Comment faire pour supprimer des contenus dits extrémistes de la toile en moins de deux heures ? La question n’a pas été mise sur la table par la Première ministre britannique, Theresa May, lors d'une réunion sur la prévention de l’utilisation d’Internet par les terroristes en septembre dernier. Toutefois, les développements d’alors appellent à un tel questionnement. Le quotidien The Daily Telegraph s’est fait le relais d’une intervention de la secrétaire d’État à l’Intérieur britannique à ce sujet.
D’après la collaboratrice de la Première ministre britannique, il est possible de faire mieux que supprimer des contenus déjà présents en ligne en moins de deux heures. Il faut bloquer des publications avant leur atterrissage sur une plateforme et pour cela elle mise sur l’intelligence artificielle. « Les entreprises technologiques doivent presser le pas dans la mise au point et le déploiement des systèmes d’intelligence artificielle capables de détecter de tels contenus avant leur publication sur Internet et empêcher leur dissémination », rapporte le quotidien du propos de la secrétaire.
Mais le propos de la secrétaire porte une fois de plus comme un soupçon de déconnexion de la réalité, ce, d’une part parce que des systèmes de ce type sont déjà déployés. Dans une publication du quotidien The Daily Telegraph datée du 16 juin 2017, des responsables de l’entreprise donnent des détails sur les capacités de détection de son programme d’intelligence artificielle. « Nous mettons les meilleures techniques dont nous disposons à contribution pour combattre les contenus terroristes en lien avec ISIS, Al Qaeda et ses organisations affiliées et nous étendrons cette initiative à d’autres organisations terroristes », rapporte le quotidien des propos des responsables de Facebook.
« Lorsqu’un tiers essaie de publier une photo ou une vidéo à caractère terroriste, nos systèmes vérifient si le contenu correspond à un autre répertorié comme tel. Ceci veut dire que nous sommes capables d’empêcher la publication d’un contenu sur notre plateforme à partir d’autres comptes en ligne s’il a précédemment été bloqué parce que contenant de la propagande terroriste », ajoute le quotidien. Secundo, la secrétaire fait fi de réalités techniques qui ne relèvent pas de sa compétence. En effet, avec l’exemple Facebook, le problème n’est donc pas celui de la disponibilité de tels systèmes, mais celui de la gestion de cette immensité qu’est Internet.
« Le plus gros problème est que vous ne pouvez pas nécessairement tout saisir sur l'ensemble de l'Internet. Le défi est que l'apprentissage par machine est un outil puissant, mais il est encore relativement aux balbutiements de son évolution », a déclaré Kent Walker, conseiller général chez Google dans le cadre de la réunion sur la prévention de l’utilisation d’Internet par les terroristes. On le comprend, Amber Rudd est dans son rôle : celui d’appeler à l’implémentation de techniques susceptibles d’enrayer ce problème. Cela se fera sans qu’il soit nécessaire qu’elle comprenne les défis techniques comme elle l’a martelé en ce qui concerne le chiffrement, créant une polémique au passage.
Le propos du conseiller général chez Google laisse simplement filtrer que l’intelligence artificielle fait son bout de chemin et qu’il sera difficile qu’elle rende satisfaction aux gouvernements à la hauteur de leurs attentes dans de très brefs délais. On notera néanmoins que la rhétorique « les entreprises technologiques ne font pas assez pour enrayer les contenus terroristes en ligne » fait partie du passé puisque les gouvernements reconnaissent que les entreprises technologiques y mettent de plus en plus du leur.
Sources
The Daily Telegraph
The Daily Telegraph (juin 2017)
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Le , par Patrick Ruiz
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