Depuis sa découverte au XXe siècle, de nombreux historiens et cryptographes se sont évertués, en vain, à déchiffrer le manuscrit de Voynich (qui tire son nom de Wilfrid Michael Voynich, qui l'a découvert en 1912 dans une communauté de jésuites à Frascati, près de Rome).
Le propriétaire officiel le plus ancien de ce manuscrit était un certain Georg Baresch, un alchimiste qui vivait à Prague au XVIIe siècle. D’après des correspondances avec un autre propriétaire, Baresch était perplexe à propos de ce « Sphinx » qui a « pris de la place inutilement dans sa bibliothèque » pendant des années. Il a appris qu'Athanasius Kircher, un savant jésuite issu du collège romain, avait publié un dictionnaire copte (éthiopien) et déchiffrait les hiéroglyphes égyptiens. Aussi, il lui envoya une copie d'une partie du manuscrit à Rome par deux fois, demandant des indices.
Voici un extrait de sa lettre : « […] De tous les dessins de plantes, dont il existe un grand nombre dans le codex, et d'images variées, étoiles et autres portant l'apparition du symbolisme chimique, c'est ma conjecture que tout cela est médical, la branche la plus bénéfique de l'apprentissage pour la race humaine à part le salut des âmes. Cette tâche n'est pas indigne d'une grande intelligence. Après tout, cette chose ne peut pas être pour les masses, ce qui explique les précautions que l'auteur a prises afin d'en garder des ignorants incultes. En fait, il est facilement concevable qu'un homme de qualité soit allé en Orient en quête de la vraie médecine (il aurait compris que la médecine populaire ici en Europe est de peu de valeur). Il aurait acquis les trésors de la médecine égyptienne partie de la littérature écrite et aussi de s'associer avec des experts de l'art, les a ramenés avec lui et les a enterrés dans ce livre, dans le même manuscrit. Cela est d'autant plus plausible que le volume contient des dessins de plantes exotiques qui ont échappé à l'observation ici, en Allemagne. […] Je joins ici une ou deux lignes de l'écriture inconnue pour raviver votre mémoire de celui-ci, après avoir envoyé un dossier de caractères semblables. […] »
Après sa mort, des hypothèses veulent que le manuscrit soit passé de main en main (parmi lesquelles celles du physicien de l'Empereur Ferdinand III ou de la reine Christine de Suède) pour être par la suite vendu par le collège romain à Voynich.
Depuis lors, de nombreux cryptographes, linguistes et d’autres personnes de divers horizons ont tenté de percer les secrets du manuscrit de Voynich, mais le code obscur contenu dans ses pages a défié toute explication.
Long de 240 pages manuscrites, il est accompagné de dessins de plantes, de nus et d'observations astronomiques. À ce jour, il est considéré comme le plus important cryptogramme non résolu. Toutes sortes d'hypothèses ont été émises quant à la langue d'origine du texte : latin, italien, arabe coranique, moldave, thaï, pinyin.
Pour sa part, une équipe de chercheurs de l'université de l'Alberta (Canada), parmi lesquels Greg Kondrak et Bradley Hauer, a opté au départ pour l'arabe. Pour vérifier cette théorie, elle a choisi de s’appuyer sur une intelligence artificielle en se servant d'échantillons du texte de la « Déclaration universelle des droits de l'Homme » dans 380 langues différentes.
Kondrak et Hauer ont émis l'hypothèse que le manuscrit a été créé en utilisant des alphagrammes, un réarrangement des lettres d'un mot (ou d'une suite de mots) dans l'ordre alphabétique. À titre d'exemple, l'alphagramme de arbre est aberr. L'ensemble ainsi formé ne forme donc pas forcément un mot existant.
Contre toute attente, la machine a estimé que le manuscrit de Voynich avait été rédigé en hébreu : « Il s'est avéré que plus de 80 % des mots existaient dans un dictionnaire hébreu, mais nous ne savions pas si, pris ensemble, ils avaient un sens. »
« C'était surprenant », a déclaré Kondrak. « Rien que le fait de pouvoir dire "ceci est de l'hébreu” est un premier pas. L'étape suivante est de savoir comment le déchiffrer. »
Par la suite, Greg Kondrak et Bradley Hauer se sont tournés vers un confrère parlant hébreu pour savoir si la première phrase du texte traduite avec cet idiome était cohérente. Réponse négative. Les chercheurs ont alors tenté de convertir la phrase de l'hébreu vers l'anglais en se servant tout simplement du service Google Traduction.
La première phrase du manuscrit dirait : « She made recommendations to the priest, man of the house and me and people ». Traduite en français, cela signifie : « Elle a fait des recommandations au prêtre, à l'homme de la maison, à moi et aux gens ». Une phrase d'introduction bien curieuse, comme le reconnaît d’ailleurs Kondrak qui a estimé que « C'est une sorte de phrase étrange pour commencer un manuscrit, mais elle est tout à fait logique. »
Le chercheur a affirmé que seule la contribution d'historiens spécialisés en hébreu ancien pourrait aider à une interprétation plus cohérente de ces traductions étant donné la syntaxe atypique qui a été employée, autrement le sens complet du manuscrit de Voynich restera un mystère.
« Nous utilisons le langage humain pour communiquer avec d'autres humains, mais les ordinateurs ne comprennent pas ce langage, parce qu'il est conçu pour les gens. Il y a tellement de significations ambiguës que nous ne réalisons même pas », a déclaré Kondrak.
« Le traitement du langage naturel aide les ordinateurs à comprendre le langage humain. Nous voulons parler aux ordinateurs dans notre langue parce que c'est plus facile et plus pratique, mais il faut prendre en considération qu’il y a aussi beaucoup d'informations qui existent sous forme de mots écrits. Il suffit de regarder sur Internet, par exemple. »
Le chercheur a dit qu'il attend avec impatience d'appliquer les algorithmes qu’ils ont développés à d'autres manuscrits anciens.
Source : SA
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Une IA aurait permis de commencer à percer les mystères entourant le manuscrit de Voynich
Considéré comme le plus important cryptogramme non résolu
Une IA aurait permis de commencer à percer les mystères entourant le manuscrit de Voynich
Considéré comme le plus important cryptogramme non résolu
Le , par Stéphane le calme
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