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Affaire Pensacola : Apple a refusé à nouveau de déverrouiller les iPhone d'un tireur de masse aux USA

Voici sa déclaration complète

Le 2020-01-15 07:11:56, par Stéphane le calme, Chroniqueur Actualités
Le combat pour la protection de la vie privée entre Apple et la Maison-Blanche a été relancé cette semaine lorsque le procureur général William Barr a publiquement accusé Apple de ne pas en faire assez pour aider le FBI à accéder aux téléphones portables d'un tireur de masse. Barr a déclaré aux journalistes lundi qu'Apple n'avait « fourni aucune aide substantielle » à l'enquête sur la fusillade du 6 décembre dans une base navale de Pensacola, en Floride.

Mohammed Alshamrani, un officier en visite dans l'armée de l'air saoudienne, aurait tué trois Marines et en aurait blessé d'autres avant d'être abattu par les autorités. Barr a déclaré lundi que la fusillade était un « acte de terrorisme » et a déclaré qu'Alshamrani était motivé par l'idéologie djihadiste. Il a précisé que le FBI avait demandé à Apple la semaine dernière d'aider à déverrouiller deux iPhone utilisés par le tireur.

Malgré les pressions du gouvernement, Apple a longtemps soutenu que donner à quiconque les clés des données des utilisateurs ou installer une porte dérobée sur ses téléphones, même en cas de terrorisme ou de violence, allait mettre en danger chaque utilisateur. L'entreprise continue de se tenir à ces principes comme le montre sa déclaration ci-dessous:


Tim Cook, PDG d'Apple

« Nous avons été bouleversés d'apprendre la tragique attaque terroriste perpétrée contre des membres des forces armées américaines à la Naval Air Station de Pensacola, en Floride, le 6 décembre. Nous avons le plus grand respect pour les forces de l'ordre et travaillons régulièrement avec la police à travers le pays sur leurs enquêtes. Lorsque les forces de l'ordre demandent notre assistance, nos équipes travaillent 24 heures sur 24 pour leur fournir les informations dont nous disposons.

« Nous rejetons l'idée selon laquelle Apple n'a pas fourni d'assistance substantielle dans l'enquête Pensacola. Nos réponses à leurs nombreuses demandes depuis l'attaque ont été opportunes, approfondies et continues.

« Quelques heures après la première demande du FBI, le 6 décembre, nous avons produit une grande variété d'informations associées à l'enquête. Du 7 au 14 décembre, nous avons reçu six demandes légales supplémentaires et en réponse, nous avons fourni des informations, notamment des sauvegardes iCloud, des informations de compte et des données transactionnelles pour plusieurs comptes.

« Nous avons répondu à chaque demande rapidement, souvent en quelques heures, en partageant des informations avec les bureaux du FBI à Jacksonville, Pensacola et New York. Les requêtes ont donné lieu à de nombreux gigaoctets d'informations que nous avons remis aux enquêteurs. Dans tous les cas, nous avons répondu avec toutes les informations dont nous disposions.

« Le FBI ne nous a informés que le 6 janvier qu'ils avaient besoin d'une assistance supplémentaire - un mois après l'attaque. Ce n'est qu'alors que nous avons appris l'existence d'un deuxième iPhone associé à l'enquête et l'incapacité du FBI à accéder à l'un ou l'autre iPhone. Ce n'est que le 8 janvier que nous avons reçu une citation à comparaître pour des informations relatives au deuxième iPhone, auxquelles nous avons répondu en quelques heures. La sensibilisation précoce est essentielle pour accéder à l'information et trouver des options supplémentaires.

« Nous continuons de travailler avec le FBI et nos équipes d'ingénierie ont récemment reçu un appel pour fournir une assistance technique supplémentaire. Apple a un grand respect pour le travail du Bureau et nous travaillerons sans relâche pour les aider à enquêter sur cette attaque tragique contre notre pays.

