
Bientôt la fin du pistage des internautes ?
Au lendemain des révélations sur le scandale Cambridge Analytica, le PDG d’Apple, Tim Cook s’est exprimé au sujet des pratiques de Facebook en matière de vie privée. Quelques mois plus tard, Apple s’est attardé une fois de plus sur le sujet sensible de la collecte des données. À l’occasion de la WWDC, la firme de Cupertino a durci le ton en présentant de nouvelles mesures pour empêcher le pistage des utilisateurs par des parties tierces, en pointant du doigt spécifiquement Facebook.
Pour bâtir son empire, Facebook a envahi le web avec ses modules sociaux pour collecter les données. Le principe est simple, si un site web souhaite recevoir du trafic issu du réseau social, il doit incorporer les boutons “j’aime” et de partage. Et à chaque fois qu’un internaute visite ce site web, Facebook reconnait et enregistre cette visite, ce qui leur permet d’avoir une idée sur tous les sites qu’un internaute a visités, une information qui se vend à bon prix aux annonceurs.
C’est exactement ce genre de pistage qu’Apple a décidé de tacler dans Safari. Durant la WWDC, Craig Federighi a présenté les nouvelles fonctionnalités anti-tracking de Safari tout en pointant du doigt le système mis en place par Facebook. « Nous pensons que vos données privées doivent rester privées », a déclaré Craig Federighi. « Nous pensons que vous devez contrôler qui les voit », ajoute-t-il.
« Nous les avons tous vus. Cela va des petits boutons 'like' (j'aime) et 'share' (partage) aux champs de commentaires. Sachez qu'ils peuvent être utilisés pour vous suivre, que vous cliquiez dessus ou non, du reste », affirme Craig Federighi.
La première mesure d’Apple pour empêcher le pistage des utilisateurs, Safari va empêcher tout plugin de recevoir un jeton d’identification si l’utilisateur n’a pas donné la permission. De cette manière, les modules de partage et de commentaires (utilisés notamment par Facebook et d’autres) ne pourront pas identifier l’internaute. En conséquence, ni Facebook ni autres ne pourront traquer les internautes sans leur autorisation. Lors de la présentation, Apple a choisi délibérément de nommer Facebook et Instagram à chaque fois pour donner l’exemple sur ce qui devrait être bloqué ou limité, ce qui devrait envenimer davantage la relation entre les deux firmes.
Apple a décidé de nommer Facebook lors de sa keynote
Federighi a parlé aussi du “fingerprinting”, une autre technique qui permet aux annonceurs de tracer les utilisateurs même après qu’ils aient supprimé leurs cookies. Comme l’a expliqué le responsable d’Apple, les internautes peuvent être identifiés par leurs configurations, les fonts qu’ils utilisent et les plugins qu’ils ont installés. Ces données une fois rassemblées peuvent être utilisées pour dresser une empreinte unique pour traquer chaque internaute d’un site web à l’autre. Dans Mojave, Apple veut rendre la tâche difficile aux entreprises qui s’adonnent au fingerprinting en présentant des pages web avec moins de détails sur l’ordinateur concerné. Le résultat sera de « rendre votre Mac comme tous les autres Macs, » difficile à traquer par les annonceurs. Cette technique complexe affecte directement les entreprises qui tirent des revenus de la publicité ciblée en ligne.
« Apple est en train d’entrer des changements au cœur même du navigateur, étonnamment des changements forts qui devraient assurer une meilleure confidentialité, » a dit Kevin Beaumont, expert en cyber sécurité. « Assez souvent, les changements que les firmes opèrent en ce qui concerne la confidentialité sont faibles et graduels, ils n’affectent pas de manière significative le marché. Ici Apple permet aux utilisateurs de voir quand le traçage est activé sur un site web, en réalité pouvoir voir ça avec un message est du jamais vu.”
La plupart des géants de la tech dépendent des données personnelles pour engranger des profits. Apple a positionné son modèle économique de l’autre côté de cette équation. Ipso facto, nous assistons à l’émergence d’un nouveau conflit entre les géants de la tech. Néanmoins, en vantant ses mérites, Apple jouit du support d’une base d’utilisateurs qui apprécient sa volonté de ne pas exploiter leurs données personnelles. En même temps, Facebook et Google ne peuvent pas changer leurs business models du jour au lendemain ; la question désormais est de savoir si ces deux géants vont tenter de trouver une nouvelle façon pour tracer l’activité web des internautes et outrepasser les limites imposées par la pomme.
Source : BBC
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