La Chine est reconnue comme étant un Etat de surveillance de masse à grande échelle, cela n’est plus à prouver. Du déploiement des drones de surveillance semblables à des oiseaux dans la région autonome de Xinjiang Uygur pour surveiller les populations musulmanes et les séparatistes habitants cette région, au déploiement des caméras de reconnaissance faciale comme outils de sécurité en passant par le système national de crédit social en phase test mais qui a déjà commencé à punir les citoyens chinois, les outils de surveillance de masse ne se comptent plus en Chine. Mais les dirigeants chinois vont encore plus loin dans le suivi des citoyens. Selon China Media Project, un programme indépendant de recherche, les responsables du parti communiste au pouvoir en Chine exploiteraient également le développement des médias numériques comme moyen de renforcer la domination du parti dans les idées et l'information.
Selon le programme indépendant de recherche, lors de la réunion de début de la saison politique chinoise le 25 janvier dernier, le président Xi Jinping a déclaré aux participants que le parti « doit utiliser les fruits de la révolution de l'information pour promouvoir un développement profond des médias de convergence ». L'objectif étant de « construire l'opinion publique en général » et de « consolider les bases idéologiques communes qui sous-tendent les efforts concertés de l'ensemble du parti et du peuple chinois ».
En effet, China Media Project a rapporté que « Le jour de l'An, de nombreux membres et cadres du parti au pouvoir se sont réjouis du lancement officiel de la « Xi Study Strong Nation », une plateforme faisant autorité et riche en contenu, en particulier pour l'étude théorique ». Selon China Media Project, « Xi Study Strong Nation » traduit la volonté du président Xi de tirer parti des produits des médias numériques pour remodeler tout le processus de contrôle idéologique d'une manière beaucoup plus personnelle et beaucoup plus efficace que tout ce que nous avons vu à l'époque des réformes. Ce système démocratique chinois impliquerait apparemment une surveillance de masse pour exploiter la volonté du peuple.
« Xi Study Strong Nation », outil numérique du CCP pour dominer les idées des membres du parti
Le parti communiste chinois (CCP) a mandaté les membres du parti et les employés des institutions du parti, y compris les écoles et les médias pour télécharger la nouvelle application pour smartphone qui fournit une bibliothèque d'articles et de vidéos contenant les enseignements du président chinois Xi Jinping. Selon China Media Project, une fois l’application mobile installée sur le téléphone de ces derniers, le CCP peut affirmer son autorité idéologique et intellectuelle sur eux.
En plus de faire parvenir directement les messages du parti aux militants, comme le font déjà les journaux du parti et les médias contrôlés par l'État depuis des décennies, l’installation de l'application constitue une forme de contrat par lequel les utilisateurs peuvent gagner des « Xi Study Points ». En effet, la plateforme, conçue par le Centre de recherche sur la propagande et l'opinion publique du Département central de la propagande du parti, permet aux utilisateurs d'accumuler des points sur la base de l'utilisation habituelle de l’application mobile, de la lecture et la visualisation du contenu à l'affichage des commentaires et autres formes d'engagement.
Selon China Media Project, l’application a été largement promue par les gouvernements locaux, les ministères et les départements à travers la Chine. Certaines unités de travail auraient même ordonné à leurs employés d'atteindre des niveaux de points spécifiques, avec des mesures disciplinaires à imposer à ceux qui ne se conformeraient pas aux exigences.
Les groupes du parti et du gouvernement devraient instituer des périodes de formation de groupe obligatoires à l’aide de l’application. Selon un post WeChat du district de Songhan, rapporté par China Media Project, les bureaux et départements à tous les niveaux du district auraient été chargés de mettre pleinement en œuvre les mécanismes d'étude avant le 27 janvier, de sorte que « tous les membres du CCP sous la juridiction du district téléchargent l'application « Xi Study Strong Nation » et aillent en ligne pour prendre part aux formations, assurant la pleine adoption de la plateforme de travail « Xi Study Strong Nation » dans le district. »
L'application suit également le temps que chaque membre du groupe consacre à chaque activité liée à Xi, de sorte que plus de temps passé sur la plateforme est récompensé par des points. Selon China Media Project, la lecture d'un article rapporterait 0,1 point ; regarder une seule vidéo rapporterait 0,1 point et 30 minutes complètes de lecture d'articles ou de visionnage de contenu vidéo rapporteraient 1 point. Pour gagner plus de points, l'application définit plusieurs périodes d'activité au cours desquelles les utilisateurs qui s'engagent sur la plateforme peuvent gagner le double de points – 0,2 pour chaque article ou vidéo, 2 points pour 30 minutes complètes d'utilisation, etc. Ces périodes d’activités ont lieu du lundi au vendredi de 20 h 30 à 22 h et les samedis et dimanches de 9 h 30 à 10 h 30 et de 15 h 30 à 16 h 30.
Selon un article sur le service de médias sociaux Douban en Chine, les enseignants d'une école d'une ville auraient reçu l’ordre de gagner 40 points Xi Study par jour ; considérant qu'un point est accordé pour 30 minutes complètes de lecture d'articles et 0,1 point accordé pour chaque média. Sachant que l'application suit leur interaction, il est difficile de l'utiliser tout en faisant autre chose. Par conséquent, les enseignants sont donc obligés d’utiliser leur peu de temps de repos pour interagir avec Xi Study Strong Nation afin de glaner des points et atteindre l’objectif du jour.
La surveillance généralisée sur les médias sociaux
Toutefois, ce ne sont pas seulement les membres du CCP ou les employés des départements du gouvernement qui sont suivis sur les médias numériques par le parti au pouvoir. En effet, le 22 février dernier, une alerte du China National Computer Emergency Response Team (CNCERT) a averti que 486 serveurs de base de données MongoDB sur environ 25 000 serveurs de ce même type connectés à Internet présentaient des « risques de fuite d'information ». Les chercheurs de la Fondation GDI auraient découvert que certains de ces serveurs MongoDB faisaient partie d'un système de collecte et de traitement de messages et de médias sociaux utilisé par les forces de l'ordre et le personnel de sécurité chinois pour surveiller et enquêter sur les communications des citoyens.
C’est en explorant les données exposées dans ces serveurs vulnérables que les chercheurs ont découvert les composants d'une plateforme de surveillance des médias sociaux à grande échelle. Selon Victor Gevers de la Fondation GDI, l'infrastructure de surveillance, composée d'un grand nombre de serveurs MongoDB synchronisés, recueillerait apparemment des profils de médias sociaux et des messages instantanés à partir de six plateformes différentes segmentées par province. Cette infrastructure comprendrait environ 364 millions de profils ainsi que leurs messages de clavardage privés et leurs transferts de fichiers quotidiens, d’après Gevers.
Selon les chercheurs, les bases de données exposées ont révélé non seulement la collecte des données des comptes de médias sociaux sur des services tels que les plateformes QQ et WeChat de TenCent, WangWang du groupe Alibaba, et la plateforme vidéo et de streaming YY, mais aussi le flux de travail derrière la collecte. « Ces comptes sont liés à une véritable identité/personne », a écrit Gevers dans un tweet. « Les données sont ensuite distribuées dans les commissariats de police par ville/province pour séparer les bases de données des opérateurs avec le même nom de réseau de surveillance. », a-t-il ajouté. Ensuite, les agents des forces de l'ordre de chaque province mèneraient des investigations manuellement sur les différents messages et profils.
Source : China Media Project, CNCERT
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Le , par Stan Adkens
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