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La directive européenne sur le copyright pourrait transformer Google en ville fantôme
L'entreprise fait une simulation des résultats de recherche

Le , par Stéphane le calme

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15  0 
La version finale de la directive de l'Union européenne sur le droit d'auteur sera publiée la semaine prochaine. La directive vise à « harmoniser » le droit d'auteur à travers l'Europe. Toutefois, deux dispositions (articles 11 et 13) sont extrêmement problématiques et ont suscité de vives inquiétudes chez les défenseurs de la liberté d'expression et de nombreux éditeurs en ligne:

L’article 11 imposerait à Google, Bing et d’autres agrégateurs d’actualités de payer des droits de licence non remboursables lorsque de courts extraits de contenu sont présentés sur leurs sites.
L'article 13 obligerait les plateformes telles que Google, YouTube, Facebook, Twitter et autres à surveiller et à filtrer de manière proactive les téléchargements de contenu à la recherche d'une violation potentielle du droit d'auteur ou d'une responsabilité civile.

À la recherche d'une meilleure offre pour les créateurs de contenu ?

Les défenseurs de la loi soutiennent que la directive contribuera à créer un marché plus équitable et plus durable pour les créateurs de contenu et d'actualités. Ils disent qu’ils essaient de renforcer le pouvoir de négociation des éditeurs traditionnels dans leurs relations avec les grandes sociétés Internet, qui, selon eux, ont créé des entreprises « sur le dos » des éditeurs de contenu et des éditeurs de nouvelles.

Cependant, les critiques affirment que la loi est vague et erronée. Ils disent aussi que cela reproduirait les réformes du droit d’auteur qui n’avaient jamais abouti en Espagne et en Allemagne. En outre, la nouvelle loi augmenterait considérablement la censure au nom de l'application des protections du droit d'auteur, affirment-ils.


Une situation qui divisent les éditeurs. En effet, plusieurs parmi les plus grands éditeurs d’actualités et sociétés de divertissement d’Europe ont fait pression pour que les nouvelles règles soient respectées. Dans une tribune signée par les directeurs d'une vingtaine d'agences, dont l'Agence française de presse, l'agence de presse britannique et l'allemand Deutsche Presse-Agentur, ces grands éditeurs ont appelé le Parlement européen à mettre à jour la législation sur le droit d'auteur dans l'UE afin de remédier à un « déséquilibre grotesque ». « Le pillage par les géants de l'internet du contenu des médias et de leurs recettes publicitaires constitue une menace à la fois pour les consommateurs et pour la démocratie », ont-ils déclaré.

Citation Envoyé par tribune des grands éditeurs
Qui pourrait raisonnablement soutenir qu'ils ne sont pas en mesure de payer équitablement le contenu qu'ils utilisent ? Ce dont nous parlons vraiment, c'est d'introduire un paiement juste de la part de ceux qui ont volé l'actualité. Pour préserver la presse libre et les valeurs démocratiques de l'Europe, les législateurs européens devraient aller de l'avant avec la réforme du droit d'auteur.
Toutefois, de nombreux petits éditeurs s'y opposent. Les plus petits éditeurs cherchent des modifications dans le texte final pour pouvoir renoncer volontairement aux exigences en matière de licences. Ils souhaitent également que tous les liens soient exclus du champ d'application de la directive.

Le plaidoyer de Google

Richard Gingras, vice-président de Google Actualités, a fait valoir ceci

Citation Envoyé par Richard Gingras
Les règles de copyright donnent aux éditeurs d’actualités des droits sur la manière dont leur travail est utilisé. L’Europe met actuellement ces règles à jour pour l’ère numérique, c’est un mouvement que Google soutient. Toutefois, la version du Parlement européen d’une nouvelle directive sur le droit d’auteur, en particulier l’article 11 aura des conséquences inattendues pour les plus petits éditeurs de presse, limitera l’innovation dans le journalisme et réduira le choix des consommateurs européens. Nous appelons de toute urgence les décideurs politiques à y remédier dans le texte final de la directive.

Soyons clairs sur un point: l’article 11 vise à protéger les journalistes et leur travail, et nous sommes d’accord avec cet objectif. Nous tenons à soutenir le secteur de l'information au sens large, car le journalisme est essentiel au fonctionnement d'une démocratie libre. Et nous avons construit Google pour offrir à tous un accès égal à l'information.

Toutefois, l’article 11 pourrait modifier ce principe et imposer aux services en ligne de conclure des accords commerciaux avec des éditeurs afin d’afficher des hyperliens et de courts extraits d’actualités. Cela signifie que les moteurs de recherche, les agrégateurs d’actualités, les applications et les plateformes devraient mettre en place des licences commerciales et décider du contenu à inclure sur la base de ces contrats de licence et de celui à supprimer.

