« Je ne fais plus partie de la communauté Linux kernel », annonce un membre respecté
Qui évoque un style de communication brutal
Le 2015-10-06 13:15:02, par Michael Guilloux, Chroniqueur Actualités
Linux est le plus grand projet de collaboration au monde dans l’histoire de l’informatique. Une large communauté de développeurs et de nombreuses entreprises travaillent de concert pour le développement du système qui s’invite de plus en plus dans de nombreuses plateformes. L’open source étant un modèle de partage et d’entraide dans le milieu de l’informatique, ces valeurs doivent s’accompagner d’un style de communication visant à encourager les développeurs qui s’y investissent. Il semble toutefois que ce n’est pas le cas au sein de la communauté Linux kernel.
À plusieurs reprises, le chef de la communauté, Linus Torvalds a fait preuve d’une violence verbale envers des développeurs et des sociétés, à chaque fois qu’il était question de Linux. On se rappelle par exemple du fameux « Fuck you ! » adressé à NVIDIA à cause d’une incompatibilité du matériel de la société avec Linux, ou encore des propos agressifs contre un développeur de Red Hat pour avoir proposé un patch pour le support du Secure Boot dans le kernel. Ce style de communication semble être celui adopté par les seniors de la communauté Linux kernel pour s’assurer que le travail soit bien fait par les développeurs ; et il y a au moins un membre de la communauté qui a fini par craquer.
Hier, sur son blog, Sarah Sharp, développeuse techniquement respectée de la communauté Linux et distinguée en tant que Red Hat’s Women de l’Open Source Award en 2015, a annoncé qu’elle fermait définitivement la porte à la communauté. « Je ne fais plus partie de la communauté Linux kernel », a-t-elle écrit. La développeuse open source explique que son billet de blog gardé au brouillon depuis l’année dernière devait maintenant être publié, en ce moment qu’elle trouve opportun.
Cette décision signifie la fin de toute contribution, qu’il s’agisse d’envoyer un nouveau patch, un rapport de bug, ou de faire une suggestion à une liste de diffusion du noyau Linux. Sarah occupait de nombreuses responsabilités au sein de la communauté à savoir mainteneuse du noyau Linux, coordinatrice Linux kernel du programme Outreach Program for Women (OPW), et actuellement membre du Technical Advisory Board (TAB) de Linux Foundation. Depuis 2014, elle a silencieusement transféré certaines de ses responsabilités pour que la relève soit assurée dès son départ, et ne compte donc pas se présenter pour une réélection au sein du TAB alors que son mandat arrive bientôt à terme.
En somme, elle s’insurge contre un style de communication « brutal » et sans respect des êtres humains. On peut bien le ressentir à travers ses propos :
Voici entre autres, ce que Sarah Sharp reproche à la communauté Linux kernel. Elle estime que ce style de communication ne lui convient pas. Elle aurait souhaité que le style de communication au sein de la communauté du noyau Linux soit plus respectueux, et que les mainteneurs trouvent des moyens plus sains de communiquer quand ils sont frustrés. Mais selon elle, c’est quelque chose qui risque de ne pas se produire de sitôt. Après une longue période de réflexion, elle a donc décidé de quitter définitivement la communauté.
Source : Sarah Sharp
Et vous ?
Êtes-vous un développeur/contributeur du noyau Linux ? Que pensez-vous des remarques évoquées par Sarah Sharp ?
Forum Linux
À plusieurs reprises, le chef de la communauté, Linus Torvalds a fait preuve d’une violence verbale envers des développeurs et des sociétés, à chaque fois qu’il était question de Linux. On se rappelle par exemple du fameux « Fuck you ! » adressé à NVIDIA à cause d’une incompatibilité du matériel de la société avec Linux, ou encore des propos agressifs contre un développeur de Red Hat pour avoir proposé un patch pour le support du Secure Boot dans le kernel. Ce style de communication semble être celui adopté par les seniors de la communauté Linux kernel pour s’assurer que le travail soit bien fait par les développeurs ; et il y a au moins un membre de la communauté qui a fini par craquer.
Hier, sur son blog, Sarah Sharp, développeuse techniquement respectée de la communauté Linux et distinguée en tant que Red Hat’s Women de l’Open Source Award en 2015, a annoncé qu’elle fermait définitivement la porte à la communauté. « Je ne fais plus partie de la communauté Linux kernel », a-t-elle écrit. La développeuse open source explique que son billet de blog gardé au brouillon depuis l’année dernière devait maintenant être publié, en ce moment qu’elle trouve opportun.
