La transformation numérique qu’a connue la société n’a pas été sans risques. Aujourd’hui, elle repose principalement sur la collecte de données personnelles, de telle façon que la société est de plus en plus inquiète pour la confidentialité et l’utilisation de ses données. Face à cette réalité, une refonte des règles s’impose afin de rendre les choses plus claires, et c’est notamment le rôle du RGPD. Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) est la plus grande révision des règles de confidentialité des données personnelles depuis la naissance d'Internet, il vise à octroyer plus de contrôle aux citoyens européens sur leurs informations et la manière dont les entreprises les utilisent.
En préparation à l’entrée en vigueur du RGPD, les premiers amendements pour adapter le droit français au projet de loi ont commencé à être publiés. Parmi ces textes, un amendement présenté par une quinzaine de députés appelle à ce que les fabricants n’aient plus le pouvoir d’installer par défaut un moteur de recherche sur leurs terminaux.
"Tout fabricant ou distributeur de terminaux, fixe ou mobile, permettant l’accès à des services de communication au public en ligne doit configurer par défaut ce terminal d’une manière qui n’incite pas l’utilisateur final à recourir, à des fins de recherches d’informations, à un service qui collecte et conserve tout ou une partie des requêtes associées à des données personnelles de l’utilisateur », peut-on lire sur le site de l’Assemblée nationale.
Aujourd’hui, rappelle le texte, « la quasi-totalité des smartphones commercialisés en France et en Europe est équipée d’un système d’exploitation mobile iOS ou Android qui impose par défaut le même moteur de recherche à leurs utilisateurs, à travers différents points d’entrée (navigateur, barre de recherche, assistant vocal…). » Bien évidemment, on fait allusion ici aux moteurs de recherche comme Google. Autrement dit, les députés veulent interdire la livraison de terminaux avec un moteur de recherche qui dépend de la collecte de données.
L’amendement rappelle aussi que « par l’effet de clauses insérées dans les contrats de licences liés au système Android, les fabricants et distributeurs de terminaux mobiles qui souhaitent utiliser ce système d’exploitation et donner accès à son écosystème d’applications n’ont pas d’autres choix que d’installer par défaut ce moteur de recherche sur tous les points d’entrée possibles. » C’est d’ailleurs l’un des points qui ont poussé la Commission européenne à accuser Google de position dominante, estimant que son OS mobile Android est anticoncurrentiel.
Les députés veulent annuler l’effet de telles clauses et rappellent que dans son article 25, le RGPD impose d’adopter des principes de « protection par défaut » des données personnelles des individus.
Ainsi, ce texte vise à imposer aux fabricants et distributeurs d’offrir des alternatives plus respectueuses de leur vie privée, en l'occurrence, un moteur de recherche qui ne collecte pas les données.
La gratuité est-elle devenue le mal absolu ?
Pour Tristan Nitot, Fondateur de l’association Mozilla Europe (la branche européenne éditant le navigateur Firefox) et auteur de l’ouvrage « Surveillance de masse », chaque personne doit savoir quel modèle économique est en œuvre. Il juge toutefois que l’assertion selon laquelle « quand c’est gratuit, c’est vous le produit » est trop simpliste. Pour lui, les internautes sont devenus le bétail de Google et Facebook et fait l’analogie d’un lien tissé entre la vache et son fermier.
« La vache est nourrie et logée gratuitement, le fermier s’occupe d’elle… elle est somme toute ravie. Mais ce n’est pas pour autant que le fermier est son client », explique-t-il lors d’un interview. « Android, le système d’exploitation de Google, tout comme Google Search sont gratuits, mais il faut comprendre que ce sont avant tout des chevaux de Troie qui puisent de la donnée personnelle. »
L’auteur est donc naturellement pour l’imposition de nouvelles règles susceptibles de restaurer le contrôle du web de la mainmise des géants du web. Il préconise également de « fuir la publicité ciblée, véritable ver dans le fruit, utiliser des logiciels libres, du matériel que l’on contrôle (un Raspberry Pi par exemple), chiffrer ses connexions… »
En ce qui concerne le RGPD, Tristan Nitot espère que les nouvelles règles ne défavorisent pas les petites sociétés et les acteurs locaux, mais il se montre plutôt optimiste quant à l’effet du projet de loi, notamment sur la manière d’aborder la relation avec les internautes. Après tout, ces règles vont forcer les acteurs à respecter le droit en Europe, mais pour l’internaute, l’effet ne sera pas immédiat, « le chemin reste encore long, le public, dans sa grande majorité n’a cure de pouvoir tracer ses propres données, vers qui elles transitent, qui les utilisent… ».
Source : Amendement no 69 - ladn.eu
Et vous ?
Pensez-vous que ce nouvel amendement va affecter Google et permettre la maîtrise des données personnelles ?
Voir aussi :
Facebook va déployer de nouveaux outils pour donner aux utilisateurs plus de contrôle de leur vie privée en préparation à l'entrée en vigueur du RGPD
Des députés proposent un amendement pour interdire d'imposer par défaut d'un moteur de recherche comme Google
Qui vit de la collecte de données
Des députés proposent un amendement pour interdire d'imposer par défaut d'un moteur de recherche comme Google
Qui vit de la collecte de données
Le , par Coriolan
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