Les fournisseurs d'Internet aux États-Unis sortent de leur silence pour tenter de rassurer leurs clients, qui craignent la vente de leur historique de navigation Web ou autres d’autres données privées.
Comme nous l’avons déjà rapporté, le Congrès des États-Unis a voté un projet de loi qui vise à enlever aux internautes une protection essentielle de leur vie privée. Le projet de loi permettra en effet aux fournisseurs d’Internet à domicile et opérateurs mobiles de partager l’historique Web et autres données privées des internautes avec les annonceurs et d’autres tiers. Il y a également de fortes chances que cette loi soit validée par le président américain, vu qu’un porte-parole de la Maison-Blanche avait déjà déclaré que Donald Trump soutenait le projet. Cela signifie que les informations relatives à tout ce que les internautes américains vont chercher ou consulter en ligne et les sites qu’ils vont visiter pourraient bientôt se trouver entre les mains des sociétés de marketing ou des organismes d’application de la loi.
Comme conséquence, il semble que les Américains envisagent déjà des solutions VPN pour s’offrir un peu plus de sécurité et une vie privée en ligne. Pendant ce temps, une collecte de fonds a été lancée par un activiste dans le but d’acheter et publier l’historique Web de ceux qui ont contribué directement ou non à l’adoption de ce projet de loi par le Congrès. Partie d’un objectif initial de 10 000 dollars, la campagne a permis de collecter, au moment de la rédaction de cet article, près de 200 000 dollars grâce à des dons de plus de 12 600 personnes. Cela traduit le sentiment des Américains à l’égard de ce projet de loi.
Étant également pointées du doigt, les entreprises de télécommunication aux États-Unis ont réagi après le vote du Congrès, parce qu’en fin de compte, cela suppose qu’elles sont déjà disposées à vendre les données des internautes sans leur consentement préalable. AT&T, Comcast et Verizon ont toutes publié un communiqué hier sur le vote du projet de loi par les deux Chambres du Congrès américain.
« Nous nous sommes engagés à ne pas partager les informations sensibles de nos clients, à moins d'obtenir leur consentement affirmatif », a déclaré Gerard Lewis, vice-président senior de Comcast, avant de souligner que les engagements de la société en matière de protection de la vie privée vont bien au-delà de la protection des informations sensibles. « Si un client ne veut pas que nous utilisions d'autres données non sensibles pour leur envoyer des publicités ciblées, nous leur offrons la possibilité de choisir de ne pas recevoir de telles annonces ciblées », ajoute-t-il.
Du côté de Verizon, c’est également le même ton. « Verizon ne vend pas l'historique personnel de navigation sur Internet de nos clients », a déclaré Karen Zacharia, responsable de la protection de la vie privée de Verizon. Elle précise par ailleurs que sa société a deux programmes qui utilisent des données de navigation Web, mais « aucun de ces programmes ne consiste à vendre l'historique personnel de navigation Web des clients ». En plus, « les clients ont le choix de participer aux deux programmes », dit-elle.
AT&T clarifie la situation et indexe les entreprises à surveiller
Dans un billet, Bob Quinn, vice-président exécutif senior d’AT&T, a défendu que son entreprise ne vend pas l’historique Web des internautes, mais avec un ton différent de celui de Comcast et Verizon. Bob Quinn commence par qualifier le vote des congressistes de « travail louable », mais qui ne va en rien changer les protections que la société offre à ses clients.
« Les protections de la vie privée offertes par AT&T sont les mêmes aujourd'hui qu'il y a cinq mois lorsque les règles de la FCC ont été adoptées », dit-il. « Nous avons les mêmes protections qu'à la veille du vote de la résolution par le Congrès, et nous aurons les mêmes protections après que le président Trump aura ratifié cette résolution. L'action du Congrès n'a eu aucun effet sur la protection de la vie privée offerte aux consommateurs ». Bob Quinn estime qu’il est également « tout à fait faux que l'action du Congrès ait éliminé toutes les protections légales régissant l'utilisation de l'information du consommateur. » Il affirme d’ailleurs que les utilisateurs soucieux de leur vie privée ne devraient pas craindre les fournisseurs d’accès Internet (FAI), mais bien d’autres entreprises.
« En vérité, les entreprises qui collectent et utilisent la plupart des informations des clients sur Internet ne sont pas les FAI, mais d'autres entreprises d'Internet », dit-il, avant de citer « les éditeurs de systèmes d'exploitation, les navigateurs Web, les moteurs de recherche et les plateformes de réseaux sociaux. »
Bob Quinn s’insurge contre le fait que les règles de la FCC que le Congrès souhaite annuler « n'avaient rien - littéralement rien - à voir avec ces entreprises [qui collectent et utilisent la plupart des informations des clients sur Internet] ou leurs pratiques ». Il conclut donc que lors de la mise en place de ces règles, « la FCC a donné aux consommateurs un faux sentiment de sécurité en limitant la façon dont les FAI - et les FAI seuls - utilisent des données d'Internet tout en sachant que d'autres concurrents sur l'écosystème Internet avaient accès et la liberté d'utiliser les mêmes données sur n'importe quelle plateforme que le consommateur utilise pour accéder à Internet. »
Par ces propos, AT&T soutient donc le projet de loi – qu’il qualifie de louable d’ailleurs – mais, parce qu’il permet d’annuler des règles qui étaient elles-mêmes inutiles et trompeuses pour les internautes. AT&T affirme toutefois que cette future loi ne pourra en rien changer sa manière d’utiliser les données de ses clients.
Sources : AT&T, Verizon, Comcast
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Le , par Michael Guilloux
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