Cette décision signifie la fin de toute contribution, qu’il s’agisse d’envoyer un nouveau patch, un rapport de bug, ou de faire une suggestion à une liste de diffusion du noyau Linux. Sarah occupait de nombreuses responsabilités au sein de la communauté à savoir mainteneuse du noyau Linux, coordinatrice Linux kernel du programme Outreach Program for Women (OPW), et actuellement membre du Technical Advisory Board (TAB) de Linux Foundation. Depuis 2014, elle a silencieusement transféré certaines de ses responsabilités pour que la relève soit assurée dès son départ, et ne compte donc pas se présenter pour une réélection au sein du TAB alors que son mandat arrive bientôt à terme.
En somme, elle s’insurge contre un style de communication « brutal » et sans respect des êtres humains. On peut bien le ressentir à travers ses propos :
- « Je me suis finalement rendu compte que je ne pouvais plus contribuer dans une communauté où je me trouvais techniquement respectée, mais je ne pouvais pas demander le respect personnel » ;
- « Je ne pouvais pas travailler avec des gens qui ont encouragé les nouveaux arrivants à envoyer des patchs, puis soutenu que les responsables devraient être autorisés à cracher n'importe quel mot ignoble », pour s’assurer que le travail soit bien fait ;
- « Je ne voulais pas travailler professionnellement avec des gens qui étaient encouragés à sortir des blagues sexistes ou homophobes subtiles » ;
- « Je me sens impuissante dans une communauté qui a eu un " Code de conflit " sans une liste précise des comportements à éviter et une communauté sans dents pour la faire respecter » ;
- « Les mainteneurs du noyau Linux sont souvent carrés, grossiers ou brutaux pour obtenir leur travail accompli » ;
- « Les tops développeurs du noyau Linux crient souvent sur les autres afin de corriger le comportement de l'autre ».
Voici entre autres, ce que Sarah Sharp reproche à la communauté Linux kernel. Elle estime que ce style de communication ne lui convient pas. Elle aurait souhaité que le style de communication au sein de la communauté du noyau Linux soit plus respectueux, et que les mainteneurs trouvent des moyens plus sains de communiquer quand ils sont frustrés. Mais selon elle, c’est quelque chose qui risque de ne pas se produire de sitôt. Après une longue période de réflexion, elle a donc décidé de quitter définitivement la communauté.
Source : Sarah Sharp
Et vous ?
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ithelMembre avertiJe comprends ton point de vue, mais mon expérience en tant que développeur au sein de différentes équipes m'ammène à une conclusion bien différente.
D'une part il faut distinguer dire les choses clairement et les dire en étant désagréable. Tout le monde sera je pense d'accord pour dire qu'il vaut mieux être carré dans son expression, ne serait ce que pour éviter les incompréhensions.
Mais cette nécessité ne devrait pas constituer une excuse pour se comporter comme un connard (là je ne te vise pas directement mais, à défaut d'autre mot, je crois que c'est le terme qui représente le mieux ce que j'ai en tête pour désigner les comportements auxquels je pense). Il ne s'agit pas de voiloir être agréable, il s'agit de ne pas mettre une pression telle que plus personne n'ose dire quoique ce soit.
En général, dans ce genre de contexte j'ai remarqué deux choses :
- certains développeurs n'osent plus poser de questions de peur de se faire rembarrer, ceux ci vont donc réaliser leurs développements sans partager leurs doutes quitte à faire fausse route. Résultat : des temps de développement plus élevés que d'habitude. Et je parle même pas des autres équipes qui vont tout faire pour ne pas demander directement les informations dont elles ont besoin. Ça ça peut se payer très cher à moyen terme.
- d'autres ne supportent tout simplement pas ce genre d'ambiance et risquent de quitter le projet précocément (la preuve avec cette histoire).
J'ai aussi eu la chance d'intégrer des projets où les développeurs étaient tous excellents et agréable à cotoyer. Là, les informations circulent plus rapidement, les développements sont de meilleure qualité parce que tout le monde cherche à s'améliorer en demandant les avis des uns et des autres, et les gens sont plus heureux et restent donc plus longtemps. Pour cette raison je pense que tu as tort de penser que les normes culturelles sont inutiles. Elles définissent le cadre dans lequel tu es censé interagir avec les autres. Si tu t'en écartes trop personne ne voudra interagir avec toi, or un projet en général ça se fait à plusieurs.