En effet, des entreprises comme Google seront mises au défi de choisir des gagnants et des perdants. Les services en ligne, dont certains ne génèrent aucun revenu (par exemple, Google Actualités), devront choisir quels éditeurs ils traiteront. À l'heure actuelle, plus de 80 000 éditeurs de presse du monde entier peuvent apparaître dans Google Actualités, mais l'article 11 réduirait considérablement ce nombre. Et il ne s’agit pas que de Google, il est peu probable qu’une entreprise puisse octroyer une licence à chaque éditeur d’actualités de l’Union européenne, en particulier compte tenu de la très large définition proposée.

Cela profiterait surtout aux grands acteurs. Selon une analyse, en Allemagne, les petits éditeurs toucheraient moins de 1% des revenus générés par un droit d'auteur dit accessoire - alors que le plus grand groupe d'édition en recevrait 64%. Les salles de rédaction plus petites et la diversité globale des informations en ligne en seront affectées.
Une simulation de ce à quoi ressembleraient les résultats de recherche

Google teste actuellement un nouveau modèle de page de résultats de moteur de recherche (SERP - search engine results page) dans lequel la directive européenne sur le droit d'auteur est appliquée aux résultats de recherche répertoriés « afin de comprendre l'impact de la proposition de directive européenne sur le droit d'auteur sur nos utilisateurs et nos éditeurs partenaires », selon Search Engine Land.

Comme le montrent les captures d'écran SERP, les résultats de recherche de Google ressembleront à une ville déserte, sans titre d'article, aucune image ni résumé d'informations, ou « comme des pages dont le chargement complet a échoué ».


Sources : SEL, Google

Voir aussi :

Le monde va-t-il s'arrimer au plan S, l'initiative européenne qui promeut le libre accès aux publications scientifiques ?
La bataille dans le domaine de l'IA fait de plus en plus rage entre l'Europe, la Chine et les USA d'après rapport annuel AI Index 2018
Les experts de l'Union européenne publient le premier draft sur les lignes directrices d'une IA éthique, la version finale est attendue en mars 2019
IA : l'Europe en tête en termes de publication de documents de recherche devant les États-Unis et la Chine, selon un récent rapport
UE : les États membres vont collaborer pour stimuler l'intelligence artificielle « fabriquée en Europe », pour combler le retard pris sur les USA

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Avatar de tomlev
Rédacteur/Modérateur https://www.developpez.com
Le 26/09/2019 à 10:33
Le gouvernement a appelé mercredi à « une véritable négociation globale » entre Google et les agences et éditeurs de presse, jugeant « pas admissible » que le géant américain tente d’échapper aux dispositions de la nouvelle loi française sur les droits d’auteur en modifiant l’affichage des contenus d’actualité.
En quoi ce n'est "pas admissible" ? On demande à Google de payer pour afficher le contenu des articles, il décide de ne pas l'afficher et donc de ne pas payer. Je ne vois pas où est le problème.
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Avatar de defZero
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 25/09/2019 à 22:28
[LOL]Dans leurs gueules, à tous ces journaux rentier et re-pompeur de contenu [/LOL]
Non, plus sérieusement, loin de moi l'idée de défendre Google de façon générale, mais il faut avoué que sur ce coup là Google à raison.
On leurs demandes de payer pour utiliser de cours extraits et des miniatures.
Google dit ok donc on va arrêter d'utiliser de cours extraits et des miniatures et la dessus le ministre Français et les "ayant droit" viennent ce plaindre qu'il ne vont pas recevoir de rentes .
Je sais pas ce qu'ils fument ces gens mais à mon avis c'est pas légale .
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Avatar de bk417
Membre actif https://www.developpez.com
Le 25/10/2019 à 14:07
Ils sont gonflés d'inverser les choses.
Ils admettent que Google leur apporte de l'audience mais veulent en plus qu'il les paye, énorme !

Comme si les kiosques devaient payer pour pouvoir vendre des journaux.
Comme si Allociné devait payer pour pouvoir lister les films au cinéma.
Comme si le guide Michelin devait payer les restaurants dont il fait la promotion.
Comme si Autoplus devait payer les constructeurs automobile pour pouvoir parler de leurs voitures.
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Avatar de tatayo
Expert éminent sénior https://www.developpez.com
Le 26/09/2019 à 10:59
Le jour où une autoroute gratuite deviendra payante, ils s'insurgeront contre les automobilistes qui décideront de ne plus l'emprunter, et qui prendront la nationale.

