier » de ses actions, notamment « la réussite des audits de l’État, qui permettront le déploiement de Qwant dans les administrations et une réorganisation de l’entreprise visant à mieux se focaliser sur l’essentiel ». Il est également satisfait d’avoir promu « un moteur de recherche européen et respectueux de la vie privée, ce qui le différencie des géants américains ».
M. Nitot dit être désormais prêt à se lancer dans une nouvelle aventure, sans pour autant savoir pour le moment avec qui, où, et comment. Mais il dit que les choses peuvent évoluer dans le sens des sujets qu’il connait et qui l’intéressent, comme « le numérique, le Web et ses standards, le logiciel libre, les communs numériques, les communautés, l’impact du numérique sur la société, l’éthique du numérique, la vie privée, les données personnelles ».
Tristan Nitot jette l'éponge
Un autre sujet qui l’intéresse et sur lequel il a « commencé à développer une expertise, fruit d’un intérêt personnel », c’est « la transition écologique et énergétique ». Il ne sait pas encore chez qui ni avec qui travailler sur de nouveau projet. Il pourrait aussi monter sa propre structure, mais il est encore trop tôt pour le dire. « Quoi qu’il en soit, si vous avez un projet autour du numérique et de l’environnement, pensez à moi ! », a-t-il écrit. Cependant, Tristan Nitot n’est pas le seul qui a quitté Qwant ces derniers jours.
La directrice générale adjointe de Qwant, Marie Juyaux, quitte également la société
Proche de l’ex-président de la société Éric Léandri, Marie Juyaux était présente depuis les débuts de l'aventure de Qwant, au poste de directrice des opérations dès novembre 2014, puis de directrice générale adjointe à partir de septembre 2018. Après l’annonce du départ de Tristan Nitot mercredi, l’entreprise dit avoir également reçu jeudi le mail de départ de Marie Juyaux. Son départ était attendu et apparaît comme logique, après le départ du PDG et cofondateur de Qwant, Éric Léandri, qui avait été poussé vers la sortie en janvier, après des mois de polémiques. Le remplaçant de Marie Juyaux n'a pour le moment pas été nommé, Qwant indiquant que des recrutements devraient être annoncés prochainement.
Les enjeux à venir sont importants pour la nouvelle équipe : inverser la vapeur au niveau de la communication, renouer la confiance tant en interne qu'à l'extérieur, établir les nouvelles priorités, se focaliser sur la qualité du produit principal : le moteur de recherche, qui est devenu officiellement celui utilisé par les directions des systèmes d'information de l'État et de l'administration française en janvier dernier.
Un commentateur, qui se plaint de ne pas trouver des réponses à près de la moitié des recherches qu’il faisait, a écrit : « Bref, c'est bien de proposer un moteur de recherche qui respecte la vie privée, mais encore faut-il qu'il trouve ce qu'on lui demande de chercher... »
Source : Standblog
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