Ces derniers mois, le débat sur la propagation des fake news est devenu un sujet d’actualité et des géants comme Facebook et Google ont été vivement critiqués pour leur rôle dans la diffusion de fausses informations à travers le monde. La prolifération de faux articles et les informations non vérifiées sont considérées par beaucoup comme un élément marquant de la dernière campagne électorale aux États-Unis.
Une nouvelle étude de la firme de sécurité Trend Micro montre que les campagnes politiques peuvent manipuler les élections en dépensant 400 000 dollars (350 000 euros) sur les fake news et les faux articles, selon un nouveau rapport qui analyse le coût d’influence de l’opinion publique à travers la diffusion de la désinformation. L’étude a trouvé également qu’il ne coûte que 55 000 dollars pour discréditer un journaliste et 200 000 dollars pour provoquer une protestation dans la rue basée sur de fausses informations. Ces chiffres inquiétants montrent à quel point il est devenu facile de faire de la cyberpropagande pour avoir des résultats dans le monde réel.
Cette étude vient à un moment de préoccupation générale à travers le monde concernant le piratage d’élections et les différentes façons dont les fake news sur les réseaux sociaux ont manipulé les électeurs. Le rapport explore les places en ligne clandestines qui permettent aux campagnes, aux partis politiques, aux entreprises privées et autres entités de créer et diffuser de façon stratégique un faux contenu pour changer les perceptions du public.
L’analyse des services de fake news chinois, russes, anglais et du Moyen-Orient a trouvé que ces options offrent une alternative rentable à la publicité traditionnelle et les efforts de promotion se servent souvent des réseaux sociaux pour diffuser un contenu douteux. « Que vous soyez en Chine, en Russie, en Europe ou aux États-Unis, il est très facile d’acheter ces services », a dit Simon Edwards de Trend Micro.
Avec des campagnes ciblées, un faux contenu peut provoquer des protestations. Ainsi, selon l’étude, des campagnes peuvent créer et monter des groupes sur les réseaux sociaux qui discutent des idéologies pertinentes pour le cout de 40 000 dollars, a écrit Trend Micro.
Pour maximiser l’étendue du contenu, les campagnes peuvent dépenser 6000 dollars pour avoir près de 40 000 j’aime (likes) de « haute-qualité ». Dans ces services de fake news, il faudra compter 5000 dollars pour avoir 20 000 commentaires et 2700 dollars pour un faux reportage. Les campagnes peuvent aller plus loin en achetant des retweets et d’autres services promotionnels comme le placement de vidéos sur YouTube qui aident les news à devenir virales.
L’étude a noté que ces campagnes s’appuient sur des fake news partagées en tant que réalité pour courtiser les idéologies de l’audience et donner une illusion du futur, de quoi forcer les gens à rejoindre une cause supposée.
Manipuler les résultats des élections peut aussi être relativement abordable pour les politiciens et les partis politiques, selon le rapport. Un responsable d’une campagne peut acheter des sites de news ciblées contre 3000 dollars par site et remplir ensuite ces sites de fausses informations qui se déguisent en news légitimes. Le maintien de ces sites avec un faux contenu coûte 5000 dollars par mois et les campagnes de promotion sur les réseaux sociaux coûtent 3000 dollars supplémentaires par mois.
Le fait d’acheter des reposts et des commentaires biaisés sur ces contenus peut booster une campagne. Quelques-uns de ces réseaux distribuent également des informations légitimes permettant aux sites d’avoir une réputation et de brouiller la frontière entre ce qui est propagande et le contenu légitime. Au total, l’étude a trouvé qu’une campagne annuelle de 400 000 dollars doit être capable de manipuler de façon décisive le cours d’une action.
Un groupe qui veut aussi attaquer un journaliste peut facilement monter une campagne de fake news de quatre semaines. La propagande hebdomadaire, couplée à 50 000 retweets et attirant 100 000 visites coûte 2700 dollars. En plus de discréditer le journaliste, une conséquence plus effrayante est comment le reportage ou les points que le journaliste a voulu soulever seront engloutis dans une vague de désinformation générée par la campagne, a écrit Trend Micro.
D’autres chiffres impressionnants montrent qu’un compte sur les réseaux sociaux peut devenir une célébrité en un mois avec 300 000 abonnés et pour le cout de 2600 dollars.
Vu l’efficacité et les bas couts de ces types de campagnes de propagande, certains ont peur qu’elles deviennent courantes lors des élections. « Il est important que nous mettions un terme à ces pratiques le plus vite possible avant qu’elles ne deviennent mainstream. »
Suite au débat sur les fake news et comment elles se propagent sur les réseaux sociaux surtout après l’élection présidentielle américaine, Facebook et Google ont entrepris de développer des outils pour faire face à la désinformation. En France, les deux entreprises se sont associées aux médias français et ont lancé leurs propres outils pour lutter contre les fausses informations.
Edward a noté qu’il est important pour les lecteurs et utilisateurs de médias sociaux de devenir capables de distinguer les fausses informations : « Il est vraiment important que les gens puissent réfléchir et remettre en question tout ce qu’ils voient. »
Source : Trend Micro - The Guardian
Et vous ?
Quelles sont selon vous les raisons de la prolifération de fake news et qui rendent la propagande en ligne si efficace ?
Voir aussi :
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Tim Berners-Lee : le web tel que nous le connaissons est menacé par plusieurs dangers, notamment la perte de contrôle de nos données et les fake news
Étude : les campagnes politiques peuvent manipuler les élections avec des fake news
Il suffit de débourser 350 000 euros pour influencer une élection
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Le , par Coriolan
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