Qwant est une startup française qui rêve de briser le monopole du moteur de recherche de Google. À l’image de DuckDuckGo, Qwant fournit un moteur de recherche du même nom qui donne la priorité à la vie privée de l’utilisateur. Il évite les résultats de recherche personnalisés, de profiler ses utilisateurs ou de stocker les informations personnelles les concernant (adresses IP et traces numériques comme la signature du navigateur). Il se présente comme une alternative qui serait plus axée sur la protection de la vie privée et qui se veut neutre dans l’affichage des résultats comparé à la solution concurrente de Google souvent présenté comme un aspirateur notoire des données de ses utilisateurs.
Qwant affirme utiliser uniquement les données fournies volontairement et publiquement par les internautes. Par exemple lorsqu’un internaute publie de son plein gré sur un réseau social, l’avis est réutilisé par Qwant pour le vendre à des clients qui ont besoin de ces données. De cette manière, une marque peut se rapprocher des internautes, une ville voire une région peut utiliser ces données pour constituer un ensemble d’informations pertinentes, informations récoltées de manière « ;transverse, globale, sociale et complète ;».
Même si chacun s’accorde sur la nécessité de disposer d’un outil de souveraineté numérique français ou plus largement à l’échelle européenne, il faut signaler que depuis qu’elle existe (9 ans), la startup française peine à réaliser un chiffre d’affaires au-delà des 5 millions d’euros. Les pertes se multiplient pour l’entreprise qui jamais n’a réussi à atteindre les objectifs fixés. En 2017, son activité n’aura généré que 3 millions d’euros, puis cinq millions d’euros un an après. Cette année le chiffre d’affaires de l’entreprise devrait se situer aux alentours des 7 millions d’euros, alors que Qwant tablait sur 15 millions d’euros. De plus, malgré un chiffre d’affaires bas, Qwant a une charge salariale importante - avec un niveau de rémunération apparemment trop élevé - et la crédibilité du groupe a pris un coup depuis qu’on sait qu’il dépend énormément de Microsoft Bing. Les coûts ayant augmenté, le moteur de recherche perd plus d’un million d’euros par mois, sans perspective de basculer vers un modèle bénéficiaire.
En juin dernier, la plateforme « ;made in France ;» de recherche en ligne affichait 78 millions de visites uniques par mois, contre 17 millions fin 2016. Médiamétrie affirme que Qwant représente 8 % du marché en France, mais d’autres estimations le situent plutôt à 4 %. L’adoption prévue de Qwant au détriment de Google dans les administrations publiques françaises et européennes devrait améliorer les perspectives de développement de cet outil audité par la CNIL, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) et la direction interministérielle du numérique (DiNum).
D’après Éric Léandri qui dirige aujourd’hui l’entreprise, Qwant est la seule entreprise numérique dans le monde qui garantit à cent pour cent le respect de la vie privée. Mais le modèle économique prôné par la direction actuelle ne porte toujours pas ses fruits. Cette situation a poussé Eric Léandri et ses associés à programmer une levée de fonds cette année afin de se donner les moyens d’accélérer le développement et de transformer le modèle économique de l’entreprise. Les responsables du projet Qwant visaient, semble-t-il, un apport en capital à hauteur de 50 millions d’euros pour une valeur d’entreprise de 200 millions.
Malheureusement, plusieurs sources proches du dossier ont indiqué que l’opération n’a pas abouti : les investisseurs sélectionnés ne se sont finalement pas manifestés et si rien n’est fait, Qwant sera à court de cash en fin d’année. « ;Ce sera aux actionnaires de déterminer les bons moyens de sortir de ce problème de trésorerie négative et d’éviter un dépôt de bilan ;», a précisé l’une des sources.
Alors que Qwant est à court de liquidité et voudrait prendre un nouveau départ, les actionnaires du groupe, à qui il incombe désormais de trouver les solutions adéquates qui permettront de résoudre ce problème de trésorerie négative et d’éviter un dépôt de bilan, exigeraient une nouvelle équipe managériale pour conduire la transformation du modèle économique de l’entreprise.
Il faudrait s’attendre à ce que Tristan Nitot, l’actuel DG du groupe, soit évincé et remplacé par une forte personnalité de la Tech, reconnue à l’international et disposant des compétences financières propres à l’économie des startups. Le nouvel homme fort à la tête de Qwant pourrait être dévoilé en janvier prochain, ont précisé les sources.
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
Voir aussi
Qwant : enquête sur les déboires du « Google français » : hauts salaires, déficit, subventions, utilisation de Bing et Bing Ads
Qwant, le moteur de recherche français, va s'appuyer sur Microsoft Azure pour étendre son index du web et dit : « pas d'inquiétude pour vos data »
Qwant fait peau neuve dans sa version 4 maintenant disponible avec un nouveau design et un écran réorganisé
Le français Qwant qui rêve de détrôner le moteur de recherche de Google est dans la tourmente
Les actionnaires du groupe exigeraient une nouvelle équipe managériale pour conduire sa transformation
Le français Qwant qui rêve de détrôner le moteur de recherche de Google est dans la tourmente
Les actionnaires du groupe exigeraient une nouvelle équipe managériale pour conduire sa transformation
Le , par Christian Olivier
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !