Lors de leur dernier sommet organisé à Ottawa en juin, les Five Eyes ont pris un certain nombre de résolutions pour lutter contre la montée du terrorisme. Pour atteindre leurs objectifs, ils ont décidé qu’il fallait intensifier la pression sur les géants des télécommunications et de la technologie afin de faciliter l’accès au contenu déchiffré des messages chiffrés des personnes soupçonnées de terrorisme.
Cela laisse supposer que dans un futur proche les fournisseurs de services Internet, les entreprises d’Internet comme Google ou Facebook et les fabricants de matériels technologiques comme Apple pourraient recevoir de nouvelles directives de la part des gouvernements membres des Five Eyes.
Le groupe des Five Eyes regroupe cinq pays : les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Cette organisation forme un réseau complexe qui met en relation étroite les organismes de renseignement respectifs (NSA, MI5, SCRS...) de chacun des pays membres afin de satisfaire un « intérêt commun ». Les membres de cette organisation s'inquiètent de la généralisation d'applications et d'outils de chiffrement qui peuvent permettre à des personnes dangereuses de communiquer facilement sans que leurs appels téléphoniques ou leurs messages soient interceptés.
D'après le Sénateur et Procureur général australien George Brandis, le chiffrement est « un obstacle majeur pour les organisations de renseignement, car, plus que n’importe quelle autre forme de protection, il détient le potentiel de réduire de manière significative leurs capacités. » Pour les responsables des Five Eyes, cette situation est difficilement acceptable quand on sait que la capacité des divers criminels à protéger leurs activités électroniques grâce au chiffrement peut « nuire gravement aux efforts de sécurité publique en empêchant un accès légal au contenu des communications. »
Par la voix de George Brandis, les membres du groupe Five Eyes ont annoncé : « Nous avons décidé d’obtenir des FAI et des fabricants de produits technologiques le meilleur niveau de coopération possible. » « Nous avons besoin de développer cette coopération et nous demanderons aux fabricants de périphériques et aux FAI d’accepter une série de protocoles quant aux circonstances dans lesquelles ils pourront fournir une assistance volontaire aux autorités judiciaires », a-t-il ajouté.
Pour répondre aux nouvelles exigences des Five Eyes, le sénateur Brandis a déclaré que les lois australiennes devraient être modifiées afin d’y inclure des dispositions plus contraignantes capables de forcer les fabricants de dispositifs technologiques et les entreprises de télécommunications à coopérer avec les services de renseignement comme le suggère la tendance au Royaume-Uni et en Nouvelle-Zélande. Le sénateur Brandis espère, malgré tout, que les entreprises concernées vont adhérer de leur plein gré aux demandes des gouvernements des Five Eyes, lorsque ces derniers souhaiteront accéder aux données déchiffrées des utilisateurs afin de maintenir des relations harmonieuses entre les différentes parties.
Le sénateur Brandis qui a participé au dernier sommet des Five Eyes à Ottawa pour le compte de l’Australie, a déclaré que le gouvernement n’irait pas jusqu’à demander aux fabricants de matériels technologiques d’installer des « portes dérobées dans leurs systèmes ». Cependant, il a déclaré qu’il incombait à ces fabricants de faire tout ce qui serait raisonnablement en leur pouvoir pour permettre aux agences de sécurité et aux services de renseignement d’accéder aux messages chiffrés de personnes soupçonnées de terrorisme ou représentant un risque terroriste potentiel.
Source : The Australian, ABC News, Global News
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Le , par Christian Olivier
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