Une chercheuse se faisant passer pour une fille de 13 ans a été témoin de grooming (l'action d'un pédophile de préparer un enfant à une rencontre, notamment via un forum de discussion sur Internet, dans l'intention de commettre une infraction sexuelle), de matériel sexuel, d'insultes racistes et d'une menace de viol dans le monde de la réalité virtuelle. La NSPCC (National Society for the Prevention of Cruelty to Children), une association caritative britannique pour la protection des enfants, s'est dite « choquée et en colère » par les découvertes.
Le responsable de la politique de sécurité des enfants en ligne, Andy Burrows, a ajouté que l'enquête avait révélé « une combinaison toxique de risques ».
Se servant d'une application exigeant un âge minimum de 13 ans, la chercheuse a visité des salles de réalité virtuelle où des avatars simulaient le sexe. Il lui a été montré des jouets sexuels et des préservatifs, et elle a été approchée par de nombreux hommes adultes.
Le métavers est le nom donné aux jeux et expériences auxquels accèdent les personnes portant des casques de réalité virtuelle. La technologie, auparavant confinée au jeu, pourrait être adaptée pour une utilisation dans de nombreux autres domaines - du travail au jeu, des concerts aux voyages au cinéma.
Mark Zuckerberg pense que cela pourrait être l'avenir d'Internet, à tel point qu'il a récemment renommé Facebook en Meta, la société investissant des milliards dans le développement de son casque Oculus Quest. Selon des estimations, ce casque, désormais rebaptisé Meta Quest, détient jusqu'à 75 % de part de marché. C'était d'ailleurs l'un de ces casques que la chercheuse a utilisé pour explorer une application et une partie du métavers. L'application, appelée VRChat, est une plateforme virtuelle en ligne que les utilisateurs peuvent explorer avec des avatars 3D.
Bien que l'application n'ait pas été développée par Facebook, elle peut être téléchargée à partir d'une boutique d'applications sur le casque Meta Quest de Facebook, sans vérification de l'âge (la seule exigence étant un compte Facebook). La chercheuse a créé un faux profil pour créer son compte et sa véritable identité n'a pas été vérifiée. À l'intérieur de VRChat, il y a des salles où les utilisateurs peuvent se rencontrer : certaines sont innocentes, comme un restaurant McDonald's, par exemple ; mais il y a aussi des clubs de pole-dance et de strip-tease. Les enfants se mêlent librement aux adultes.
Des scènes comme celle-là sont loin d'être rares ; des rapports indiquent de nombreux cas de crimes en tout genre.
Les Émirats arabes unis sévissent contre les meurtres dans le métavers
S'exprimant mercredi dernier au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, Omar Sultan Al Olama a déclaré que la nature réaliste de tout métavers qui se concrétise pourrait permettre aux gens d'être terrorisés d'une manière qui n'est actuellement pas possible. Omar Sultan Al Olama a déclaré que le crime numérique devait être puni, estimant que tous les « crimes graves » commis virtuellement devraient être punis physiquement, y compris le meurtre.
« Si je vous envoie un message sur WhatsApp, c'est du texte, n'est-ce pas ? » souligne Al Olama. « Cela pourrait vous terroriser, mais dans une certaine mesure, cela ne créera pas les souvenirs qui vous conduiront à un SSPT (trouble de stress post-traumatique) ».
« Mais si j'arrive dans le métavers, et c'est un monde réaliste dont nous parlons, que je vous tue et que vous assistiez à la scène… cela vous amène en fait à un certain extrême où nous devons avoir des lois assez agressives à travers le monde parce que tout le monde s'accorde à dire que certaines choses sont inacceptables », a-t-il ajouté.
Al-Olama a exhorté l'Union internationale des télécommunications, l'agence spécialisée des Nations Unies pour les technologies de l'information et de la communication, à avoir une conversation sur l'établissement de normes de sécurité internationales pour le métavers auxquelles les gens doivent adhérer, quel que soit l'endroit où ils vivent. Par exemple, il existe des normes communes sur Internet qui empêchent des choses comme le trafic de drogue et la pédopornographie.
Le passage d'une plateforme métavers à une autre doit également être possible, a déclaré Al Olama. « Donc, si Meta développe quelque chose et Magic Leap en développe un autre… il doit y avoir une sorte d'interopérabilité entre eux ».
