La taille des entreprises pose parfois un sérieux problème lorsqu’elle est très importante. En effet, certaines peuvent alors manipuler le marché pour peser de tout leur poids et laisser peu de chance pour une concurrence loyale.
Cette situation a fait que des entités, comme l’UE, ont envisagé le démantèlement de certaines d’entre elles si elles continuent d’abuser de leur position dominante. Cette possibilité de démanteler Google, c’est Margrethe Vestager qui l’a évoquée au journal britannique The Telegraph en mars. Une déclaration qui est survenue après que le géant de la recherche a été condamné à payer une amende record de 2,42 milliards d’euros pour abus de position dominante sur le marché des moteurs de recherche. La Commission européenne reproche à Google d’avoir systématiquement favorisé son propre service de comparaison de prix et rétrogradé ceux de ses concurrents.
Si Google a fait appel de la décision, la firme continue de faire face à d’autres contentieux, notamment en ce qui concerne son service de publicité en ligne (AdSense) et la dominance d’Android sur le marché du mobile. Selon Vestager, au vu de ces dossiers, l’option de scinder Google reste valable et pourrait se voir appliquée.
« Je pense qu’il est important de garder cette question ouverte et marquée sur l’agenda » répond-elle à la question de savoir si la seule solution à cette dominance est de démanteler la société.
« Nous ne sommes pas encore arrivés là, mais il est important de garder un œil ouvert. » Elle a aussi prévenu que le moteur de la recherche pourrait devenir si géant, qu’il deviendrait indispensable pour les entreprises et l’économie. Mais n’est-il pas le cas aujourd’hui avec ses 91,5 % de parts de marché ? ».
Un avis partagé par certains comme Tim Berners-Lee
Le père du World Wide Web a estimé que les géants de la technologie de la Silicon Valley tels que Facebook et Google sont devenus tellement dominants qu’ils ont peut-être besoin d’être démantelés, à moins que des challengers ou des changements de goût ne réduisent leur influence.
La révolution numérique a donné naissance à une poignée de sociétés de technologie basées aux États-Unis depuis les années 1990, qui disposent désormais d’un pouvoir financier et culturel combiné supérieur à celui de la plupart des États souverains.
Tim Berners-Lee s'est dit déçu de l'état actuel de l'internet, à la suite des scandales sur l'utilisation abusive de données personnelles et l'utilisation des médias sociaux pour diffuser la haine.
« Ce qui se produit naturellement, c’est que vous vous retrouvez avec une société qui domine le secteur. À travers l’histoire, il n’y a pas eu d’autre solution que de véritablement intervenir et casser des choses », a déclaré Berners-Lee, 63 ans, lors d’un entretien avec Reuters. « Il y a un danger dans cette concentration ».
Le changement de goût des consommateurs, une alternative envisageable ?
Mais il a également appelé à la prudence, affirmant que la rapidité de l'innovation en termes de technologie et de goûts pourrait finalement réduire certaines des plus grandes entreprises de technologie.
« Il faut se rassurer qu’ils ne sont pas simplement perturbés par un petit acteur qui les élimine du marché, mais bel et bien par le changement du marché, par l'intérêt qui va ailleurs » , a déclaré Berners-Lee.
Apple, Microsoft, Amazon, Google et Facebook ont une capitalisation boursière combinée de 3,7 billions de dollars, soit le produit intérieur brut de l’Allemagne l’année dernière.
2018, une année difficile pour la Silicon Valley
Aujourd'hui professeur au Massachusetts Institute of Technology et à l'Université d'Oxford, Berners-Lee a exprimé sa consternation devant la façon dont le cabinet de conseil Cambridge Analytica a obtenu les données personnelles d'un chercheur sur 87 millions d'utilisateurs de Facebook.
Ce scandale, a-t-il dit, a été un tournant pour beaucoup.
« Je suis déçu de l'état actuel du Web », a-t-il déclaré. « Nous avons perdu le sentiment d’autonomisation individuelle et, dans une certaine mesure, je pense aussi que l’optimisme s’est fissuré.»
Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, s’est excusé après le scandale de Cambridge Analytica et s’est engagé à faire davantage pour protéger les données des utilisateurs.
Selon Berners-Lee, les médias sociaux sont toujours utilisés pour propager la haine.
« Si vous mettez une goutte d’amour sur Twitter, elle semble se désintégrer, mais si vous y mettez une goutte de haine, vous avez l’impression que cela se propage beaucoup plus fortement. Et vous vous demandez: "Eh bien, est-ce à cause de la manière dont Twitter a été construit?"»
En dehors de ce scandale, nous pouvons citer l’affaire de la surestimation de la durée moyenne de visionnage d’annonces vidéo sur Facebook : pendant deux ans, le réseau social n'avait compté que les visionnages de vidéos d'une durée supérieure à trois secondes dans le calcul de sa métrique « durée moyenne de visionnage de vidéos ». Les vues vidéo de moins de trois secondes n’ont donc pas été prises en compte, ce qui a surestimé la durée moyenne d’une vue. Pour corriger ce problème, la société a remplacé la métrique par une autre qui reflète toutes les vues de vidéos, peu importe la durée du visionnage.
Après ces révélations, un groupe de petits annonceurs a engagé une action en justice devant un tribunal fédéral de Californie en 2016, alléguant que la firme de Mark Zuckerberg a eu un comportement déloyal en diffusant des statistiques inexactes qui surestimaient considérablement le temps passé par les utilisateurs à regarder des annonces vidéo. Dans le cadre des procédures judiciaires, les plaignants avaient obtenu quelque 80 000 pages de documents internes de Facebook à examiner. À la suite de l'examen des documents, les annonceurs ont déposé mardi une nouvelle plainte pour fraude contre le géant des réseaux sociaux.
Nous pouvons aussi parler des millions de comptes qui ont été compromis par une attaque qui a permis aux pirates de prendre le contrôle des comptes des utilisateurs.
Source : Reuters
Et vous ?
Partagez-vous l'idée selon laquelle le démantèlement des sociétés numériques pourraient être envisagé afin de rétablir un certain équilibre ?
Pensez-vous que les goûts des consommateurs, ainsi que des consommateurs potentiels, pourraient influencer le marché ou pensez-vous l'inverse ? Pourquoi ?
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Tim Berners-Lee estime à son tour que le démantèlement des sociétés comme Facebook et Google
Devrait être envisagé face à leur ultra-domination
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Le , par Stéphane le calme
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