
Comme autre résultat intéressant, Sandvine indique dans son rapport que le gaming devient un contributeur important dans le volume du trafic, alors que les téléchargements de jeux, le streaming Twitch et le gaming professionnel prennent de l'ampleur. Mais l'un des résultats sur lesquels s'est attardée la société d'équipements réseau est qu'après des années de déclin, l’utilisation de BitTorrent et le piratage sont à nouveau en hausse.
Le premier Global Internet Phenomena Report paru en 2011 a révélé que BitTorrent représentait 52,01 % du trafic upstream (flux montant, pour envoyer les données depuis son ordinateur) sur les réseaux fixes à large bande en Amérique et 59,68 % en Europe. En 2015, la part de ce trafic avait chuté à 26,83 % en Amérique et à 21,08 % en Europe, en grande partie grâce à l’augmentation du nombre d’alternatives au piratage : des services de streaming peu coûteux et de qualité. Mais la tendance s'est inversée légèrement au niveau mondial au cours des dernières années. Le partage de fichiers et BitTorrent reviennent en force ! Et c'est surtout le cas en dehors de l'Amérique, dans la région EMEA (Moyen-Orient, Europe, Afrique), où le partage de fichiers BitTorrent représente désormais 32 % de l’ensemble du trafic réseau upstream.
Notons que BitTorrent est le protocole de partage de fichiers dominant sur Internet et bien qu'il soit souvent utilisé pour distribuer des fichiers "normaux", il reste le premier choix pour ceux qui veulent partager du contenu protégé en ligne.
Selon Sandvine, la hausse de l'utilisation de BitTorrent et du piratage s'explique par une augmentation des services de streaming vidéo avec contrats d’exclusivité, qui obligent les consommateurs à s'abonner à un ou deux parmi une multitude de services de streaming pour avoir accès au contenu qui les intéresse le plus (films et séries préférés) et rechercher les autres sur les sites pirates.
« De plus en plus de sources produisent du contenu exclusif disponible sur un seul service de streaming ou broadcast : pensez à Game of Thrones pour HBO, à House of Cards pour Netflix, à The Handmaid's Tale pour Hulu ou à Jack Ryan pour Amazon », explique Cam Cullen, VP of Global Marketing chez Sandvine. « Pour avoir accès à tous ces services, le coût est très élevé pour un consommateur. Ils doivent donc s'abonner à un ou deux et pirater le reste », a-t-il ajouté dans un billet blog.
Sur la base des conclusions de Sandvine, le problème du piratage devrait donc s'amplifier dans les années à venir, car on voit de plus en plus d'entreprises se lancer dans le streaming. Et pour s'assurer des abonnées, l'une de leurs stratégies consiste à proposer en exclusivité leurs propres contenus ou contenus susceptibles d'être les plus demandés par les consommateurs.
En France, on voit par exemple des fournisseurs d'accès internet ou opérateurs télécom qui ont des chaines exclusives. C'est le cas notamment de SFR qui, fin 2016, a payé le prix fort pour obtenir la distribution exclusive de 4 chaînes Discovery (documentaires) et de trois chaînes de NBCUniversal (13e rue, Syfy, E!), qui depuis plus de 15 ans étaient distribuées par CanalSat du groupe Canal+. Cela a fait naître une bataille, mêlant à la fois groupes audiovisuels et opérateurs télécom, pour offrir des chaines exclusives. Avec cette tendance, ne devrons-nous pas nous attendre à une hausse du piratage en France ?
Sources : Global Internet Phenomena Report, Blog Sandvine
Et vous ?



Voir aussi :




