L’annonce est de Florence Parly – à la tête du ministère de la Défense en France depuis 2017 – sur son compte Twitter : Qwant sera le moteur de recherche par défaut sur tous les ordinateurs du département dont elle a la charge.
Cette envie de « montrer l’exemple » fait suite à celle des représentants du peuple français au Parlement. Il y a en effet quelques jours que le Journal du dimanche s’est fait le relais de l’information selon laquelle les députés et autres employés de l'Assemblée vont maintenant passer par Qwant, au lieu de Google, pour faire leurs recherches sur Internet. Ces deux sorties font toutes suite à celle de Mounir Mahjoubi, le secrétaire d'État chargé du numérique, qui a récemment fait la promotion du moteur de recherche français, le présentant comme une alternative aux offres des géants de la Tech étasuniens (Google, Microsoft, etc.)
Ces publications en faveur du moteur de recherche made in France se font dans un contexte où le cadre juridique demeure propice au modèle d’affaire des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). À date, les clauses insérées au sein des contrats de licence des systèmes d’exploitation comme Android sont les seules à faire force de loi ; en vertu de ces dernières, les fabricants des terminaux équipés de ces OS sont tenus d’installer des moteurs de recherche qui opèrent une collecte des données de leurs utilisateurs. Au mois de janvier, des députés LREM ont, dans l’esprit du règlement général européen sur la protection des données (RGPD), proposé un amendement pour imposer aux fabricants et distributeurs d’éjecter Google comme moteur de recherche par défaut au profit d’alternatives plus respectueuses de la vie privée. Le texte réécrit avec la participation du ministère de la Justice demeure bloqué dans les tiroirs du gouvernement. Il semble donc que les récentes interventions des députés et du ministre de la Défense ont pour objectif de forcer la main aux pensionnaires de Matignon, mais l’ombre du lobbying américain plane.
La question divise donc au sein de la classe dirigeante française. En sus, ces décisions d’adopter Qwant comme moteur de recherche par défaut posent des questions d’applicabilité. Google fait office de géant et le concurrencer directement sur le terrain de l’indexation de la totalité des pages web demeure une tâche ardue. Le moteur de recherche français contourne cette tare en s’appuyant sur les serveurs dont Microsoft fait usage pour son moteur de recherche Bing. Le risque que des utilisateurs du navigateur français trouvent que les résultats de recherche manquent de pertinence plane donc. Dans de tels cas que se passera-t-il ? Les employés de l’Assemblée nationale et du ministère des Armées seront-ils interdits de faire usage de Google ?
La décision du retour au made in France apparaît donc comme un tout petit pas, mais il semble que ce soit un pas dans la bonne direction – celle de l’indépendance surtout que le PDG de Qwant promet de créer son propre index.
Source : Twitter
Et vous ?
Qu’en pensez-vous de cette décision du ministre de la Défense ?
Faites-vous usage de Qwant ? Comment le comparez-vous à Google ?
Voir aussi :
Des députés proposent un amendement pour interdire d'imposer par défaut d'un moteur de recherche comme Google qui vit de la collecte de données
Revirement du gouvernement sur l'amendement visant à éjecter Google comme moteur de recherche par défaut, des élus soupçonnent des pressions de Google
France : le ministre des Armées annonce que Qwant sera le moteur de recherche par défaut sur les ordinateurs
Du département sous sa responsabilité
France : le ministre des Armées annonce que Qwant sera le moteur de recherche par défaut sur les ordinateurs
Du département sous sa responsabilité
Le , par Patrick Ruiz
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