Dans un rapport, six mois après les élections présidentielles américaines, le réseau social a enfin admis que le débat politique durant cette période a quelque peu souffert de ce que Facebook a appelé des « opérations d’informations ». Il faut noter que ce rapport n’est pas signé de son PDG, Mark Zuckerberg, qui assurait que « l’idée que Facebook ait influencé l’élection de la moindre manière à cause de ses faux articles d’actualité, qui représentent une partie infime de notre contenu, me paraît ridicule », mais plutôt d’une équipe en charge de la sécurité de la plateforme.
Dans son rapport, Facebook a expliqué que l’expression « fake news » est apparue comme une phrase attrayante pour se référer à tout, qu’il s’agisse d’articles d’actualité qui sont factuellement incorrects, de parodies et de sarcasmes, de canulars, de rumeur, d’abus et de méconnaissances factuelles par des personnalités publiques.
« La sur-utilisation et l'utilisation abusive du terme « fake news » peuvent être problématiques car, sans des définitions communes, nous ne pouvons pas comprendre ou résoudre pleinement ces problèmes », a avancé le numéro un des réseaux sociaux. Aussi, il a adopté les terminologies suivantes pour se référer à ces concepts :
- opérations d’information (ou d'influence) : mesures prises par les gouvernements ou des acteurs organisés non étatiques pour fausser le sentiment politique national ou étranger, le plus souvent pour parvenir à une stratégie et/ou un résultat géopolitique. Ces opérations peuvent utiliser une combinaison de méthodes, telles que les fausses actualités, de la désinformation ou de faux comptes sur les réseaux sociaux (faux amplificateurs) visant à manipuler l’opinion publique ;
- fausses actualités : articles de presse qui prétendent être factuels, mais qui comportent des anomalies intentionnelles de fait dans l'intention d'éveiller des passions, d'attirer l'auditoire ou de tromper ;
- faux amplificateurs : activités coordonnées par des comptes non authentiques dans le but de manipuler des discours politiques (par exemple, en décourageant les parties spécifiques de participer à la discussion) ;
- désinformation : information/contenu inexact ou manipulé qui se propage intentionnellement. Cela peut inclure les fausses actualités ou peut impliquer des méthodes plus subtiles, telles que les fausses opérations de drapeau, le remplissage de citations inexactes ou des histoires reposant sur des intermédiaires innocents. La désinformation se distingue de la mal-information par son caractère intentionnel ; la mal-information pour sa part est commise par inadvertance, une propagation involontaire d'informations inexactes sans intention malveillante.
Facebook assure avoir vu trois opérations d’influence majeures sur sa plateforme :
- collecte de données ciblées, dans le but de voler et souvent d'exposer des informations qui ne sont pas publiques et peuvent offrir des occasions uniques de contrôler le discours public ;
- création de contenu, factice ou réel, soit directement par l'opérateur d'information, soit en propageant des articles à des journalistes et d'autres tiers, y compris via de faux personnages en ligne ;
- fausse amplification, que Facebook définit comme activité coordonnée par des comptes n’étant pas authentiques avec l'intention de manipuler le discours politique.
Les objectifs stratégiques déployés par ces faux amplificateurs que Facebook a notés sont :
- la promotion ou le dénigrement d’une cause ou d’un problème spécifique : c'est la plus simple manifestation de faux amplificateurs. Il peut s'agir de l'utilisation de la désinformation ou des fausses actualités. Ces acteurs exploitent souvent un problème qu’ils vont amplifier selon le panel ciblé. Cela peut inclure des sujets autour de personnages ou partis politiques, religion, gouvernements nationaux, nations et/ou groupes ethniques, institutions ou événements actuels ;
- semer la méfiance dans les institutions politiques : dans ce cas, les faux opérateurs de compte cherchent plutôt à saper le statu quo de la politique ou des institutions civiles à un niveau plus stratégique ;
- répandre la confusion : les administrateurs de réseaux de faux comptes peuvent avoir comme objectif à long terme de troubler les discours civiques et d’alimenter des rivalités au sein d’un même groupe. Facebook assure que, dans plusieurs cas, il a identifié des acteurs malveillants sur Facebook qui, via des comptes qui ne sont pas authentiques, sont activement engagés dans le spectre politique avec l'apparente intention d'accroître les tensions entre les partisans de ces groupes et de fracturer leur base de soutien.
Facebook a souligné l’importance de faire des efforts pour combattre les opérations d’influence : « Les opérations d'information peuvent affecter l'ensemble de l'écosystème de l'information, des consommateurs individuels d’informations et des partis politiques aux gouvernements, aux organisations de la société civile et aux entreprises de médias. Une réponse efficace nécessite donc une approche globale de la société qui offre une collaboration sur les questions de sécurité, d'éducation, de gouvernance et d'éducation aux médias. Facebook reconnaît qu'une poignée de groupes d'acteurs clés doit assumer plus de responsabilités pour aider à prévenir les abus, et nous nous engageons non seulement à aborder les composants qui impliquent directement notre plateforme, mais aussi en soutenant les efforts des autres ».
En France, Facebook a supprimé 30 000 comptes peu avant le premier tour de l’élection présidentielle, ces campagnes visaient à récolter illégalement des informations privées présentes sur le réseau social pour les dévoiler au public.
Source : rapport Facebook (au format PDF)