N’ayant pas eu de plans immédiats pour commercialiser le système, Waymo a continué à multiplier les tests, notamment au Nevada où Google a fait pression pour que deux projets permettent à l’État de devenir le premier à permettre aux véhicules sans conducteur de rouler sur la voie publique. D’ailleurs la première licence aux États-Unis pour une voiture autonome a été livrée à Google par le Nevada Department of Motor Vehicles (DMV). Plus tard, d’autres États américains vont autoriser les tests de voiture autonome sur leur territoire.
Des voitures autonomes de Waymo
Mais c’est en Arizona où le projet de Waymo fait face à de plus en plus de résistance. Durant les deux dernières années, ce sont près de 24 attaques qui ont été menées contre des voitures sans conducteur à Chandler, une ville près de Phoenix où Waymo a mené des tests depuis 2017. Très tôt, les habitants ont pu voir une projection du futur avec des voitures pilotées par intelligence artificielle qui sillonnent les voies publiques. Aussitôt, les habitants de la ville ont commencé à se plaindre auprès des responsables, inquiétés pour leur sécurité, mais aussi par de possibles pertes d’emploi dans le futur.
D’autres ont eu une réaction plus agressive. Ainsi, des véhicules ont été attaqués à coup de pierre. D’autres ont essayé de pousser les véhicules hors de route, à hurler à l’encontre des voitures pour les chasser, et un homme s’est même arrêté près d’une voiture autonome et a menacé l’employé de Waymo avec un tube en PVC. Dans un autre fait plus horrifique, un homme a pointé une arme à feu sur une voiture Waymo et le conducteur d’urgence derrière le volant. Plus tard, il a informé la police qu’il méprise les voitures sans conducteur, en faisant référence à la femme tuée en mars 2017 par une voiture autonome d’Uber, un accident qui a contraint la société à suspendre ses tests de voiture autonome dans plusieurs États américains.
« Il y a d’autres endroits où ils peuvent faire des tests, » a dit Erik O’Polka, un homme de 37 ans qui a reçu un avertissement de la police en novembre après avoir tenté d’évincer à plusieurs reprises des voitures de Waymo hors de route. Une fois, il a forcé l’une des voitures à faire un arrêt brusque après avoir tenté d’y foncer avec sa Jeep Wrangler.
Erik O’polka n’est pas le seul à abhorrer ces voitures. Sa femme Elizabeth a admis dans une interview qu’elle « aurait déjà forcé ces voitures à s’arrêter », pour qu’elle puisse les chasser de son quartier. Le couple a informé que leurs soucis ont commencé lorsque leur fils de 10 ans a failli être heurté par l’un de ces véhicules dans une impasse.
Un véhicule de Waymo suivi par une voiture de police lors de ses premiers tests en Arizona
Une vague de résistance qui est appelée à s’amplifier
En raison des implications colossales que devrait avoir la voiture autonome sur la société américaine, quelques observateurs s’attendent à une vague de résistance similaire plus large au fur et à mesure que l’Amérique adopte cette technologie. Actuellement, le débat tourne autour de la question de l’emploi et la perte de contrôle vis-à-vis de véhicules autonomes.
« Les gens blâment à juste titre, » a dit Douglas Rushkoff, un théoricien des communications à New York et auteur du livre “Throwing Rocks at the Google Bus”. Il a comparé les voitures sans conducteur à l’incarnation robotique des individus sans scrupules qui refusent de rejoindre les grèves ou prennent la place de ceux qui manifestent.
Le mois dernier, Google a lancé le service commercial Waymo One dans la ville et banlieue de Phoenix, une première mondiale même si un conducteur reste toujours présent en cas de souci. Google n'est pas seul sur le projet de développement de voiture autonome : Tesla Motors, BMW AG, Mercedes-Benz, Honda Motor Co., Volkswagen AG et Ford Motor Co.… En tout, onze entreprises ont des autorisations de test aux États-Unis fin 2015. Même Apple aurait un tel projet.
« Il y a de plus en plus un sentiment que les firmes géantes qui perfectionnent les technologies de voiture autonome n’ont pas à cœur nos meilleurs intérêts, » a dit M. Rushkoff. « Juste pensez à ces gens dans ces véhicules, ils sont en train d’entrainer l’intelligence artificielle à les remplacer. »
Bien que ses véhicules ont été attaqués, Waymo a préféré ne pas poursuivre les assaillants en justice. La police a informé que la société a souvent refusé de fournir des vidéos illustrant les attaques. C’est d’ailleurs le cas lorsqu’un employé de Waymo a informé la police qu’ils avaient besoin d’un mandat pour obtenir une vidéo enregistrée par l’une des voitures autonomes. Selon un rapport de police, Waymo a refusé de mener une action en justice par crainte de voir ses tests affectés par les attaques et la mauvaise publicité.
Dans un communiqué, une porte-parole de Waymo a informé que les attaques ont concerné seulement une partie minime des 40 000 km parcourus par les voitures de la société chaque jour en Arizona.
« La sécurité est au centre de ce que nous faisons, cela veut dure qu’assurer la sécurité de nos conducteurs, nos passagers et le public est notre priorité, » a dit Alexis Georgeson, la porte-parole de Waymo. « Lors des deux dernières années, nous nous sommes rendu compte que les habitants de l’Arizona sont accueillants et ravis par le potentiel de la technologie de rendre nos routes plus sûres. »
Georgeson a nié que la société a refusé de mener des poursuites judiciaires de peur d’attirer une mauvaise publicité, et a informé qu’elle prend la sécurité de ses conducteurs d’urgence au sérieux.
Des habitants de plus en plus gênés par les voitures sans conducteur
Les véhicules sans conducteur devraient sûrement affecter le marché de l’emploi, mais pour le moment, les habitants sont plus préoccupés par la sécurité et le comportement de ces véhicules sur la route. Un internaute a informé que les voitures de Waymo sont loin d’être parfaites. Dans les quartiers de Chandler où la société mène ses tests, les voitures propulsées par l’IA sont jugées comme étant « juste terribles ».
« Elles [voitures] sont extrêmement hésitantes, et pour cette raison, elles provoquent des bouchons de circulation et des retards dans des endroits où il y a un manque e sécurité », a écrit un internaute. « Il faudrait espérer ne pas être derrière l'une de ces voitures lorsqu'elles tournent à gauche dans une rue très fréquentée, parce que vous allez probablement attendre un certain temps. Apparemment, elles s'arrêtent dans des situations aléatoires où les conducteurs humains ne s'arrêtent jamais, comme un cycliste qui se tient loin du bord de la route (parlant à quelqu'un) avec son vélo pointé vers la circulation. »
Un autre internaute qui habite à Chandler a connu la même expérience. Il raconte que récemment, il a conduit sa voiture derrière l’un de ces véhicules. Dans moins d’un kilomètre, la voiture de Waymo a réussi à faire 3 erreurs. Il apparait qu’à chaque fois que la voiture de Waymo fait face à un problème, sa décision par défaut est de juste s’arrêter (littéralement) jusqu'à ce que l'ambiguïté soit résolue, a écrit l’internaute.
« Je comprends que Waymo agit prudemment. Mais, on a vraiment l’impression que la technologie a encore du chemin à parcourir. Les gens à Chandler sont furieux parce que cette flotte de voitures constitue une énorme nuisance, et est en fait moins sûre pour les conducteurs humains qui partagent la route. Je n'ai aucun doute que les véhicules autonomes seront un jour plus sûrs que les conducteurs humains, mais ce jour n'est certainement pas aujourd'hui. »
Source : The New York Times
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