
Bruxelles attend de voir les résultats
Dans un rapport remis en mars 2018 à Mariya Gabriel, commissaire pour l'économie et la société numériques, le groupe d'experts de haut niveau sur les fausses informations et la désinformation en ligne a proposé de définir le phénomène et formule une série de recommandations.
Ce groupe a été créé pour conseiller la Commission sur la portée du phénomène des fausses informations. Les 39 experts désignés représentent la société civile, les plateformes de médias sociaux, les organes de presse, les journalistes et les universités.
Les experts indépendants ont plaidé en faveur de l'établissement d'un code de principes que les plateformes en ligne et les réseaux sociaux devraient s'engager à respecter. Le rapport s’est surtout porté sur les problèmes liés à la désinformation en ligne, plutôt que sur les «fake news» (fausses informations). Les experts ont délibérément évité d'utiliser l'expression «fake news», qui ne convient pas selon eux pour appréhender les problèmes complexes liés à la désinformation car ce dernier terme désigne également des contenus mélangeant des informations forgées de toutes pièces et des faits.
Par désinformation, le rapport désigne les informations fausses, inexactes ou trompeuses qui sont fabriquées, présentées et diffusées dans un but lucratif ou de manière à causer intentionnellement un préjudice public. Elle peut mettre en péril les processus et les valeurs démocratiques et viser spécifiquement divers secteurs tels que la santé, les sciences, l'éducation et la finance. Le rapport insiste sur la nécessité d'associer toutes les parties concernées à toute action éventuelle et recommande avant tout une approche autorégulatrice.
La commissaire européenne à l’Économie numérique, Mariya Gabriel
Le groupe recommande de promouvoir l'éducation aux médias pour lutter contre la désinformation, de mettre au point des outils qui aideront les utilisateurs et les journalistes à contrer la désinformation, de sauvegarder la diversité et la viabilité des médias d'information européens et de poursuivre la recherche sur l'impact de la désinformation en Europe.
Il préconise en outre un code de principes que les plateformes en ligne et les réseaux sociaux devraient s'engager à respecter. Parmi les 10 principes essentiels mis en exergue dans le rapport, les plateformes en ligne devraient, par exemple, garantir la transparence en expliquant comment les algorithmes sélectionnent les informations présentées. Elles sont également encouragées, en coopération avec les organismes d'information européens, à prendre des mesures efficaces pour accroître la visibilité des informations fiables et crédibles et faciliter l'accès des utilisateurs à ces informations.
Ces mesures revêtent une importance particulière à l'approche d'élections. Pour conclure, le groupe recommande la mise en place d'une coalition entre de multiples acteurs afin d'assurer la mise en œuvre, le suivi et le réexamen régulier des mesures convenues.
Google et Facebook s’engagent à suivre le code de bonnes pratiques contre la désinformation
Facebook, Google et d’autres sociétés du secteur des nouvelles technologies ont accepté de prendre des mesures volontaires pour restreindre la circulation des fausses nouvelles, a annoncé mercredi la Commission européenne.
Les signataires de ce code, diffusé par la Commission européenne à Bruxelles, s'engagent notamment à signaler si un contenu est publicitaire et à adopter une politique claire sur l'utilisation et l'identification des "bots", des robots programmés pour diffuser des messages automatiques. Ils promettent aussi de ne pas accepter de rémunération de la part de comptes et de sites web qui présentent systématiquement des informations fausses, ni d'en faire la promotion.
L’initiative vise à éviter que l’Union européenne n’adopte des règles coercitives pour contrer la propagation des “fake news”.
« Le secteur s’engage dans une vaste gamme d’actions, allant de la transparence dans la publicité politique à la fermeture des faux comptes et à la démonétisation des pourvoyeurs de désinformation, et nous nous en félicitons », a indiqué Mariya Gabriel dans un communiqué.
Outre Facebook et Google, Twitter, Mozilla et plusieurs agences publicitaires ont présenté une série d’autorégulations, a précisé Mariya Gabriel.
Au printemps dernier, la Commission, qui entend éviter toute ingérence extérieure dans les élections européennes du mois de mai prochain, avait mis en demeure les entreprises des secteurs des nouvelles technologies et de la publicité de rédiger un code de bonnes pratiques pour effacer les contenus trompeurs ou illégaux, ou de se préparer à un durcissement des régulations encadrant leurs activités.
Ce code de bonnes pratiques, ajoute la commissaire, européenne, « est une étape importante pour contrer un problème qui est devenu de plus en plus envahissant et menace la confiance des Européens dans les processus et institutions démocratiques ».
« Nous voulons que d’ici juillet, ils s’accordent sur un code de bonnes pratiques pour lutter contre la désinformation », a déclaré la Bulgare, les exhortant à « devenir des acteurs responsables ».
« Nous allons attendre des résultats visibles et mesurables en octobre et ensuite nous nous réservons le droit de décider en décembre de l’opportunité d’avoir des mesures supplémentaires », a-t-elle encore prévenu.
Si l’exécutif européen se contente pour l’instant d’une « communication », c’est-à-dire un document politique sans effet légal, il n’exclut pas de passer à la vitesse supérieure en fin d’année.
« Si les résultats s'avéraient insatisfaisants, la Commission pourrait proposer d'autres actions, y compris des actions de nature réglementaire », a-t-elle ajouté. En clair, Bruxelles se réserve la possibilité de légiférer, alors qu'elle a pour l'instant laissé l'industrie du net s'autoréguler.
Sources : Commission européenne (1 et 2), Reuters
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