« Nous ne pouvons permettre à cette idéologie de bénéficier d’un espace dans lequel elle peut prospérer sans être inquiétée et c’est justement ce qu’Internet et les fournisseurs d’accès lui servent », peut-on lire via The Independent qui s’est fait le relais de certains pans de ce discours. Et d’ajouter que « nous devons travailler de concert avec des gouvernements démocratiques pour parvenir à des accords internationaux visant la régulation du cyberespace, ceci, pour enrayer l’expansion de l’extrémisme et la planification du terrorisme. »
Le propos de Theresa May s’inscrit en droite ligne avec celui que la secrétaire de l’intérieur, Amber Rudd, avait tenu suite aux attentats de Westminster en mars dernier. Amber Rudd avait en effet déclaré que « les entreprises technologiques doivent coopérer avec les autorités et cesser d’être des antichambres du terrorisme », réitérant ainsi la nécessité, selon elle, d'affaiblir le chiffrement des données. Theresa May a d’ailleurs à nouveau pointé du doigt les firmes technologiques qui, selon elle, ne font pas encore assez pour aller dans ce sens.
Le discours de Theresa May, inspiré de ces faits malheureux et du contenu de la « Snooper’s Charter », suscite déjà de vives réactions au sein de la communauté des observateurs. Ceux-ci voient de nombreux dangers à l’application de cette charte qui prévoit entre autres que :
- toute firme sous l’autorité du gouvernement britannique reçoive l’interdiction de produire des logiciels mettant en œuvre le chiffrement des données ;
- tous les dépôts majeurs comme GitHub ou Sourceforge soient bloqués ;
- les moteurs de recherche ne répondent pas à des requêtes de recherche de pages Web équipées de modules de chiffrement des données ;
- la recherche académique en matière de sécurité soit arrêtée sur l’ensemble du territoire britannique et qu’elle ne se fasse que dans des environnements propriétaires ;
- tous les paquets de données entrants, sortants ou intra Royaume-Uni soient sujets à un contrôle à la chinoise afin que ceux qui sont chiffrés soient purement et simplement écartés du réseau ;
- toute personne en visite dans le pays ait son téléphone maintenu au niveau du service des douanes jusqu’à son départ ;
- le bannissement des systèmes d’exploitation gratuits et open source des milieux comme ceux de l’énergie, des banques, du commerce en ligne, etc.
Les observateurs n’ont eu de cesse et continuent à prévenir contre l’implémentation de telles mesures. Ils affirment en effet que, le fait que le gouvernement britannique veuille s’arroger de tels pouvoirs aura comme effet de mettre en danger vie privée et sécurité des populations et pire, n’aura même pas l’effet escompté sur le terrorisme.
« Ne soyons pas distraits : Internet et des entreprises comme Facebook ne sont pas responsables de toute cette haine et cette violence. Il faut cependant reconnaître que des personnes mal intentionnées peuvent abuser des outils à leur disposition. Les gouvernements et les entreprises doivent donc travailler en tandem pour lutter contre ces abus. Gardons cependant à l’esprit qu’il serait faux de penser, comme Theresa May, que le contrôle d’Internet est la triviale solution au problème du terrorisme », ont-ils ajouté.
Sources : The Independent, boingboing
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