
face à un franc fort et des salaires élevés
Automatiser ou périr, c’est la nouvelle réalité à laquelle sont confrontées les entreprises de l’industrie manufacturière en Suisse. Ces dernières ne projettent pas d’ajouter de nouveaux emplois pour les humains, au moins à court terme, et se tournent de plus en plus vers les robots. Les raisons ? Le pays subit les effets d’un franc fort et les salaires moyens annuels en Suisse sont parmi les plus élevés dans le monde. D’après les données de l’OCDE, en 2015, les Suisses gagnaient en moyenne 58 000$ par an, soit beaucoup plus que leurs pairs en Europe.

Avec l'introduction de l'euro, la Banque Nationale suisse (BNS) a adapté sa politique en fonction de l'évolution de la monnaie européenne pour soutenir l'économie suisse. À cette époque, le taux de change est de 1,50 franc suisse (CHF) pour 1 EUR, et est resté stable jusqu'en août 2011 où l'euro baisse fortement pour atteindre un taux record de 1,007 CHF/EUR. À la suite de cette évaluation massive du franc suisse par rapport à l'euro et aux principales monnaies mondiales, la BNS fixe un taux plancher pour protéger l'économie suisse des effets du franc fort. Ce taux plancher finit toutefois par être aboli en janvier 2015, et le franc suisse se retrouve alors à quasi parité avec l'euro, l'un étant légèrement plus fort que l'autre ou vice versa au gré des fluctuations du marché.
Face à un franc fort et des salaires annuels moyens parmi les plus élevés dans le monde, les entreprises suisses qui cherchent à développer leurs activités font face à un choix simple : ajouter des robots ou sortir du pays. Certains ont choisi de fermer des usines dans le pays, afin de déplacer leur production dans d’autres pays. Mais bon nombre ont opté pour l’automatisation. C’est le cas du fabricant de parfums Firmenich International SA, qui grâce à des investissements dans l’automatisation au cours des trois dernières années, a augmenté sa capacité d'un tiers sans personnel supplémentaire. Si Firmenich est resté en place, sa nouvelle installation est automatisée à 90 %. « L'automatisation est impérative si nous voulons rester compétitifs », a déclaré Gilbert Ghostine, directeur général de Firmenich. « L'usine automatisée nous a aidés à être plus flexibles et à répondre à la demande accrue, tout en maintenant les prix sous contrôle », a ajouté Anthony Schofield, qui supervise leur nouvelle usine.
D’autres entreprises essaient de pousser l’automation le plus loin possible pour rester rentables. C’est le cas du confiseur suisse Ricola AG : « Nous essayons vraiment d'automatiser non seulement nos sites de production, mais aussi notre back-office », a affirmé son directeur financier, Andreas Lindner.
Fin mars 2016, plus d'un an après la suppression du taux de change plancher entre l’euro et le franc suisse, le secteur des machines, de l'électricité et du métal en Suisse a enregistré une réduction de 3 % de son personnel à temps plein et à temps partiel par rapport à l'année précédente, d'après le lobby de l'industrie Swissmem.
Aujourd’hui, près de la moitié de tous les employés de l'industrie manufacturière suisse occupe des emplois hautement automatisés, d’après un sondage réalisé par le cabinet Deloitte en 2016. L'année précédente, un autre sondage de Deloitte, auprès de 400 entreprises suisses de construction de machines, a révélé que 70 % des répondants avaient augmenté l'automatisation en réponse au franc fort.
L’exemple de la Suisse montre encore une fois qu’en dépit des avantages attribués, de manière générale, aux robots et à l’intelligence artificielle, les conséquences négatives sur l’emploi sont bien réelles et déjà visibles. Pour le moment, ce sont les emplois manufacturiers et les moins qualifiés qui semblent plus touchés, mais de nombreux rapports montrent que des emplois intellectuels et plus qualifiés sont déjà menacés.
Si elle vient comme réponse à un franc fort et des salaires moyens élevés en Suisse, l'automatisation peut être dans de nombreux pays une solution permettant à des entreprises de faire face à des pressions similaires pour stimuler leur productivité et rester compétitives et rentables.
Source : Bloomberg
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