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Un rapport interpelle sur l'augmentation de la manipulation des médias sociaux à l'échelle mondiale
Les techniques utilisées se diversifient

Le , par Stan Adkens

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Le 4 juillet dernier, une proposition de loi pour lutter contre les « fausses informations » en France qui était prête environ quatre mois avant, a finalement été adoptée par les députés pour lutter contre la « manipulation de l'information ». Le contexte de ce changement se trouve dans les dires d’un député de La République en marche, Pieyre-Alexandre Anglade, quand il rappelait en juin dernier que « pour 40 000 euros, vous pouvez lancer des opérations de propagande politique sur les réseaux sociaux et pour quelques milliers d'euros, vous pouvez acheter des dizaines de milliers de commentaires haineux ou de followers sur Twitter ». « À ce prix-là, la relation de confiance entre les citoyens et leurs élus se trouve sapée », disait-il.

Pas plus tard que le 16 juillet, le Network Working Group de l'IETF, organisme chargé de l'élaboration et la promotion des standards Internet, s'excusait pour les dérives constatées ces dernières années sur Internet et basées sur les médias sociaux. On pouvait lire dans une note : « Récemment, vous avez peut-être remarqué une augmentation spectaculaire du nombre d'opprobres, d'indignations, de discours de haine et d'amertume générale sur votre média social préféré. Les Anciens de l'Internet s'excusent sans réserve pour cette perturbation ». L’organisme a, par ailleurs, essayé de donner quelques solutions pour atténuer les effets de ce phénomène pernicieux, tout en écrivant, « Notez qu'aucune d'entre elles n'est une "solution"… »


Tout ceci montre bien que la tendance de la manipulation des médias sociaux est progressivement en hausse et préoccupe au plus haut point, non seulement, des Etats, mais également, des organismes de gestion de l’Internet, et autres.

L'Oxford Internet Institute (OII) à l'Université d'Oxford a, par ailleurs, consacré une étude à ce fait et le rapport est disponible. Ce rapport souligne malheureusement que malgré les efforts de lutte contre ces dérives sur les réseaux sociaux, le problème continue de se développer à grande échelle.

Le rapport note que le phénomène se propage davantage dans de nombreux pays et indexe les partis politiques comme étant la cause de sa croissance rapide. « Le nombre de pays où la manipulation des médias sociaux est formellement organisée a considérablement augmenté, passant de 28 à 48 pays dans le monde », explique Samantha Bradshaw, co-auteur du rapport. « La majorité de la croissance provient des partis politiques qui propagent la désinformation et les nouvelles indésirables autour des périodes électorales. Plus de partis politiques apprennent des stratégies déployées pendant le Brexit et l'élection présidentielle américaine de 2016 : plus de campagnes utilisent des bots Internet, de nouvelles indésirables et de la désinformation pour polariser et manipuler les électeurs. »

C’est un fait déconcertant, mais c’est malheureusement la tendance en ce moment sur les différents réseaux sociaux. La manipulation de l'opinion publique sur les plateformes de médias sociaux a émergé comme une menace critique pour la vie publique. A travers le monde entier, des partis politiques, des organisations ainsi que des particuliers exploitent des plateformes de médias sociaux pour répandre des fausses nouvelles et la désinformation, et sapent la confiance dans les médias, les institutions publiques et la science.

Le phénomène est d’autant persistant et sérieux que les efforts des gouvernements pour venir à bout à ce mal, à travers l’introduction de nouvelles législations, sont restés sans effets. Les efforts sont, par ailleurs, utilisés contre les Etats, dans certains cas. « Le problème est que ces « groupes de travail » pour combattre les fausses nouvelles sont utilisés comme un nouvel outil pour légitimer la censure dans les régimes autoritaires », explique le professeur Phil Howard, co-auteur et lead researcher du projet Computational Propaganda de l'OII. « Au mieux, ces types de groupes de travail créent des contre-récits et des outils de construction pour la sensibilisation des citoyens et la vérification des faits. »

Les moyens de diffusion utilisés par les auteurs de ces propagandes se diversifient au fur et mesure que la technologie évolue. Les chats sont progressivement mis à contribution pour le partage de fausses nouvelles. « Il existe des preuves que les campagnes de désinformation se déplacent vers des applications de chat et des plateformes alternatives », explique Bradshaw. « Cela devient de plus en plus courant dans les pays du Sud, où les grands groupes publics sur les applications de chat sont plus populaires. »

Le rapport révèle néanmoins que les comptes de bots Internet resteront les moyens privilégiés. De faux comptes sont également utilisés pour travestir des contenus et des comptes légitimes en les signalant en grande masse, ce qui entraîne leur retrait temporaire. Les chercheurs avertissent, d’ailleurs, que les techniques continueront à évoluer. « Nous soupçonnons que des innovations continueront d'émerger alors que les plateformes et les gouvernements prennent des mesures légales et réglementaires pour freiner ce type d'activité », explique Howard.

Le rapport note que la manipulation de l’information est une affaire très lucrative qui mobilise de gros « sous ». « Nous estimons que des dizaines de millions de dollars sont dépensés pour ce type d'activité », explique Howard. « Une partie de l'argent peut être dépensé pour de la publicité légitime sur les médias sociaux, mais il y a certainement une industrie en croissance pour les faux comptes, les commentateurs en ligne et les bots politiques. »

Source : Phys.org, Rapport

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