
Selon le rapport, 80 % des employeurs interrogés s'attendent à ce que le nombre de leurs travailleurs étrangers augmente ou reste le même en 2019. Toutefois, selon le sondage d’Envoy – une société qui aide les entreprises américaines dans le processus d’immigration de leurs employés –, augmenter le nombre de travailleurs étrangers signifie pour ces employeurs d’étendre leurs activités au Canada, où la politique d'embauche des ressortissants étrangers est beaucoup moins restrictive. Ces employeurs devraient continuer à embaucher les ressortissants étrangers, car cela fait partie de leur stratégie de recrutement des talents. Selon le rapport, « 95 % des répondants affirment que les ressortissants étrangers sont importants pour la stratégie d'acquisition de talents de leur entreprise. »
Le résultat du sondage correspond, par ailleurs, aux données du gouvernement américain sur l'immigration, qui montrent une augmentation du nombre de demandeurs de visas technologiques hautement qualifiés, connus sous le nom de H-1B, malgré des politiques plus strictes en matière d'immigration de l’administration Trump. Les bénéficiaires du H-1B sont tous soutenus par des entreprises américaines qui disent avoir besoin d'une main-d'œuvre spécialisée – incluant beaucoup de travailleurs techniques – qui n'est pas facilement disponible aux États-Unis.
D’autres récentes données sur l'immigration montrent que les États-Unis délivrent désormais moins de visas à ces types de travailleurs qu'au cours des années précédentes. Cela résulte de la mise en œuvre de la promesse de Trump « Hire American », qui s’est traduit en 2017 après son élection par un décret exécutif qui révise le processus H-1B.
Selon le rapport 2019 d’Envoy, 47 % des répondants ont déclaré que le processus de demande de visa de leur entreprise est devenu plus difficile. Ce taux est en hausse par rapport aux 44 % qui disaient la même chose dans le rapport de l'an dernier et aux 35 % de l'année précédente. Cela a rendu le processus d'embauche des travailleurs beaucoup plus difficile et plus coûteux. Environ 60 % des demandes ont nécessité des formalités administratives supplémentaires au cours du dernier trimestre de 2018, soit deux fois plus qu'il y a deux ans.
Dans le même temps, 52 % des employeurs ont déclaré avoir constaté une augmentation du taux de demandes de preuves dans leur organisation. Ce pourcentage du sondage corrobore les données publiques qui indiquent que le pourcentage de RFE (Demandes de preuves) émises pour les dossiers H-1B a bondi à 60 % au quatrième trimestre de 2018, ce qui représente une augmentation importante par rapport aux 46 % du quatrième trimestre de 2017 et aux 28 % du quatrième trimestre de 2016.
Dans la plupart des cas, les entreprises américaines embauchent de la main-d'œuvre technique internationale parce qu'il n'y a pas assez d'Américains qualifiés pour faire ce travail. En effet, le nombre d'offres d'emploi dans les STEM (science, technology, engineering, and mathematics) dépasse le nombre de chômeurs dans le secteur, selon un rapport de la New American Economy, une coalition d'entreprises bipartisane lancée par Michael Bloomberg et Rupert Murdoch.
Les grandes entreprises de technologie américaines, dont Google, Facebook et Amazon, ont fait du lobby en matière d’immigration afin d’obtenir des processus d’immigration plus rapides et plus généreux pour les travailleurs hautement qualifiés.
A titre d’exemple, CompeteAmerica, une coalition d'employeurs pro-immigration y compris Amazon, Google et Microsoft, a écrit à Homeland Security l'automne dernier pour dénoncer les politiques d'immigration de Trump. Business Roundtable, une autre association de PDG américains de premier plan qui comprend Jeff Bezos d'Amazon, Tim Cook d'Apple et Ginni Rometty d'IBM, a exprimé un sentiment similaire dans une lettre à Homeland Security l'an dernier. Mais, ces efforts n'ont pas donné grand-chose jusqu'à présent.
