Le département américain de la Justice et le FBI enquêtent sur Cambridge Analytica, la société de conseil qui a décidé de fermer ses portes suite à l’affaire de détournement de données d’usagers de Facebook, selon le New York Times.
Les enquêteurs ont cherché à interroger les anciens employés de Cambridge Analytica et les banques qui traitaient ses affaires, indique le quotidien, qui cite un responsable américain et d’autres personnes connaissant bien l’enquête. Il note d’ailleurs que ladite enquête semble être à ses débuts.
L'entreprise, dont le principal propriétaire est le riche donateur républicain Robert Mercer, a offert des outils qui, selon certains de ses anciens cadres supérieurs, pourraient dresser le profil des électeurs (américains dans le contexte) et influencer leur comportement. Les techniques de modélisation psychographique dont elle s’est servie, qui se sont appuyées en partie sur les données récoltées sur Facebook, auraient étayé le travail de Cambridge pour la campagne Trump en 2016.
Un autre coup a été porté à l’entreprise lorsqu’une chaîne d'information britannique diffusait une vidéo d’un entretien filmé en caméra caché dans laquelle Alexander Nix, qui était alors directeur général, suggérait que l'entreprise avait utilisé la manipulation et la corruption pour piéger les politiciens et influencer des élections étrangères.
Dans l’un des échanges, Alexander Nix a révélé que la société utilisait un système de messagerie secret avec un mécanisme d’autodestruction afin de ne laisser aucune trace. Et d’expliquer que « Personne ne sait que nous l'avons, de plus, nous avons défini nos emails avec une minuterie d'autodestruction. Donc quand vous faites des courriels, après qu'ils ont été lus ils disparaissent deux heures plus tard. Il n'y a aucune preuve, il n'y a pas de trace papier, il n'y a rien ».
Suite à la publication de la série de vidéos, le comité de direction de Cambridge Analytica a annoncé la suspension de son patron Alexander Nix « dans l’attente d’une enquête complète et indépendante ». Par ailleurs, l’entreprise a précisé que « De l'avis de la Commission, les récents commentaires de Nix, secrètement enregistrés par Channel 4 et d'autres allégations, ne représentent pas les valeurs ou les opérations de l'entreprise et sa suspension reflète le sérieux avec lequel nous considérons cette violation. »
L'enquête fédérale aux États-Unis semble se concentrer sur les transactions financières de l'entreprise - les enquêteurs ont contacté les banques de la société, par exemple - mais aussi de savoir comment elle a acquis et utilisé des données personnelles tirées de Facebook et d'autres sources, selon les sources du quotidien.
En outre, les enquêteurs ont contacté Facebook, a déclaré le fonctionnaire au NYT, qui a parlé sous le couvert de l'anonymat pour discuter de l'enquête. Il s’est d’ailleurs gardé de fournir d’autres détails et Facebook a refusé de commenter cette allégation.
L'un des procureurs impliqués est le chef adjoint de la division des fraudes en valeurs mobilières et financières du Département de la justice, Brian Kidd. Dans le raid contre la société figure au moins un agent qui enquête sur la cybercriminalité pour le F.B.I.
Cambridge Analytica a surpris les médias lorsque, dans un communiqué, la société a déclaré qu’elle a déposé des demandes d'ouverture de procédures d'insolvabilité au Royaume-Uni. La Société a également annoncé qu’elle mettait immédiatement fin à toutes ses activités et le conseil a demandé la nomination de Crowe Clark Whitehill LLP, praticien de l'insolvabilité, à titre d'administrateur indépendant de Cambridge Analytica.
De plus, Cambridge Analytica a affirmé que des procédures de faillite parallèles seront bientôt entamées au nom de Cambridge Analytica LLC et de certains de ses affiliés aux États-Unis au tribunal des faillites des États-Unis pour le district sud de New York.
« Au cours des derniers mois, Cambridge Analytica a fait l'objet de nombreuses accusations infondées et, malgré les efforts de la Société pour corriger le dossier, a été vilipendée pour des activités non seulement légales, mais largement acceptées comme une composante standard de la publicité en ligne dans les domaines politique et commercial » , a regretté l’entreprise.
Cambridge Analytica s’est donc mis en liquidation dans un contexte où elle est sous le coup d’enquêtes au Royaume Uni (Brexit), aux États-Unis (campagne présidentielle de Trump), en Australie et également en Israël (utilisations frauduleuses de données personnelles).
Néanmoins, le nom d’une autre société, Emerdata Limited, a émergé et, fait remarquable, possédait les mêmes acteurs clés que Cambridge Analytica.
Source : NYT
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Le , par Stéphane le calme
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