Pékin étudie le développement du marché local du bitcoin, la monnaie virtuelle la plus en vue du moment, et des autres monnaies cryptographiques depuis quelque temps déjà. Malgré tout, le gouvernement chinois ne semble pas favorable à l’adoption de devises électroniques créées à partir de la technologie des « ;blockchains ;» qui s’échangent en ligne sans être régulées par une juridiction clairement définie. Il précise que les entreprises de minage consomment d’énormes quantités de ressources et alimentent la spéculation autour des monnaies cryptographiques.
Les régulateurs chinois ont, depuis, adopté une série de mesures non incitatives visant à circonscrire les activités de minage des monnaies cryptographiques et éviter que ce phénomène ne prenne de l’ampleur sur le marché financier local. Ces mesures doivent également permettre de lutter contre le blanchiment d’argent sur les plateformes d’échanges adossées à ces monnaies d’un nouveau genre et enrayer les fuites de capitaux hors du pays.
D’après les informations rapportées par les médias Bloomberg et Reuters, les autorités de régulation de la Chine viennent de publier un avis incitant les gouvernements locaux à « ;guider ;» les opérateurs de minage de cryptomonnaies vers une « ;sortie ordonnée ;» du marché. Cette mesure contraignante s’ajoute à la limitation annoncée par les autorités centrales concernant l’approvisionnement en électricité des acteurs impliqués dans les opérations de minages de monnaies cryptographiques.
À titre de rappel, le minage est une activité essentielle pour de nombreuses cryptomonnaies, dont le bitcoin. Elle consiste, pour les utilisateurs appelés mineurs, à mettre à contribution la puissance de calcul de leur machine pour vérifier, enregistrer et sécuriser les transactions dans la chaîne de blocs. En contrepartie, ces mineurs sont rémunérés, pour chaque nouveau bloc validé, avec des monnaies cryptographiques nouvellement créées.
Le document préconise aux destinataires du message l’usage de mesures liées à la politique foncière, à la fiscalité, au prix de l’électricité et à la protection de l’environnement pour inciter les mineurs de monnaies cryptographiques à mettre définitivement un terme à leurs activités. Il demande aussi aux organisations locales de faire remonter les informations concernant les installations de minage qui sont situées sur leur territoire et les progrès en la matière avant mercredi prochain, puis au dixième jour de chaque mois.
En février 2017, la Banque populaire de Chine (BPC) a averti les plateformes d’échange de bitcoins qu’elle durcirait ses contrôles de la monnaie électronique et leur a interdit d’effectuer des opérations de marge, une pratique spéculative permettant aux investisseurs de s’endetter pour acheter des bitcoins. Les plateformes ont été également sommées de ne pas se livrer au blanchiment d’argent ni à des pratiques qui enfreindraient les lois sur le marché des changes ou la fiscalité, au risque d’être fermées par les autorités.
En septembre, les autorités de réglementation de la Chine ont interdit l’usage des levées de fonds en cryptomonnaies et notifié officiellement les différentes plateformes d’échanges de cryptomonnaies que ces dernières devaient cesser volontairement toutes leurs activités avant le 15 septembre 2017. S’agissant de la seconde mesure évoquée, elles auraient publié des directives verbales dans ce sens afin d’inciter les entreprises concernées à liquider au plus vite leurs opérations au motif qu’elles opèrent sur le marché intérieur sans disposer d’une licence officielle octroyée par le gouvernement.
Suite à ces décisions, plusieurs plateformes d’échanges de monnaies cryptographiques, incluant BTC China, avaient annoncé leur intention d’arrêter leurs activités de trading pour leurs clients basés en Chine. Alors que la répression touchant les monnaies cryptographiques en Chine s’étend désormais aux mineurs de bitcoins, certains des plus gros acteurs de l’industrie ont commencé à transférer leurs activités à l’étranger.
Bitmain, la société mère de BTC China et Okcoin, les deux plus grandes plateformes d’échanges de monnaies cryptographiques en Chine, a annoncé qu’elle est en train d’établir son siège régional à Singapour et qu’elle développe maintenant ses activités minages aux États-Unis et au Canada. Cette information a été rapportée par Wu Jihan, le cofondateur de l’entreprise qui envisage d’autres pays d’implantation comme l’Iran ou la Russie.
Les entreprises BTC.Top et ViaBTC, classés respectivement troisième et quatrième plus importantes plateformes d’échanges de monnaies virtuelles en Chine, ont suivi le même chemin que Bitmain. La société BTC.Top s’est délocalisée au Canada, tandis que le groupe ViaBTC a transféré ses activités de minage en Islande et en Amérique, ont indiqué leurs fondateurs respectifs.
Cette décision pourrait remodeler l’industrie du minage de cryptomonnaies. En effet, les mineurs de monnaies virtuelles ont jusqu’à récemment afflué en Chine en raison du faible coût de l’électricité dans le pays, de la proximité des usines de fabrication de microprocesseurs et de la main-d’œuvre bon marché. Ils n’ont plus d’autre choix que de chercher ailleurs.
En faisant abstraction des risques financiers auxquels elles exposent, il faut signaler que les activités de minages sont très gourmandes en énergie et, en général, synonymes de gaspillage des ressources. Dans un pays qui a signé des accords de Paris sur le climat, où l’essentiel de l’électricité est fournie par des centrales thermiques au charbon et où la pollution atmosphérique atteint des records inquiétants, la promotion des activités de minage n’apparait pas comme une option viable, ne serait-ce que sur le plan écologique.
Source : Bloomberg, Reuters
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Le , par Christian Olivier
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