Eric Schimdt, ancien PDG de Google et actuel président exécutif d'Alphabet
« Je pense que le scénario le plus probable à l’heure actuelle n’est pas une fragmentation, mais plutôt une bifurcation en un Internet dirigé par la Chine et un Internet non chinois dirigé par l’Amérique », explique Eric Schimdt. Le président d'Alphabet souligne l'ampleur à laquelle se développent les entreprises chinoises de la tech et pense qu'elles pourraient rapidement se positionner au même niveau que les firmes US. « La richesse créée [par les acteurs chinois de la technologie] est phénoménale », dit-il. Avant d'ajouter que la part de l'Internet chinois dans le PIB de la Chine est plus élevée que la part de l'Internet US dans le PIB des États-Unis.
L'ancien PDG de Google pense qu'on ne va pas tarder à voir des produits et services chinois en position de leader. Mais il estime qu'il y a « un réel risque qu’avec ces produits et services vienne une nouvelle gouvernance, avec plus de censure et de contrôle. » Pour Eric Shimdt, la Chine parviendrait à contrôler une partie de l'Internet mondial en tirant parti de la Belt and Road Initiative (BRI), une initiative de Pékin visant à accroître l'influence politique et économique de la Chine en connectant et en facilitant tous les types de commerce, y compris le commerce numérique, entre la Chine et des pays d'Europe, d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Asie.
L'initiative vise à renforcer les liens entre la Chine et quelque 65 autres pays représentant collectivement plus de 30 % du PIB mondial, et plus de 60 % de la population mondiale. Et pour le patron d'Alphabet, quand on regarde la manière dont fonctionne la BRI, « il est tout à fait possible que ces pays commencent à s’investir dans l’infrastructure de la Chine avec une perte de liberté. »
Si une telle prédiction doit se réaliser, cela veut dire que les géants américains de la technologie n'auront pas d'autres choix que de se plier aux exigences de Pékin, s'ils ne veulent pas céder des parts de marché à de nouveaux leaders, quitte à renoncer à certaines de leurs valeurs. Inutile de rappeler par exemple que ces déclarations d'Eric Schimdt viennent au moment où Google est critiqué pour son projet de moteur de recherche censuré en Chine. Un moteur de recherche qui, aux dernières nouvelles, pourrait lier les utilisateurs à leurs numéros de téléphone, pour faciliter la surveillance par le gouvernement chinois des requêtes des internautes. Le moteur de recherche, baptisé Dragonfly, supprimerait également les contenus jugés sensibles par le régime du Parti communiste chinois tels que les informations sur les dissidents politiques, la liberté d’expression, la démocratie, les droits de l’homme et même sur les manifestations pacifiques. Cela ne donnerait-il pas une idée de ce que pourrait être un Internet dirigé par la Chine ?
Source : CNBC
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L'Europe peut-elle avoir son mot à dire sans de véritables champions de l'Internet et de la technologie ?