L’industrie des véhicules autonomes est en pleine croissance. D'une aide limitée au pilotage à l'automatisation totale, les constructeurs automobiles s’acharnent pour limiter l’intervention humaine, en mettant en avant un certain nombre d'avantages comme aider les personnes âgées ou ayant un handicap ou encore, comme certains le disent, éviter les accidents routiers causés par les erreurs humaines, etc.
D'après Franck Cazenave, spécialiste du sujet chez Bosch France, « il y a une véritable lutte pour attirer les investissements en R & D et les meilleurs ingénieurs » dans le domaine des voitures autonomes. C'est le cas notamment dans des pays comme les États-Unis, le Japon ou l'Allemagne, qui ont pris de l'avance dans la course aux voitures autonomes. Dans certaines villes américaines, les voitures sans chauffeur sillonnent déjà les rues.
Conscient de l'enjeu, Emmanuel Macron a annoncé en août dernier que les voitures autonomes et l'intelligence artificielle font partie de ses priorités, dans le domaine du numérique. Le Président français a exprimé son souhait de voir la France s’imposer dans ces domaines et pour y arriver, il estime que le pays doit contribuer à définir les normes et la réglementation du secteur numérique à l'échelle européenne ; ce qui devrait au moins passer par un duo franco-allemand. « La France ne sera attractive que si elle pèse sur les règles qui prévalent au plan international. Je souhaite qu'elle s'engage plus résolument dans les instances qui les conçoivent et les édictent et plus largement qu'elle redevienne un lieu qui pense le monde », disait-il. « Si nous voulons réussir dans le véhicule autonome, nous devons au niveau européen en définir les normes et le faire au moins en franco-allemand… », a-t-il expliqué.
Faisant l'écho d'Emmanuel Macron, le Premier ministre Édouard Philippe a également désigné le véhicule autonome comme une priorité et nommé en novembre dernier Anne-Marie Idrac, ancienne secrétaire d'État aux transports et patronne de la RATP, haute responsable pour la stratégie nationale de développement des véhicules autonomes. À cet effet, une première feuille de route doit être présentée en mai 2018. Mais déjà, les tests de véhicules autonomes sur route ouverte se multiplient dans l'Hexagone.
Depuis deux ans et demi, les expériences de ce type sur route dite « ouverte » se multiplient dans l'Hexagone, rapporte le quotidien Les Echos. PSA, Renault et Valeo ont obtenu des dérogations pour tester leurs véhicules autonomes sur les routes françaises. PSA a été le premier, mi-2015, à obtenir une autorisation pour tester ses voitures autonomes sur autoroute en France et il compte aujourd'hui 12 véhicules en test sur autoroutes et voies rapides. « Nous totalisons aujourd'hui plus de 150 000 kilomètres d'essais », indique Vincent Abadie, responsable du véhicule autonome chez PSA.
Depuis un an et demi, l'équipementier automobile français Valeo lui aussi teste ses véhicules autonomes sur autoroute, sur les départementales et même dans la ville de Paris. D'après Guillaume Devauchelle, directeur de l'innovation de Valeo, « cela nous permet de tester des situations compliquées, dans lesquelles il est impossible de respecter le code de la route, par exemple, si on ne veut pas rester bloqué. »
Pour ces acteurs de la voiture autonome, l'objectif est d'accumuler l'expérience et valider leurs technologies. « Nous étudions le comportement du véhicule dans le plus de situations possible, et nous complétons par de la simulation », a ajouté Guillaume Devauchelle. Chez Renault et PSA, il s'agit de pouvoir commercialiser des fonctions d'autonomie en série dans quelques années. Renault par exemple espère proposer du « Niveau 4 » sur autoroute en 2023. Pour information, un niveau 4 d'autonomie (sur une échelle qui en compte 5) signifie que la technologie est assez robuste pour que le conducteur puisse détacher complètement son attention de la route, car le véhicule est capable de se mettre en sécurité tout seul.
Comme l'explique Les Echos, pour l'instant, la réglementation n'autorise pas un tel niveau. La France a en effet ratifié la Convention de Vienne, qui impose que le conducteur ait le contrôle total de son véhicule, avec les deux mains sur le volant. Pour expérimenter un tel niveau, il est donc nécessaire d'obtenir des dérogations du ministère des Transports, et il y en a une quarantaine qui a déjà été accordée. Ces dérogations exigent toutefois qu'il y ait un superviseur dans le véhicule, prêt à reprendre le contrôle.
C'est bien tout cela, mais il y a un problème. C'est que, dans le monde entier, cette industrie prometteuse pourrait provoquer des pertes d’emploi importantes. Une étude de Goldman Sachs par exemple, publiée l'année dernière, prédit qu'à terme les voitures autonomes et semi-autonomes pourraient supprimer 25 000 emplois par mois aux États-Unis seulement, avec comme principales victimes les chauffeurs de poids lourds plus que tout autre conducteur professionnel. Précisons-le, il s'agit du nombre d'emplois qui seront supprimés lorsqu'on atteindra le plein impact des voitures autonomes (lorsque le marché atteindra son pic) ; ce qui est quand même à plusieurs décennies devant nous, reconnait Goldman Sachs. Le rapport affirme encore que ces effets peuvent être retardés par la régulation et une adoption plus lente des voitures autonomes. Qu'en sera-t-il en France ? La France est-elle prête à adopter les voitures autonomes avec une maitrise des effets négatifs sur la société ?
Source : Les Echos
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La France est-elle prête à faire face aux conséquences des voitures autonomes ?
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Le , par Michael Guilloux
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