
Depuis des années, les autorités chinoises se sont entourées de nombreux outils et décisions pour asseoir leur contrôle dans le pays. En Chine, si vous souhaitez accéder à certains sites comme Facebook, et autres médias sociaux, il faut passer votre chemin. Les utilisateurs qui se sont tournés vers les outils comme les VPN (Virtual Private Network) pour contourner la censure dans le pays ont amèrement regretté cela, car certains d’entre eux ont fini en prison avec de lourdes amendes. Mais beaucoup de choses restant encore à faire par le gouvernement chinois pour contrôler les moindres faits et gestes de ses concitoyens, les autorités du pays sont passées à niveau supérieur dans la surveillance de leurs administrés.
La reconnaissance faciale en Chine comme outil de sécurité… et de peur
En avril dernier, la police chinoise s’est targuée d’avoir appréhendé un homme de 31 ans recherché pour des crimes économiques. Bien que cela pourrait paraître comme un fait divers, la police chinoise a souligné que cette interpellation a été possible grâce à une technologie de reconnaissance faciale, tandis que le suspect assistait à un concert de musique pop rassemblant une foule de cinquante à soixante mille personnes. Un mois avant cette arrestation, la police chinoise a commencé à tester un nouveau moyen de surveillance : les lunettes connectées. Avec ces lunettes, les policiers scannent le visage des personnes et des plaques d’immatriculation des véhicules en quête de la moindre anomalie. Les informations récoltées sont comparées en temps réel à de grosses bases de données qui retournent des alertes en cas d’anomalie. Avec ce nouvel outil de surveillance, le gouvernement chinois serait parvenu à réduire les délits dans certains cas.
À Zhengzhou, une ville de Chine, la police n’a pas manqué d’expliquer comment la seule pensée des lunettes de reconnaissance faciale pouvait amener les criminels à avouer. En guise d’exemple, M. Shan, le chef adjoint de la police de la gare de Zhengzhou, rapporta que lors d’une patrouille son département a saisi un passeur d’héroïne. En interrogeant le suspect, précise le chef adjoint, la police a sorti les lunettes et a confié à l’homme que ce qu’il disait n’avait pas d’importance. Les verres pourraient leur donner toutes les informations dont ils ont besoin. « Parce qu’il avait peur d’être découvert par la technologie de pointe, il a avoué », déclara M. Shan, en ajoutant que le suspect avait avalé 60 petits paquets d’héroïne. « Nous n’avons même pas utilisé de techniques d’interrogatoire », a souligné le chef adjoint de la police. « Il a simplement tout lâché ».
À Qingdao, une ville célèbre pour son héritage colonial allemand, des caméras de surveillance auraient aidé la police à saisir une douzaine de suspects criminels au milieu d’un grand festival annuel de la bière. Et dans un complexe de bâtiments où le système de reconnaissance faciale a été installé aux portes, les vols de vélos ont complètement cessé, selon le gérant du bâtiment. Au regard des succès obtenus avec ces outils de reconnaissance faciale, la Chine avancerait donc dans le bon sens dans son désir de rendre les Chinois plus respectueux de leurs lois. Pour Chorzempa, chercheur à l’Institut Peterson, « tout le problème est que les gens ne savent pas s’ils sont surveillés, et cette incertitude rend les gens plus obéissants ».
Toutefois, ces nouveaux systèmes de surveillance sont encore à leurs premières heures et donc beaucoup d’améliorations doivent encore être apportées. Les lunettes connectées par exemple ne fonctionneraient efficacement que si la personne regardée reste immobile pendant plusieurs secondes. De même, la base de données nationale chinoise utilisée pour comparer les personnes scannées comprendrait entre 20 et 30 millions de personnes, selon un fonctionnaire chinois. Pour ce dernier, cette base de données serait trop énorme pour la technologie de reconnaissance faciale actuelle. En outre, la plupart des systèmes de reconnaissance faciale du gouvernement chinois seraient encore non intelligents. L’intelligence artificielle qui devrait permettre une analyse plus aisée est encore très peu utilisée.
Nonobstant ces obstacles, la Chine investit massivement dans ces systèmes afin de pouvoir suivre les visages, les vêtements et même la démarche des personnes dans les rues. Selon les analystes, ce pays est devenu le plus grand marché mondial pour la technologie de sécurité et de surveillance. Et d’ici 2020, il devrait disposer de près de 300 millions de caméras installées.
Cependant, alors que d’un côté nous avons le gouvernement chinois qui se réjouit des avancées majeures réalisées avec ces systèmes de reconnaissance faciale, de nombreux Chinois crient à voix basse leur mécontentement, en mettant un point d’honneur sur le fait que les dirigeants utilisent l’argent des contribuables pour espionner les contribuables. Pour certaines personnes, cet État de surveillance ne serait qu’un énième élément sur la longue liste des faits reprochables au gouvernement chinois dans leur quête de contrôler le peuple. Toutefois, bien que des reproches pourraient être faits à l’endroit de la Chine, ce pays ne serait pas le seul à utiliser ces technologies pour, dit-on, assurer la sécurité des citoyens.
Et dans les autres pays, qu’en est-il ?
En effet, à la fin de l’année dernière, la Russie a commencé à utiliser un système de reconnaissance faciale alimenté par un système d’intelligence artificielle pour traiter les données récoltées à travers les 170 000 caméras de surveillance installées dans la ville de Moscou. Selon Artem Ermolaev, responsable du département des technologies de l’information à Moscou, un essai du système de surveillance sur deux mois aurait permis l’arrestation de six criminels qui étaient sur la liste fédérale des personnes recherchées. Bien qu’à priori, cette action paraît louable, des personnes et organisations se demandent si ces technologies de reconnaissance faciale ne sont pas un prétexte pour mieux espionner les utilisateurs.
Aux États-Unis, c’est le FBI qui depuis des années consolide sa base de données avec des outils de reconnaissance faciale, et cela sans le consentement des Américains. Pour les défenseurs de la vie privée, cette technologie qui est encore sujette à des imperfections devrait être mieux encadrée afin d’éviter des dérives. Toutefois, en dépit des craintes soulevées par ces personnes vis-à-vis de la reconnaissance faciale, le gouvernement américain a annoncé qu’en août prochain, un nouveau système de reconnaissance faciale nommé Vehicle Face System (VSF) sera déployé aux frontières terrestres américaines afin de vérifier l’identité du voyageur alors qu’il se trouve dans son véhicule.
À Londres, la police a commencé à tester son syst...
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