« Nous avons toujours soutenu qu'il n'existe pas de portes dérobées qui seraient utilisées juste par les gentils. Les portes dérobées peuvent également être exploitées par ceux qui menacent notre sécurité nationale et la sécurité des données de nos clients. Aujourd'hui, les forces de l'ordre ont accès à plus de données que jamais auparavant, de sorte que les Américains n'ont pas à choisir entre affaiblir le chiffrement et résoudre les enquêtes. Nous pensons que le chiffrement est essentiel pour protéger notre pays et les données de nos utilisateurs ».


Des similitudes avec San Bernadino

Le différend est un parallèle proche de l'impasse entre Apple et l'administration Obama en 2015 à la suite d'une fusillade de masse à San Bernardino, en Californie. L'attentat de San Bernardino a eu lieu dans une agence de services sociaux et a fait 16 morts, dont les deux tireurs. À ce moment-là, le FBI a demandé à Apple de déverrouiller l'iPhone utilisé par le tireur Syed Rizwan Farook. L'agence a déclaré qu'elle ne pouvait pas accéder au contenu du téléphone, car il était protégé par un mot de passe. Aussi, le FBI a demandé à Apple de créer une variante de son système d'exploitation iOS avec une porte dérobée qui pourrait contourner les fonctions de sécurité de l'iPhone.

Un juge fédéral en Californie a publiquement ordonné à Apple d'aider le FBI, mais Apple a refusé, affirmant que la mesure constituait une menace pour la sécurité de ses clients et aurait des implications bien au-delà de l'affaire en cours.

Le refus de la société a ouvert la voie à un affrontement entre le monde de la technologie et les forces de l'ordre concernant la confidentialité des utilisateurs. Le FBI a poursuivi Apple pour avoir défié l'ordonnance du tribunal, déclenchant des manifestations dans tout le pays en faveur d'Apple.

L'affrontement a pris fin de manière non concluante, cependant, lorsque le FBI a abandonné ses poursuites parce qu'il avait trouvé un moyen de déverrouiller l'iPhone sans l'aide d'Apple. À la question de savoir combien le FBI avait déboursé pour obtenir l'aide d'une tierce partie afin de déchiffrer le contenu de l’iPhone retrouvé après l’attentat, le directeur du FBI a répondu : « beaucoup plus que je ne gagnerai pour les 7 ans et 4 mois qu’il me reste à travailler ». Cette affirmation a permis d’estimer à plus de 1,3 million de dollars la somme versée. Mais la sénatrice Danne Feinstein de Californie, une démocrate de haut niveau du comité sénatorial qui supervise le FBI, a revu ce montant à la baisse : « j’ai été tellement choquée lorsque j’ai reçu la nouvelle des évènements de San Bernardino. Vous avez fait des efforts dans le sens de déchiffrer le contenu de ce téléphone et le FBI a dû débourser la somme de 900 000 dollars ».

Quoi qu'il en soit, à cette période, un chercheur en sécurité a prouvé qu’il était possible de débloquer un iPhone pour moins de cent dollars. Sergei Skorobogatov de l’Université de Cambridge, en Grande-Bretagne, a réussi à contourner le mécanisme de sécurité mis en place par Apple, qui fait que les données sont effacées après dix essais sans succès. Pour faire, le chercheur s’est appuyé sur une technique appelée Nand mirroring ; il a indiqué que toute la manipulation a couté moins de cent dollars, avec un équipement acheté au commerce.

Skorobogatov a détaillé dans un document tout le processus qu’il a suivi pour contourner la limitation, contestant au passage les déclarations du FBI qui avait dit que la technique du NAND mirroring est sans succès face à l’iPhone. Le chercheur est parvenu à créer des copies de la mémoire Flash du téléphone, afin de contourner la limite du nombre d’essais du code PIN. Skorobogatov a travaillé sur un iPhone 5c tournant sous iOS 9.3, il a passé quatre mois pour maitriser la technique du NAND mirroring pour réaliser des copies conformes de la mémoire du smartphone.

La bataille pour l'accès aux données numériques est loin d'être terminée

Melanie Newman, porte-parole du ministère de la Justice, a déclaré au New York Times en 2016 que la bataille pour l'accès aux données numériques n'était pas terminée. « Il reste une priorité pour le gouvernement de veiller à ce que les forces de l'ordre puissent obtenir des informations numériques cruciales pour protéger la sécurité nationale et la sécurité publique, soit avec la coopération des parties concernées, soit par le biais du système judiciaire lorsque la coopération échoue », a-t-elle déclaré.

