Il y a quelques jours, nous vous informions que l’UE s’apprêtait à infliger encore une fois une amende record à l’encontre de Google conformément aux règles de concurrence en vigueur en Europe. C’est désormais chose faite, le géant de la recherche a été condamné à payer 1,49 milliard d’euros en raison de ses restrictions sur AdSense, la régie publicitaire qui détient 80 % du marché européen de l’intermédiation publicitaire en ligne.
Il s’agit de la troisième sanction majeure que Google a encourue en Europe en deux années. Le moteur de recherche est accusé d’abus de position dominante dans le marché très lucratif de la publicité en ligne. La commissaire européenne de concurrence Margrethe Vestager a informé ce matin que la firme a contraint les clients de son activité AdSense à refuser la publicité des concurrents de Google, une pratique qui s’est étalée sur plus de 10 ans.
« Google a consolidé sa position dominante dans les annonces de recherche en ligne et s'est protégé de la pression concurrentielle en imposant des restrictions contractuelles anticoncurrentielles aux sites Web tiers. C'est illégal en vertu des règles antitrust de l'UE. L'inconduite a duré plus de dix ans et a privé d'autres entreprises de la possibilité de rivaliser sur le fond et d'innover - et les consommateurs des avantages de la concurrence » a dit la commissaire européenne.
AdSense est la régie publicitaire de Google utilisant les sites web ou les vidéos YouTube comme support pour ses annonces. Pour qu'un webmaster devienne partenaire d'AdSense et génère des revenus publicitaires pour son propre compte, il doit publier du contenu sur son propre site et y faire figurer le code Adsense fourni par Google.
La débauche de Google concerne l’interdiction aux éditeurs de placer des moteurs de recherche concurrents sur leurs sites web. Pire encore, les éditeurs devaient demander l’autorisation écrite de Google avant d'entrer tout changement concernant l’affichage de publicités rivales.
AdSense a toujours imposé des règles draconiennes aux éditeurs, par exemple en 2006 avec l’interdiction d’inclure un moteur de recherche rival auprès de Google. En 2009, Google a légèrement modifié cette règle en permettant d’inclure un moteur de recherche concurrent à condition que son moteur soit plus mis en avant, de sorte à contrôler les meilleurs emplacements pour la publicité. Enfin, en 2016, Google a retiré complètement retiré ces conditions, en même temps, l’UE a commencé à enquêter sur les pratiques anticoncurrentielles de Google.
Alphabet, la société mère de Google, a réalisé 30,7 milliards de $ grâce à la publicité en ligne en 2018. Mais au fil des années, la part des gains que représentait AdSense n’a cessé de diminuer, représentant moins de 20 % des résultats de la société en 2015, c’est ce qui explique peut-être le choix de Google de réduire les termes imposés.
L’année dernière, l’UE a infligé une amende record de 4,3 milliards d’euros à Google en raison de l’exploitation d’Android pour conforter sa domination du marché de la recherche au détriment de la concurrence. Une année auparavant, Google a été contraint de verser 2,4 milliards d’euros pour avoir désavantagé ses concurrents, notamment les comparateurs de prix, dans ses résultats de recherche.
Avec cette nouvelle sanction, la facture antitrust totale de Google s'élève désormais à 8,2 milliards d'euros. La nouvelle amende étant inférieure aux deux précédentes, cela s’explique par le fait que Google a travaillé activement avec la Commission européenne pour modifier sa politique AdSense après que l’UE s’est mêlée à la question. Cette dernière amende met fin à une enquête qui a duré 3 ans sur AdSense, il reste à savoir si Google va faire appel de cette décision comme pour les deux premières sanctions.
Vestager a noté que les sanctions de l’UE à l’encontre de Google ont poussé l’entreprise à réagir. La commissaire européenne est revenue sur la manipulation des résultats de recherche. En effet, Google cherche désormais à promouvoir ses rivaux pour se conformer à la loi antitrust de l'UE. Selon Vestager, les changements opérés par Google ont augmenté la visibilité de la concurrence de 6 % à 40 % dans les résultats de recherche.
Dans la même lignée, Google va commencer à laisser aux utilisateurs la liberté de choisir quels navigateur et moteur de recherche utiliser sur leurs smartphones, une sorte de ballot screen qui permettrait de promouvoir le libre choix des utilisateurs selon Vestager.
Ce mercredi, Vestager a apprécié que Google intensifie ses efforts avec le système Android et a informé que la Commission européenne suivrait de près l'évolution de ce choix amélioré. La commissaire européenne a noté aussi qu’elle va garder un œil sur d’autres aspects du business du Google, notamment concernant le marché de recherche des emplois et les annonces locales.
Source : reuters
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Le , par Coriolan
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