Des talents étrangers perdus par les Etats-Unis au profit du Canada
Pour maintenir leur stratégie d’acquisition de talents en technologie, les entreprises américaines embauchent à l'extérieur des États-Unis, le Canada étant un choix commun, au lieu d’attendre que le resserrement politique de Trump change à un moment donné, selon le rapport 2019 sur l’immigration.
63 % des employeurs interrogés dans le cadre de l'étude d’Envoy augmentent leur présence au Canada, soit en y envoyant plus de travailleurs, soit en y embauchant des ressortissants étrangers, selon le rapport de sondage. Plus de la moitié d'entre eux ont cumulé les deux possibilités. 65 % des professionnels américains ont également déclaré que les politiques d'immigration du Canada sont plus favorables aux employeurs américains que les politiques américaines. Par ailleurs, sur les 400 représentants des entreprises américaines interrogés, 38 % envisagent de s'établir au Canada, tandis que 28 % y ont déjà au moins un bureau.
Le Canada est devenu un choix plus évident pour les ressortissants étrangers en premier lieu en raison de sa politique d’immigration beaucoup plus favorable aux travailleurs étrangers. En effet, le pays a fait face à des pénuries de main-d'œuvre de haute technologie semblables à celles des États-Unis par le passé, mais le pays a su réagir en accueillant les immigrants à bras relativement ouverts. Son ministre de l'Immigration a annoncé l'an dernier que le Canada augmenterait de 40 000 le nombre d'immigrants qu'il accepte chaque année, pour atteindre un total de 350 000 en 2021.
Son programme Stratégie globale des compétences – l'équivalent canadien du H-1B – accélère le processus d'immigration des travailleurs hautement qualifiés à seulement deux semaines ou moins. L'an dernier, le programme a attiré plus de 12 000 travailleurs, ce qui a permis d'approuver 95 % des demandes. Un quart d'entre eux venaient de l'Inde et un autre quart des États-Unis.
C’est le cas de Kollol Das, ancien ingénieur en électronique et fondateur d'une jeune entreprise de jeux vidéo en Inde qui se spécialise maintenant dans l'apprentissage automatique. Das s'est vu offrir deux opportunités d’emplois techniques hautement spécialisés l'automne dernier, l'un à New York et l'autre à Toronto. Son choix a été porté sur le Canada. En effet, le processus H-1B aux États-Unis aurait pu prendre six mois ou plus, alors que tout le processus au Canada, de l'offre d'emploi au déménagement à Toronto, lui a pris moins de deux mois, avec environ une semaine consacrée à l’obtention du visa.
Les politiques canadiennes qui attirent des talents étrangers ont été une aubaine pour les entreprises canadiennes de technologie, selon le rapport. Yung Wu, PDG de MaRS Discovery District, un centre d'innovation technologique basé à Toronto qui compte 1 300 entreprises, a déclaré n’avoir jamais vu un exode de talents aussi important vers le Canada. « C'est la première fois de ma carrière que je vois un gain de cerveaux. », a-t-il dit.
En conséquence, les sociétés MaRS ont vu une augmentation de plus de 100 % des emplois créés en 2017 par rapport à 2016 et une augmentation de près de 200 % des revenus, pour des ventes cumulées de 3,1 milliards de dollars. « Il y a une corrélation très forte entre le talent et l'innovation », a dit M. Wu.
Il n'est donc peut-être pas surprenant que le Canada soit devenu un important centre technologique. Toronto s'est classée au 4e rang l'an dernier sur la liste des talents technologiques de CBRE, juste derrière San Francisco, Seattle et Washington, DC, en tant qu'emplacement de choix pour les travailleurs de la technologie. Elle a également créé plus de nouveaux emplois que ces trois premières villes réunies. Ottawa, une autre ville canadienne, a également connu une croissance importante.
« Les immigrants créent des emplois ; ils n'enlèvent pas d'emplois », a dit M. Wu. « La perte de l'Amérique en ce moment est le gain du Canada. »
Source : Sondage Envoy
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