Tatayo.
12  0 
Avatar de Cpt Anderson
Membre émérite https://www.developpez.com
Le 25/10/2019 à 15:27
Non seulement Google emmène du trafic sur les sites internet de ces médias (de propagandes) mais en plus il faut quand même souligner que 95% des articles de presses sont de simples reprises de l'AFP.
13  1 
Avatar de fatbob
Membre éclairé https://www.developpez.com
Le 06/02/2019 à 16:15
> Que pensez-vous de la direction que prend la réforme du droit d'auteur ?
Ça fait longtemps que ça vire au délire complet. Comme d'habitude on essaie d'assoir les dominants du marché en traitant les citoyens lambda comme des délinquants. Quelque soit le niveau d'abus des intermédiaires et l'absurdité du système en place, on force encore et toujours plus dans la direction de la répression des petits acteurs (car ce ne seront pas Google et compagnie qui seront les plus gênés par ces lois. Avec des risques d'amendes qui se chiffrent en pouillèmes de bénéfices nets et des centres de recherches qui leur permettront d'avoir les moteurs de filtrage les plus efficaces, ils n'ont pas de quoi s'inquiéter vraiment.

Quelles sont les implications des critères fixés par la France et l’Allemagne ?
Des emmerdes pour tous les acteurs secondaires qui n'auront pas les moyens de mettre en place des filtrages efficaces
Des emmerdes pour les auteurs qui risquent plus que jamais d'être considérés comme des faux positifs

Pourquoi la France défend-elle si fermement les filtres automatiques des contenus mis en ligne ?
Parce qu'on a une longue tradition du copinage entre l'état et la sacem
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Avatar de raphchar
Membre éclairé https://www.developpez.com
Le 22/11/2019 à 13:29
Si j'étais Google, je serais tenté d'annoncer le changement suivant « Il va falloir payer pour être référencé sur Google News. Car après tout ce service doit bien être financé. Ce n'est pas admissible que la presse profite d'un service gratuit ! »
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Avatar de Neckara
Inactif https://www.developpez.com
Le 15/04/2019 à 15:42
malgrégrâce à un lobbying intense des grandes enseignes du numérique ayants droits

Voilà, sous-titre corrigé.
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Avatar de Fab le Fou
Membre régulier https://www.developpez.com
Le 26/09/2019 à 10:53
Pour une fois, je soutiens Google, et plus généralement le droit de faire un lien vers une source externe, sans risquer d'être inquiété.

D'ailleurs dans le cas inverse et en toute logique, il faudrait généraliser aux autres résultats des moteurs de recherche, agrégateurs, etc.

Le plus ridicule est que ces mêmes médias qui refusent d'être gratuitement visibles sur GG News passent leurs journées à donner gratis leurs articles à FB & co et incitent leurs lecteurs à partager leurs contenus sur les réseaux sociaux...
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Avatar de Ecthelion2
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 27/03/2019 à 15:44
Citation Envoyé par Sodium Voir le message
moi je te parle plutôt des intermitents qui aimeraient déjà parvenir à se verser un SMIC.
Parce que si un Youtubeur utilise 3s de leur travail pour illustrer un propos ou un blague, cela joue sur leur salaire qu'ils ont déjà touché pour ce travail en question ?

Il dit qu'il voit pas le rapport...

Surtout que les claims de vidéos, dans 95% des cas facile, c'est pas le petit intermittent inconnu qui le fait (il n'a clairement pas le temps ni les moyens de passer son temps sur Youtube à aller regarder toutes les vidéos pour faire des claims manuels), c'est les grosses maisons de productions pour des trucs hyper connus qui ont rapporté des millions... Faut arrêter de se moquer du monde 5mn quand même.

Surtout que le Youtubeur va vouloir que sa référence parle au plus grand nombre, il va donc en général utiliser un truc archiconnu donc pas le travail d'un illustre inconnu trouvé au fin fond du web. ^^

Quand un Youtubeur utilise 5s de la bande son d'un film comme Indiana Jones ou Star Wars, donc des films qui ont été rentabilisé depuis des années, et dont l'utilisation de ces 5s de bande son ne portera aucun préjudice sur des ventes quelconques et dont toutes les personnes qui ont travaillé dessus ont déjà été payées (voir sont mortes pour certaines), faut m'expliquer en quoi lui prendre tous les revenus de son travail à lui (autre que ces 5s de bande son), est juste ?

Sachant qu'il faut arrêter de voir tous les Youtubeurs comme des superstars qui sont blindés hein, en France ils ne sont pas très nombreux à en vivre (d'ailleurs aucun ne vit des revenus des visionnages, c'est les abonnements, les dons, le merchandising, les sponsors et opérations spéciales qui les font vivre pour ceux qui s'en sortent, et tout cela ils l'ont gagné via leur travail de création de façon général, pas juste en utilisant 3s de bande son ou de film par-ci par-là ).

Je pense qu'il y a une légère confusion avec le piratage pour le coup, où là oui, il pourrait y avoir perte de revenus (même si la aussi moindre que ce qu'affirme les maisons de productions et où c'est en effet plus problématique pour les petits indépendants).
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