On ne sait pas ce qui se passera dans l'affaire Pensacola. Apple a contesté l'affirmation de Barr selon laquelle l'entreprise n'a pas aidé, affirmant avoir donné aux autorités des gigaoctets de données comme les sauvegardes iCloud et les informations de paiement. Cependant, concernant le chiffrement, elle a clairement fait savoir qu'il n'y aurait pas de compromis.

L'Union américaine des libertés civiles s'est ralliée à Apple, affirmant que si l'entreprise venait à rompre sa politique sur le chiffrement pour répondre au gouvernement américain, cela pourrait bénéficier aux acteurs malveillants : « Il n'y a tout simplement aucun moyen pour Apple, ou toute autre société, de fournir au FBI un accès aux communications chiffrées sans le fournir également à des gouvernements étrangers autoritaires et affaiblir nos défenses contre les criminels et les hackers », a déclaré dans un communiqué Jennifer Granick, porte-parole de l'ACLU sur les questions de cybersécurité.

« Nous ne voulons pas entrer dans un monde où nous devons consacrer des mois et même des années à des efforts épuisants lorsque la vie est en jeu », a déclaré Barr lundi. « Nous devrions pouvoir accéder aux données lorsque nous disposons d'un mandat établissant que des activités criminelles sont en cours ».

Source : New York Times (1, 2)

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  Discussion forum
21 commentaires
  • micka132
    Expert confirmé
    Envoyé par MRSizok
    Si vraiment le FBI a besoin de ce qu'il y a dans l'Iphone. Il font appel à un consultant. C'est pas parce que Appel veulent pas que ce n'est pas possible. Ils font un Pwn2Own comme Tesla et demain c'est réglé...
    Je pense surtout que c'est du cinéma. Ils font tous semblant de pas pouvoir, comme ca on peut rendormir les 2/3 qui avaient levé le doigt à la suite des révélations de Snowden.
  • Chuck 3.50
    Membre confirmé
    Envoyé par xXxNeWgEnErAtIoN
    Bah d'un point de vue marketing ça se tient, quand on fait de la pub sur la sécurité c'est pas pour ensuite ouvrir les données au premier venu aussi sérieux ou digne de confiance soit-il.

    Après d'un point de vue moral c'est discutable, mais bon c'est pas comme si ces compagnies en avaient.

    les gentils d'aujourd'hui peuvent être les méchants de demain, les méchants d'aujourd'hui les gentils de demain ...
  • L33tige
    Membre expérimenté
    Envoyé par xXxNeWgEnErAtIoN
    Donc tu fais confiance à personne à ce moment là et tu fais rien tu donnes jamais ton avis et tu ne vis plus.

    Je voudrais juste rappeler que la seconde guerre mondiale est finie depuis plus de 70 ans. En suivant cette logique faudrait se méfier des romains qui ont envahit les 3/4 de l'Europe. Ah mince l'empire romain n'existe plus !
    C'est également possible d'avoir un juste milieu, ya des raisons pour ne pas faire confiance au FBI...
  • Ryu2000
    Membre extrêmement actif
    Envoyé par gabriel21
    Apple finira par se faire condamner pour support du terrorisme et du grand banditisme et se faire interdire.
    Ben non... Le gouvernement US veut que la société Apple se porte bien. Si les consommateurs n'achètent pas de téléphone Apple ils vont acheter des téléphones chinois.
    Apple rapporte un peu à l'état US :
    Apple va payer 38 milliards de dollars d’impôt aux Etats-Unis sur ses bénéfices à l’étranger

