Avec le développement de l’automatisation et de l’intelligence artificielle, de nombreuses interrogations sont posées quant à l’avenir des emplois d’aujourd’hui. Le cabinet de conseil McKinsey & Company s’est également penché sur cette problématique et a mené une étude afin de voir l’impact que le développement technologique, précisément l’automatisation (comprenant l’intelligence artificielle, les systèmes autonomes et la robotique), aura sur l’emploi des travailleurs.
À n’en point douter, l’évolution technologique améliore considérablement la vie des consommateurs. Pour les entreprises, certaines activités qui nécessitaient de nombreuses heures de travail peuvent être exécutées avec plus de précision et dans un temps réduit en s’appuyant sur ces nouvelles technologies. Aussi, pour apprécier les répercussions de l’automatisation sur les domaines d’activités professionnelles, McKinsey & Company vient de dévoiler les conclusions de son second rapport après celui publié au début de cette année sur l’automatisation et son impact sur les activités de travail. Dans ce second rapport, le cabinet de conseil se veut plus précis sur les emplois qui pourraient être créés, remplacés ou perdus suite au développement de l’intelligence artificielle et de la robotisation.
Après avoir analysé les données collectées dans 46 pays et touchant à plus de 800 professions, le cabinet de recherche estime que d’ici 2030, entre 400 et 800 millions d’emplois seront automatisés. Les emplois qui seront les plus menacés par l’automatisation seront les travaux physiques dans des environnements prévisibles, tels que l’utilisation de machines ou la préparation dans la restauration rapide comme les fast-foods. La collecte et le traitement des données seront également touchés par ce problème, avec des implications pour les activités de prêts hypothécaires, les parajuristes et les services administratifs.
Dans certains pays développés comme les États-Unis, ces changements au niveau de la main-d’œuvre se feront beaucoup plus sentir à cause du fait que les coûts d’installation de systèmes automatisés sont beaucoup plus accessibles. Dans les pays en développement et plus particulièrement en Inde, cette automatisation devrait être moins marquée dans le secteur professionnel où le coût relatif de ces nouvelles technologies est beaucoup plus élevé et la main-d’œuvre beaucoup moins chère. De manière plus précise, McKinsey & Company indique que 9 % du travail en Inde, 13 % au Mexique et 16 % en Chine seront automatisés d’ici 2030. Aux États-Unis, au Japon et en Allemagne, ce chiffre approchera les 25 %.
Cependant, bien que les perturbations à court terme dues à l’automatisation puissent être plus faibles dans les pays en développement que dans les pays riches, les pays en développement feront face à des défis plus difficiles à long terme lorsque les coûts de ces technologies baisseront considérablement.
Le cabinet de recherche et de conseil avance que, pour ne pas être éjectés du système en cas d’adoption rapide de l’automatisation, jusqu’à 375 millions de travailleurs dans le monde (14 % de la main-d’œuvre mondiale) devront probablement passer à de nouvelles catégories professionnelles et acquérir de nouvelles compétences. En revanche, si leur transition vers de nouveaux emplois se fait lentement, le chômage pourrait augmenter et freiner la croissance des salaires. Au regard des changements importants qui pourraient survenir dans le paysage mondial du travail, les auteurs du rapport interpellent les gouvernements et les entreprises sur le besoin d’investir massivement afin d’accompagner la reconversion des travailleurs qui pourrait s’avérer difficile.
Pour Susan Lund, associée du McKinsey Global Institute et co-auteur du rapport, « ;le modèle où les gens vont à l’école pendant les 20 premières années de vie et travaillent pendant les 40 ou 50 prochaines années est dépassé ;». « ;Nous allons devoir penser à l’apprentissage et à la formation tout au long de notre carrière ;», a souligné l’auteur.
À côté des emplois qui seront automatisés, le rapport souligne aussi que le développement de l’intelligence artificielle et de ses corollaires n’aurait pas que des conséquences négatives pour les travailleurs. Bien au contraire. Tout comme l’introduction de l’ordinateur personnel dans les années 1980 a éliminé certains emplois et créé beaucoup plus de nouveaux emplois, le rapport annonce que les travailleurs qui souhaitent développer de nouvelles compétences devraient être capables de trouver facilement de nouveaux emplois. Pour Lund, « ;les prédictions désastreuses selon lesquelles les robots prendront nos emplois sont exagérées ;». « ;Oui, le travail sera automatisé, [mais] il y aura assez d’emplois pour tout le monde dans la plupart des régions ;», ajoute l’auteur.
Bien que de nombreuses activités seront frappées de plein fouet par l’automatisation des tâches, le rapport précise toutefois que certains emplois comme la gestion des personnes, les interactions sociales, l’application de l’expertise, les jardiniers, les plombiers, les travailleurs qui s’occupent des enfants et des personnes âgées ne seront pas vraiment inquiétés par la montée en puissance de l’automatisation.
Source : McKinsey & Company, Rapport complet McKinsey & Company (PDF)
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Le , par Olivier Famien
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