La communication dans notre boulot c'est très important, et on a tous intérêt je pense à faire attention au fond comme à la forme. Où alors on constitue des communautés de sociopathes et il ne faut pas s'étonner que si peu de développeurs acceptent d'investir du temps dans des projets open source.le 06/10/2015 à 16:56 -
BufferBobExpert éminentDernière modification par Michael Guilloux ; Aujourd'hui à 14h39. Motif: traduit en français
laquelle chanson dit dans son premier couplet :
This is a man's world
This is a man's world
But it would be nothing, nothing
Without a woman or a girlle 06/10/2015 à 14:54 -
djujuMembre éprouvéTon commentaire me fait tout simplement halluciner. Je suis désolé, je vais être cash, mais si c'est le genre de management que tu appliques, tu n'as rien à faire à un poste comme ça.
Je dirige une équipe de 20 ing. 50% dév, le reste entre électro et méca. Jamais je n'ai appliqué ce genre de méthode. Donner une deadline raisonnable devrait être une pression suffisante.
Tes employés manquent de motivation, demandes toi pourquoi. Sont-ils bien payé ? Donnes-tu des augmentations au mérite ? Au besoin, vas-tu défendre ces augmentations auprès de ta direction ?
Personnellement, je m'assure qu'un employé ait toujours au moins le taux d'inflation en augmentation. Si un personne donne plus que la moyenne ou que son expertise augmente, je me débrouille pour que son salaire suive.
Oui je vais au front. Oui mes boss essayent toujours d'en donner moins, mais si les raisons sont bonnes et que tes arguments sont convaincants, ça passe. Et si ça passe pas, changes de chaumière.
Bien sur il n'y a pas que le salaire, j'essaye d'être le plus flexible possible, dans la limite de mes objectifs. Je leur laisse des horaires variables. Certains sont plus de matin, d'autre du soir. Je n'oblige personne à faire des heures sup, mais si quelqu'un les fait, je le reconnais et je ne demande pas de feuille de congés quand les prof sont en gréve (p.ex.).
Honnêtement, je n'ai que des gens motivés dans mon équipe. Après, il y en a qui n'y arrivent pas. Dans ce cas, je fais le point. J’essaie de les replacer sur des sujets sur lesquels ils sont plus compétents. On met un plan d'action en place et on se rencontre à nouveau après quelques temps. Malheureusement, si ça ne fonctionne pas, je dois les renvoyer. Mais c'est très rare (2x dans ma carrière).
Bref, penser que ce genre de management à la française (qu'on appelle à tord à l'américaine) est normal et nécessaire est tout simplement idiot.le 06/10/2015 à 19:28 -
ptah35Membre éclairéQu'il puisse arriver, dans une discussion passionnée, que des mots dépassent la pensée et que des insultes soient proférées, cela est compréhensible et tout à fait pardonnable dans la mesure où cela n’est pas une habitude et que des excuses soient présentées une fois que la tension est redescendue.
Lorsque des insultes et un langage agressif ou humiliant sont utilisés à dessein et de manière systématique, cela devient une atteinte à la dignité humaine et cela rien ne peut l'excuser; ni l'obéissance passive ni la volonté, sans doute louable, d'obtenir une qualité aussi élevée que possible. En aucun cas la fin ne devrait justifier les moyens.le 07/10/2015 à 17:22 -
BufferBobExpert éminentvoilà comment tout s'aggravait en un quart d'heure...
finalement c'est un peu le coeur du problème, "ce que moi je dis" VS "comment l'autre peut-il interpréter mes propos ?", entre les deux on trouve l'humilité, la capacité à une certaine empathie, les dimensions de l'ego, la susceptibilité, le manque de retenue, la fierté mal placée etc. etc. autant de belles qualités humaines qui catalysent vers le conflit
si le langage est source de malentendus, il est également l'un des vecteurs du respect envers autrui (voire le principal dans le cas des discussions par écran interposé), pas le respect que l'on gagne, mais celui qui est censé être dû à tout un chacun au nom de la cohabitation sociale et de la civilité, à ce titre faire attention de ne pas heurter sans ménagement ses interlocuteurs est me semble-t-il la moindre des politesses, et loin d'être des ronds de jambe inutiles
évidemment personne n'est parfait et entre les bégueules et les énervés il faut partir du principe que les écarts sont possibles, mais il est tout de même bien plus fréquent de lire des torrents de mauvaise foi ou de fierté ma placée pour avoir le dernier mot que d'observer les compétences visant à désamorcer les situations conflictuelles, à "laisser courir" ou à faire amende honorable...
