
quels dangers pour les Américains ?
Amazon, le géant IT américain a, depuis quelques années, consacré de grandes ressources à la reconnaissance faciale. Rekognition, la technologie de reconnaissance faciale d'Amazon est née de ces efforts. L’entreprise avait, à l’époque, entamé un partenariat avec les forces de l’ordre pour que celles-ci puissent se servir de la technologie de reconnaissance faciale dans l’exercice quotidien de leurs fonctions. Amazon avait alors expliqué que sa technologie permettrait de faciliter les enquêtes criminelles en reconnaissant des suspects dans des photos et des vidéos.
Certaines associations ne l’entendaient pas de cette oreille. L’American Civil Liberties Union, une association à but non lucratif de défense des droits numériques, et une kyrielle d’autres organisations du même type ont expressément demandé à Amazon d’arrêter de vendre sa technologie aux forces de l’ordre. Ces associations craignaient que Rekognition, entre les mains du pouvoir en place, ne soit utilisée à des desseins autres que l’identification de vrais criminels.
Cette même technologie qui est en instance d’intégration aux outils des forces de maintien de l’ordre et de la paix, vient de prouver qu’elle n’était peut-être pas aussi fiable qu’on pouvait le penser. En effet, l'ACLU a récemment conduit des tests sur le système de reconnaissance faciale d'Amazon et il s’est avéré que Rekognition a identifié 28 membres du Congrès américain comme étant des criminels. Au nombre de ces 28 congressistes identifiés à tort comme des criminels, il y avait des hommes, des femmes, des Républicains, des Démocrates de différents âges.
L’association a, pour son test, construit une base de données de 25 000 photos de personnes arrêtées. Elle a ensuite lancé une recherche de correspondance entre cette base de données et l’ensemble des membres en exercice du Congrès. Et elle précise que toute la procédure a été exécutée avec les réglages de correspondance qu’Amazon définit par défaut pour Rekognition. A partir du moment où l’identification peut être biaisée, il est aisé d’anticiper les effets de ces éventuelles fausses identifications.
Un policier pourrait, sur la base d’une identification erronée, catégoriser un individu comme armé et dangereux avant même de l’interpeller. Une identification, précise ou non, peut coûter a une personne sa liberté, et même sa vie. Amazon dit de sa technologie qu’elle peut identifier jusqu’à 100 visages sur une seule photo, suivre des gens en temps réel à travers les caméras de surveillance et analyser les enregistrements de cameras. La stratégie de marketing est tellement agressive qu’elle a même convaincu le bureau d’un shérif de l’Oregon de se servir de Rekognition, sans qu’il y ait eu aucun débat public autour de la question.
Dans une lettre à Jeff Bezos, Black Caucus du Congrès a lui-même exprimé son inquiétude à propos des « graves conséquences néfastes inattendues » que Rekognition pourrait avoir pour les Noirs, les immigrants sans papiers et les manifestants. Cette inquiétude se justifie par le fait que 40 % des correspondances erronées lors du test de l’ACLU étaient des personnes de couleur, alors que les personnes de couleur ne représentent que 20 % du Congrès. Les crispations interraciales dues aux maltraitances disproportionnées des personnes de couleur par les pratiques policières sont déjà extrêmement graves. Et, il ne faut pas chercher longtemps pour se rendre compte de comment et combien Rekognition peut encore aggraver la situation. Entre les mains des autorités, cette technologie pourrait mettre en péril des activités protégées par le premier amendement de la Constitution américaine telles que manifester ou pratiquer une religion.
C’est pour toutes ces raisons que des employés et des actionnaires d’Amazon, une coalition de presque 70 associations de défense des libertés civiles, plus de 400 membres de la communauté universitaire et plus de 150 000 citoyens ont élevé leurs voix pour exiger d’Amazon qu’elle arrête de fournir sa technologie de reconnaissance faciale au gouvernement. Ils demandent également au Congrès de prendre les dangers découlant de la reconnaissance faciale au sérieux et d’empêcher cette technologie d’être utilisée jusqu’à ce que les éventuelles conséquences néfastes soient examinées de fond en comble de manière à ne pas pouvoir fragiliser des communautés déjà vulnérables.
Source : ACLU
Et vous ?


Voir aussi





Vous avez lu gratuitement 23 articles depuis plus d'un an.
Soutenez le club developpez.com en souscrivant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.
Soutenez le club developpez.com en souscrivant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.