La valeur du bitcoin a chuté d'un pic de près de 70 000 dollars à un plus bas de 16 000 dollars depuis l'effondrement de la bourse de cryptomonnaies FTX, ce, avant de se stabiliser à environ 17 000 dollars. Cette forte variation du prix de la cryptomonnaie est venue raviver un débat qui a cours depuis des années : les cryptomonnaies sont-elles une gigantesque chaîne de Ponzi ? Sont-elles le socle d’une révolution monétaire amorcée ? Les avis divergent sur ces questions. D’ailleurs, des défenseurs des cryptomonnaies pointent du doigt la baisse de l’euro face au dollar américain comme un motif valable de remise en question de l’actuel système monétaire.
Les responsables de la BCE sont d’avis que les cryptomonnaies comme le bitcoin sont des schémas de Ponzi. C’est un avis qui rejoint celui de Rabi Sankar de la Banque centrale de l’Inde : « Les cryptomonnaies ont été spécifiquement développées pour contourner le système financier réglementé et ne sont adossées à aucun flux monétaire sous-jacent. Nous avons également vu que les cryptomonnaies ne se prêtent pas à une définition en tant que monnaie, actif ou marchandise ; elles n'ont pas de flux de trésorerie sous-jacent ; elles n'ont pas de valeur intrinsèque ; qu'elles s'apparentent à des systèmes de Ponzi, et peuvent même être pires. »
Ces sorties se font dans un contexte de comparaisons entre des monnaies soutenues par le système monétaire classique comme l’euro et le dollar (dont les banquiers font l’éloge de la stabilité). « La raison pour laquelle le dollar a une valeur est que le gouvernement américain a un monopole légal sur la production du dollar. Dans le monde des monnaies virtuelles et des cryptomonnaies, il existe des milliers de ces pièces de monnaie de type ordure. Des gens se sont littéralement fait escroquer pour des dizaines de milliards de dollars et la SEC s'est vue obligée de s’impliquer dans la répression de ce phénomène », indique le président de la Banque de la Réserve fédérale américaine.
Néanmoins, les fluctuations du cours de l’euro face au dollar américain servent de motif aux défenseurs des monnaies cryptographiques comme le bitcoin pour remettre en question l’actuel système monétaire. L'euro a un peu plus de 20 ans, mais déjà son histoire est mouvementée. Depuis sa création en 1999, la monnaie unique a connu des hauts et des bas. Après avoir surmonté une certaine fragilité initiale (en octobre 2000, l'euro ne valait plus que 0,85 dollar), l'euro a entamé une solide phase de remontée le conduisant à 1,60 à l'été 2008. Avec la crise financière de 2008, qui se transforme, dans la zone euro, en crise des dettes souveraines, la monnaie unique baisse, mais la politique de la Banque centrale européenne (BCE) et les efforts budgétaires des pays membres contribuent à la stabiliser. En 2022, en revanche, la baisse s'accélère et conduit la monnaie unique en automne en dessous de la parité avec le dollar.
Début 2022, deux événements font vaciller la monnaie unique. D'abord l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, puis l'annonce, aux États-Unis, d'un plan de relance massif de l'administration Biden en mars 2022, certes réduit depuis. L'euro, proche de 1,2 dollar à ce moment, entre dans une dynamique baissière et franchit un premier palier à 1,13 dollar. Sur fond de perspectives d'arrêt des livraisons de gaz russe et de la remontée des taux américains pour lutter contre l'inflation durant les mois d'été 2022, d'autres paliers cèdent successivement jusqu'à une relative stabilisation autour d'un euro pour un dollar en septembre 2022.
Le bitcoin a cours légalement au Salvador depuis la mi-parcours de l’année précédente. Le projet de loi du président Nayib Bukele du Salvador, afin de donner un cours légal au bitcoin dans son pays, a fait l’objet d’approbation le 9 juin par le Congrès du pays. Par 62 voix sur 84, le Salvador devient le premier pays à approuver une loi donnant cours légal au bitcoin. Cette dernière a pour objet la régularisation du bitcoin comme monnaie à cours légal, sans restriction avec pouvoir libératoire, illimité dans toute transaction. La valeur d’une monnaie repose sur la confiance qu’on lui accorde. C’est sur ce principe que les défenseurs des monnaies cryptographiques s’appuient pour les voir comme socle d’une révolution monétaire susceptible d’être accélérée par leur adoption à plus grande échelle par des pays.
Source : BCE
Et vous ?
En quoi les griefs des Banques centrales à l’endroit des cryptomonnaies sont-ils pertinents ?
Les défenseurs des monnaies cryptographiques ont-ils raison de dire que les griefs que les Banques centrales portent à l’endroit des cryptomonnaies sont les mêmes qu’ils peuvent opposer aux monnaies émises par l’actuel système monétaire ?
Une adoption plus large des cryptomonnaies par les pays est-elle susceptible de contribuer à éliminer les tares que les critiques soulèvent à leur encontre ?
Le terme Ponzi est-il adapté comme qualificatif pour les monnaies cryptographiques ?
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Le , par Patrick Ruiz
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