    Cette histoire n'est probablement qu'un coup de PUB, on nous fait croire que les GAFAM ne sont pas obligé de collaborer avec le gouvernement US...
    À une époque Yahoo avait refusé de collaborer avec les services de renseignements US et il a eu des problèmes. Au final il a fini par collaborer comme les autres.
    On essaie de nous faire oublier les révélations de Snowden.
  • L33tige
    Membre expérimenté
    Envoyé par Jiji66
    A la différence des discours politiques, le juste milieu n'existe pas dans en ce domaine. Ou le système est sécurisé ou il ne l'est pas.
    Rien à voir, j'ai parlé de juste milieu dans le fait de faire confiance ou non au FBI, j'ai aucunement parlé de sécurité.
  • Envoyé par Jiji66
    A la différence des discours politiques, le juste milieu n'existe pas dans en ce domaine. Ou le système est sécurisé ou il ne l'est pas.
    Pas tout à fait, dans ce domaine, un système "sécurisé", ça ne veut rien dire. Ce n'est pas parce qu'on installe une porte blindée que l'entrée est sécurisée, la sécurité est juste suffisante, dissuasive, ou difficilement contournable ou praticable. Les algos de sécurité utilisés actuellement ne sont pas incassables, mais simplement, c'est irréaliste au regard des outils et connaissances d'aujourd'hui.
  • Ryu2000
    Membre extrêmement actif
    Envoyé par Stéphane le calme
    L'Union américaine des libertés civiles s'est ralliée à Apple, affirmant que si l'entreprise venait à rompre sa politique sur le chiffrement pour répondre au gouvernement américain, cela pourrait bénéficier aux acteurs malveillants : « Il n'y a tout simplement aucun moyen pour Apple, ou toute autre société, de fournir au FBI un accès aux communications chiffrées sans le fournir également à des gouvernements étrangers autoritaires et affaiblir nos défenses contre les criminels et les hackers », a déclaré dans un communiqué Jennifer Granick, porte-parole de l'ACLU sur les questions de cybersécurité.
    Apparemment si une entreprise accepte de collaborer avec le FBI elle est obligé de collaborer avec tous les services de renseignements du monde.
    Peut-être que le FBI utilise des failles pour avoir accès aux données (il suffit de demander à la NSA), peut-être qu'Apple collabore en secret avec le FBI.

    Envoyé par Stéphane le calme
    On ne sait pas ce qui se passera dans l'affaire Pensacola. Apple a contesté l'affirmation de Barr selon laquelle l'entreprise n'a pas aidé, affirmant avoir donné aux autorités des gigaoctets de données comme les sauvegardes iCloud et les informations de paiement. Cependant, concernant le chiffrement, elle a clairement fait savoir qu'il n'y aurait pas de compromis.
    Les sauvegardes iCloud ça me fait penser au fappening : Fuite des photos de personnalités d'août 2014.
    Depuis ça doit être plus difficile à faire ce genre de chose.
  • Edrixal
    Membre expérimenté
    Faut être honnête, déverrouiller un Iphone c'est possible. On à déjà eux des articles sur ça et qu'on ne vienne pas me faire croire que depuis Apple à rendu sont téléphone inviolable

    Ce coup de com permet à Apple de conforter ses mou... Ses clients, qu'Apple ce soucis d'eux et de la sécurité de leur donnée (Bon par contre leur cloud est piratable par un ado ), le FBI quant à lui utilisera simplement un outil existant (Nasa ? Société spécialiser dans la récupération de donnée ? Autre ?) et informera dans 2/3 semaines qu'ils ont réussie à pirater le téléphone au prix de 2/3 semaines d'intense effort !

    Ils nous on déjà jouer la musique en 2015.
  • Bah d'un point de vue marketing ça se tient, quand on fait de la pub sur la sécurité c'est pas pour ensuite ouvrir les données au premier venu aussi sérieux ou digne de confiance soit-il.

    Après d'un point de vue moral c'est discutable, mais bon c'est pas comme si ces compagnies en avaient.
  • MRSizok
    Membre averti
    J'ai du mal lire quand je lis le titre. Mais, Apple appliquent ce qu'ils disent. En gros, si un téléphone est verouillé comme une brique. Ils peuvent rien y faire et ça ne changera pas.

    Apple ne veulent pas laisser la possibilité d'outre passer ce système. Un gogol Versus des millards de $ de bénéf et d'image commercial.

    Si vraiment le FBI a besoin de ce qu'il y a dans l'Iphone. Il font appel à un consultant. C'est pas parce que Appel veulent pas que ce n'est pas possible. Ils font un Pwn2Own comme Tesla et demain c'est réglé...