Certaines des opinions du ministre de l'IA peuvent être raisonnables. Par exemple, le harcèlement en ligne et le harcèlement sexuel peuvent être identiques au harcèlement en personne. De plus, voler virtuellement quelque chose revient exactement à voler quelque chose, tant que ce n'est pas un jeu dont l'un des objectifs est de voler, donc cela devrait avoir des conséquences. Nous pouvons penser par exemple au vol d'argent qui pourrait être converti en monnaie réelle (Facebook travaille par exemple sur un "Zuck bucks" utilisable sur son métavers) ou au vol d'objets qui pourraient être revendus.
Mais il va aussi trop loin.
Omar Sultan Al Olama
Si vous êtes emprisonné dans le métavers, vous devez être emprisonnés dans la vraie vie
Bien sûr, le souhait d'Al Olama que les meurtres dans le métavers soient punissables comme s'ils étaient réels vient d'une mauvaise interprétation massive de ce qu'est le monde virtuel. Alors que des entreprises comme Meta veulent que les gens vivent et travaillent dans le métavers, ils ne pourraient pas s'entre-tuer. Nous ne sommes pas en train de parler de Sword Art Online.
Essentiellement, le ministre de l'IA veut punir les gens pour avoir tué des gens dans des jeux vidéo – un endroit où la mort entraîne une réapparition. Faut-il être puni pour avoir joué à Call of Duty ? Bien sûr que non.
D'un autre côté, Al Olama n'est pas entièrement à blâmer. L'incompréhension du ministre de l'IA à propos du métavers se résume à la définition vague du monde virtuel. Alors qu'un jour ce sera peut-être une énorme plateforme du style Ready Player One (excellent film) qui régit tout, ce n'est actuellement qu'une plateforme sociale de réalité virtuelle.
Standards et monétisation dans le métavers
S'exprimant sur le même panel, Chris Cox, directeur des produits chez Meta (anciennement Facebook), a déclaré que le monde avait besoin de normes internationales en matière de métavers.
« Il y aura probablement quelque chose comme un système de classification. Nous en avons pour les films, nous en avons pour la musique, nous en avons pour d'autres types de contenu afin qu'un parent ou un jeune puisse avoir une idée des règles dans l'environnement où ils vont entrer », a déclaré Cox.
Au sujet de la monétisation du métavers, Cox a déclaré qu'il s'attend à ce que Meta génère des revenus dans le métavers grâce aux publicités. « Si vous voulez des services gratuits à grande échelle, la publicité va être le modèle commercial naturel pour cela, tout comme elle l'a été depuis l'impression », a-t-il déclaré.
Mais Philip Rosedale, le fondateur de la plateforme mondiale virtuelle Second Life, a déclaré sur le même panel que le métavers devrait être sans publicité. « Si nous déplaçons ces modèles (publicitaires), qui reposent sur la prédiction de ce que vous voulez et vous suggèrent des choses, et dans certains cas, je pense, manipulent votre comportement… Je pense que c'est un risque terrible », a-t-il déclaré.
Rosedale a ajouté : « Le modèle qui doit fonctionner dans le métavers, à mon avis, est un modèle de transaction ou de frais plutôt qu'un modèle de publicité ».
Cela impliquerait l'achat de biens numériques et d'abonnements.
Source : Forum économique mondial de Davos
Et vous ?
Que pensez-vous du point de vue du ministre qui estime que les crimes dans le métavers comme le meurtre devraient être punis dans le monde réel ? Le procès devrait-il lui aussi être initié sur le métavers ?
Que pensez-vous du besoin d'interopérabilité qu'il a évoqué ?
Pour ou contre la publicité dans le métavers comme moyen de monétisation ? Pourquoi ?
Seriez-vous disposé à payer un abonnement ou à effectuer des achats dans le métavers ?
Voir aussi :
Meta serait en train de concevoir des « Zuck Bucks », des jetons numériques qui pourraient être utilisés dans son métavers. Meta se préparerait aussi à se lancer dans les NFT
Pour attirer l'attention sur son métavers, Facebook aurait envisagé l'ouverture de magasins physiques qui permettraient aux clients d'en faire l'expérience et d'acheter du matériel, selon un rapport