...et c'est très masculin; l'homme a souvent tendance à vouloir modifier son environnement pour qu'il lui convienne, là où la femme a plus tendance à composer avec, peut-être que le secret est là finalement... pour plagier le célèbre poète contemporain Pirelli : sans maitrise, la testostérone n'est rien.
en tous cas concernant Linus T. et la lkml, ses coups de gueules et le ton qu'il emploie sont devenus légendaires au fil du temps et on ne peut clairement pas parler de simples écarts, c'est devenu presque une marque de fabrique voire une étiquette qui risque de coller longtempsle 07/10/2015 à 2:50 -
imperioMembre émériteJe n'aime décidément pas ta logique. Pour reprendre une phrase dit et répétée partout "On te dit de sauter d'un pont, tu le fais ?". En l'occurrence ce serait plutôt "On te dit de pousser quelqu'un du pont, tu le fais ?". Non, clairement, si la boîte qui t'embauche te donner de "maltraiter" ceux qui travaillent "sous tes ordres", c'est qu'il y a un souci. La performance ne vient pas du tout comme ça, ça n'aurait aucun sens. Les gens qui vont au boulot en traînant des pieds ne sont jamais performants.
Bref, je trouve ton post vraiment très inquiétant et espère ne jamais tomber sur un supérieur qui suivrait cette logique.le 07/10/2015 à 11:07 -
chrtopheResponsable SystèmesCa m'étonnes pas, c'est devenu malheureusement la norme, le management agressif aux limites du harcèlement moral. Mais dites-moi ils sont payés les contributeurs Linux ? ben non ils sont bénévoles. et que se passe t'il quand on donne son temps et qu'on se trouve fasse à des comportements tels que cela ? ben on fait autre chose, comme la femme concernée par ce POST. Quand ils resteront entres eux,; ils pourront tous se passer mutuellement de la pommade. Et cette femme pourra apporter ses compétences à un autre projet.le 06/10/2015 à 20:41
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djujuMembre éprouvéEn fait sur le noyau, une bonne partie l'est. C'est RedHat et autres Sun qui allouent des ressources car ils ont un intérêt commercial sur le projet.le 06/10/2015 à 20:48
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DonQuicheExpert confirméBen voyons ! Ce style de management, car c'est ce dont il s'agit, est tout simplement adopté par les trous du cul sadiques qui aiment écraser les autres individus pour pallier leurs complexes et se sentir puissants.
Et ce type de comportement n'est pas l'apanage du monde de l'entreprise.
Je lui reconnais toutefois son efficacité : la plupart des êtres humains travaillent mieux à la baguette et prennent plaisir à cette soumission. Ce qui ne rend pas moins odieux ces comportements..le 06/10/2015 à 23:00 -
djujuMembre éprouvéL'alternative étant de ne travailler qu'avec des gens si soucieux de bien faire qu'ils prennent eux-même l'initiative de s'en donner les moyens.
As-tu déjà fait un tour dans la section emploi de DVP? Il y a plein d'histoires de mecs qui font 50-60h/s pour 37k, avec un chef qui ne t'aide pas à changer de projet quand tu en as marre (qui fait même de la rétention quand tu veux partir) et qui en plus te met une pression de malade.
Les gens se démotivent et le boulot devient alimentaire.Tes vingt ingés me font rire, ta supposée expérience aussi.Maintenant je vais te rassurer : ce n'est pas moi qui décide comment je fais.
Quand j'accepte un poste et qu'on me dit "ici, on fait comme ça" pas de problème, j'obéis.
Quand j'accepte un poste et qu'on me dit "ici, on fait comme ci" pas de problème, j'obéis aussi.Il faut parler comme ça était le mot d'ordre.
Si j'agis comme ça au Canada ou aux USA:
1 - Je perdrais rapidement mes employés parce qu'ils n'ont qu'à mettre leur profil LinkedIn à jour pour que le travail vienne à eux
2 - La réputation de la boite chuter et à moyen terme on ne trouvera plus personne
3 - Je me fais virer parce que je rempli pas les objectifs et qu'ici "on fait pas comme ça"le 07/10/2015 à 13:18