L'an dernier, Google a déclaré avoir abandonné son projet de lancer son moteur de recherche censuré, baptisé Dragonfly, en Chine. La société a déclaré qu'elle avait effectivement mis fin au projet et le PDG Sundar Pichai avait assuré au Congrès américain en décembre dernier qu'il n'y avait aucun projet de sortie du logiciel. Mais selon The Intercept, il semble qu'un groupe d'employés de la société n'étant pas convaincu a enquêté pour savoir ce qu'il en était réellement.
Il faut savoir qu'un grand nombre d'employés de Google avait déjà protesté contre le projet de lancement de ce moteur de recherche, conçu pour censurer de larges catégories d’informations liées aux droits de l’homme, à la démocratie, à la religion et aux manifestations pacifiques. S'il avait été mené jusqu'au bout, ce projet aurait offert à la Chine un moteur de recherche bloquant les résultats pour des sujets sensibles. Ces sujets auraient probablement inclus le massacre du Xinjiang, du Tibet et de la place Tiananmen, sur la base de ce qui est déjà censuré pour les moteurs de recherche existants en Chine.
Ce groupe d'employés a donc surveillé de près les systèmes internes de l'entreprise pour obtenir des informations sur le projet et a diffusé ses conclusions sur une liste de messagerie interne. Ils ont repéré environ 500 modifications apportées au code relatif à Dragonfly en décembre dernier, 400 autres modifications ont été apportées au code entre janvier et février de cette année, indiquant aux employés que le projet était toujours en cours. Ils ont également examiné les plans de budgétisation de l'entreprise et ont constaté qu'environ 100 travailleurs étaient encore regroupés dans le budget associé au projet Dragonfly.
Répondant aux dernières allégations, un porte-parole de Google a déclaré : « Cette spéculation est totalement inexacte. Comme nous le disons depuis plusieurs mois, nous n’avons pas l’intention de lancer ce moteur de recherche et aucun travail n’est entrepris pour un tel projet. Les membres de l'équipe ont migré vers de nouveaux projets. »
The Intercept révèle également qu'en raison du manque de transparence au niveau de la gestion de l'entreprise, Google a vu partir plusieurs de ses employés qualifiés. Colin McMillen, ingénieur logiciel chez Google pendant neuf ans, a quitté l'entreprise en début du mois de février de cette année et a déclaré qu'il était inquiet par rapport au projet Dragonfly, mais aussi par rapport à d'autres décisions éthiquement douteuses comme les indemnités de départ de plusieurs millions de dollars versées par Google aux cadres accusés de harcèlement sexuel.
Anna Bacciarelli, une chercheuse en technologie à Amnesty International, a demandé à Google de confirmer publiquement qu'elle avait abandonné ce projet pour toujours et pas seulement pour le moment. D'après elle, s'il s'avère exact que Google continue de travailler sur ce projet, ce serait non seulement un manquement à ses obligations en matière de droits de l’homme, mais ce serait aussi faire preuve indifférence suite aux appels à l'abandon de ce projet venant de plusieurs de ses employés ainsi que de plusieurs organismes à travers le monde.
Source : The Intercept
Et vous ?
Que pensez-vous de ce moteur de recherche censuré ?
Quelles peuvent être les conséquences de son lancement ?
Voir aussi :
Google utiliserait un site chinois qu'il a acheté pour développer une liste noire des termes de recherche qui sera incorporée dans la version locale
Chine : Google propose un prototype de son moteur de recherche qui lie les utilisateurs à leurs numéros de téléphone
Version censurée de Google Search en Chine : la firme ordonne la suppression d'un mémo qui confirme des détails explosifs
Google travaillerait toujours sur son moteur de recherche censuré pour la Chine selon des employés
Mais l'entreprise nie tout en bloc
Google travaillerait toujours sur son moteur de recherche censuré pour la Chine selon des employés
Mais l'entreprise nie tout en bloc
Le , par Jonathan
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !