3000 bacheliers sans affectation, seulement ?
Pour vérifier les affirmations de la ministre, il suffit de se rendre sur le site du ministère où un tableau de bord de « suivi de la phase d'admission Parcoursup » est proposé et qui date du 5 septembre 2018. Quatre catégories se dégagent :
- les candidats ayant accepté une proposition ;
- les candidats inactifs ;
- les candidats qui souhaitent s’inscrire dans l’enseignement supérieur via Parcoursup ;
- les candidats ayant quitté la procédure.
Pour retrouver la trace des 3000 bacheliers cités par Frédérique Vidal, il faut se plonger dans celle des actifs, appelée ainsi car ils ont effectué la démarche volontaire de demander l'appui d'une commission rectorale chargée de leur trouver une place dans une formation. Effectivement, 3674 lycéens sont, à cette date du 5 septembre, dans l'attente d'une affectation dans l'enseignement supérieur. À leur côté figurent 4071 étudiants en réorientation qui sont dans le même cas, portant la population de cette catégorie à 7745.
La catégorie « candidats inactifs » regroupe les candidats qui sont contactés par les équipes de Parcoursup pour identifier leurs souhaits pour la rentrée : ils peuvent demander à être accompagnés par la Commission rectorale ou s’inscrire en phase complémentaire. S’ils ont d’autres projets, ils peuvent quitter la procédure Parcoursup. Ici la population est de 39 513 jeunes, dont 23 756 lycéens et 15 787 étudiants en réorientation qui attendent que des places se libèrent pour pouvoir s'inscrire dans une formation de l'enseignement supérieur
À ce total, il faut encore ajouter les 71 804 jeunes qui ont accepté une proposition d'affectation tout en la mettant en attente, espérant encore grimper sur d'autres listes d'attente où ils sont toujours inscrits. Ce sont au final 119.062 bacheliers ou étudiants en réorientation qui ne savent donc toujours pas où ils étudieront à la rentrée !
Enfin, il y a 181 757 candidats qui ont décidé de quitter la procédure.
Des étudiants disent avoir été acceptés dans des formations fantômes
Ils avaient tout organisé, et tout est tombé à l’eau. Sur les réseaux sociaux, ces derniers jours, plusieurs étudiants ont lancé l’alerte: sur Parcoursup, ils ont été acceptés dans des formations qui finalement n’existent pas. Des témoignages qui ont soulevé une vague d’indignation, sur Twitter. Marine*, 19 ans, fait partie de ces jeunes désabusés. Il y a quelques jours, elle a tweeté «Imagine Parcoursup te propose et t’accepte dans une formation qui n’existe pas. Tu te déplaces à 700 km de chez toi et arrivé à la rentrée on te rembarre parce qu’il y a une ‘erreur de la plateforme’. Merci le système académique, merci ». Un témoignage partagé des milliers de fois sur le réseau social.
Contactée par le Figaro, Marine entre dans les détails. «Je suis originaire de Rouen (Normandie), et j’ai postulé dans des bi-licences histoire de l’art et archéologie -histoire. J’ai eu une proposition à l’université Grenoble Alpes que j’ai très vite acceptée. Puis, j’ai organisé mon déménagement, trouvé mon appartement. J’ai tout payé. Lorsque je suis arrivée pour m’inscrire à la rentrée, mon université m’a dit que la bi-licence que je convoitais n’existait pas, que c’était un bug de Parcoursup», raconte-t-elle sous le choc.
Alors, la jeune femme cherche des solutions. «J’étais dévastée car j’avais tout quitté pour vivre à Grenoble. Je me suis sentie tellement seule, j’étais sidérée. J’ai contacté des responsables de Parcoursup qui m’ont dit que c’était bon, que mon université avait réglé le problème. En réalité, ce n’était pas le cas: l’université m’a proposé de m’inscrire aux deux licences, histoire de l’art et archéologie et histoire, mais pas de faire la bi-licence initialement prévue», relate-t-elle. Ne pouvant pas revenir en arrière, l’étudiante a finalement accepté la proposition faite par son université et suivra les deux licences.
Marine n’est pas la seule à avoir connu cette situation. Damien*, 17 ans, s’est retrouvé dans la même impasse. «J’avais postulé dans plusieurs filières LLCER Allemand, à Reims, dans ma ville, Strasbourg, Metz et Lille. J’ai été accepté à Reims et Strasbourg. J’ai choisi Reims et j’ai cliqué sur le bouton pour m’inscrire. Une fois sur le site de l’université, je me retrouve avec un message d’erreur: ‘la formation demandée n’existe pas’», raconte-t-il. Il décide alors d’appeler l’établissement, afin d’en savoir plus. «J’étais désespéré, je ne comprenais pas. Ils m’ont répondu que la formation était fermée depuis deux ans, et ils n’ont pas su m’expliquer pourquoi elle figurait encore sur Parcoursup et pourquoi j’avais été accepté», relate-t-il.
Finalement, le jeune homme décide de contacter Parcoursup pour que son compte soit réactivé. Car pour accepter cette formation, il avait été obligé de démissionner de tous ses autres voeux. «Ils m’ont réintégré dans le processus. Mais j’ai finalement dû accepter une licence à distance, à Strasbourg, car je n’avais pas eu le temps de chercher d’appartement vu que je pensais rester à Reims, ma ville d’origine», raconte-t-il.
Source : Le Figaro, Parcoursup Indicateurs publics (au format PDF), déclaration de la ministre
Et vous ?
Comment pouvez-vous expliquer cette situation ? Des algorithmes qui gagneraient à être améliorés ou des utilisateurs qui ne s'y prennent pas de la bonne façon ?
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