
Début 2021, un groupe d'employés de Google a annoncé son intention de se syndiquer à Communications Workers of America (CWA), le plus grand syndicat des communications et des médias aux États-Unis, représentant environ 700 000 membres des secteurs privé et public. Le syndicat qui a été ouvert à tous les employés et sous-traitants de l'entreprise, mais n'a pas organisé d'élection officielle au National Labor Relations Board et n'a pas été reconnu par Google.
« C'est historique. Le premier syndicat dans une grande entreprise de technologie par et pour tous les travailleurs de la technologie, avait déclaré Dylan Baker, ingénieur logiciel chez Google, dans une déclaration à la presse. Nous élirons des représentants, nous prendrons des décisions de manière démocratique, nous paierons des cotisations et nous engagerons des organisateurs qualifiés pour que tous les travailleurs de Google sachent qu'ils peuvent travailler avec nous s'ils veulent réellement que leur entreprise reflète leurs valeurs. »
Plus tôt cette année, Google a identifié 1507 documents relatifs à une assignation à comparaître déposée par quatre ingénieurs logiciels qui ont été licenciés en 2019 après s'être organisés contre les contrats de l'entreprise avec les agences de détention d'immigrants, selon l'ordonnance du tribunal.
La semaine dernière, le juge Paul Bogas, du National Labor Relations Board, a rendu une décision dans un rapport de 13 pages qui stipule que Google doit « immédiatement » produire les documents, qui comprennent des documents produits par un cabinet antisyndical, IRI Consultants, que Google a engagé pour le conseiller sur les troubles du travail dans l'entreprise. Les fichiers comprennent des documents de communication et de stratégie internes créés en collaboration avec IRI Consultants, une société de « relations de travail » à laquelle Google a fait appel pour élaborer et diffuser des messages antisyndicaux au sein de l'entreprise.
Selon ces documents obtenus par Motherboard, les consultants en prévention syndicale d'IRI recueillaient régulièrement des informations sur la personnalité, le tempérament, les motivations, l'origine ethnique, le contexte familial, l'emploi des conjoints, les finances, les problèmes de santé, l'éthique professionnelle, les performances au travail, les antécédents disciplinaires et l'implication dans les activités syndicales de 83 employés de base de l'hôpital avant une élection syndicale. Chaque employé a ensuite reçu une note indiquant dans quelle mesure l'entreprise pensait qu'il était susceptible de voter pour le syndicat.
Dans les notes d'un employé, les consultants de l'IRI ont écrit qu'il était paresseux, matérialiste, distant, originaire de Samoa et qu'il avait dit à ses supérieurs que « le syndicat, c'est de la merde ».
Un avocat spécialisé a examiné 80 des documents retenus et a constaté que seuls neuf d'entre eux avaient été correctement classés comme privilégiés. Dans son rapport, le juge a également critiqué Google pour avoir « déployé d'importants efforts contemporains pour donner à ce matériel non juridique, provenant d'un tiers, l'apparence de communications privilégiées ». Il a également noté qu'à la demande de Google, des consultants de l'IRI ont acheminé les documents par l'intermédiaire d'un conseiller juridique externe afin que ce dernier puisse les transmettre à Google sous couvert du secret professionnel. »
Bien que les documents n'aient pas été rendus publics à ce stade, le dépôt de Bogas confirme l'ampleur et la portée des activités antisyndicales de Google, et confirme également que Google a retenu les services d'IRI Consultants pour l'aider à mettre fin aux actions collectives chez Google, et montre également que Google a tenté de garder ces documents secrets de manière inappropriée en faisant transiter les communications par des avocats (afin de revendiquer le privilège avocat-client) même lorsqu'elles n'avaient apparemment aucune pertinence juridique.
Le juge a écrit que Google a cherché à retenir ces documents dans le cadre d'une procédure judiciaire en cours liée au licenciement de quatre employés militants en les citant à tort comme des communications juridiquement privilégiées avec leurs avocats. Les documents antisyndicaux comprennent des documents de campagne préparés pour être distribués aux employés, des documents de formation pour le personnel sur la façon de faire campagne contre la syndicalisation parmi les personnes qu'ils gèrent, des conseils sur les messages antisyndicaux et l'amplification des messages pour, et des mises à jour sur la façon dont la campagne est perçue parmi les employés ou dans divers rapports.
Un porte-parole de Google a déclaré : « Comme nous l'avons confirmé en 2019, comme la plupart des entreprises, nous engageons des dizaines de consultants externes et de cabinets d'avocats pour nous fournir des conseils sur un large éventail de sujets, y compris les obligations de l'employeur et l'engagement des employés. Cela a inclus IRI Consultants pendant une courte période. Nous ne sommes pas d'accord avec la décision du maître spécial qui interprète mal divers documents juridiquement privilégiés et nous examinons nos options. »
Démantèlement des syndicats dans les entreprises ?
Amazon
Plusieurs rapports ont démontré au fil des ans comment Amazon lutte depuis toujours pour empêcher ses employés du monde entier de se syndiquer. Une tentative des employés d'Amazon France de se syndiquer a échoué début 2020. Cette fois-ci, ce sont les employés américains d'Amazon qui ont entamé un vote historique pour s'ouvrir la porte de la syndicalisation. Toutefois, après avoir proposé dans un premier temps des primes allant jusqu'à 2000 dollars à certains employés afin de les inciter à démissionner et ainsi empêcher le vote, Amazon envoie maintenant aux employés des instructions par courrier leur demandant de voter « non ».
Amazon dit aux travailleurs : « Protégez ce que vous avez et votez non »
L'histoire est simple : Amazon ne souhaite pas du tout que ses employés se regroupent en syndicat. Selon les analystes, si cela arrivait, l'entreprise pourrait perdre sa mainmise sur ses employés. De nombreuses tentatives des employés du plus gros détaillant au monde pour se syndiquer ont déjà échoué par le passé, mais la donne pourrait changer avec le vote historique initié par les employés de l'entrepôt de la banlieue de Bessemer en Alabama. Cependant, dernièrement, les employés de l'entrepôt ont commencé par recevoir un courrier de l'entreprise leur demandant de « voter non » à l'élection et de « poster l'enveloppe rapidement afin que le vote compte ».
L'année dernière, la plus grande fédération syndicale américaine a exigé de Mark Zuckerberg qu'il s'excuse pour une fonction de Workplace qui permettrait aux employeurs de censurer les mots comme "syndiquer" dans les chats. Depuis le début de la pandémie covid-19, Facebook a rapidement développé son produit Workplace pour gagner les bureaux qui travaillent à distance, alors que les entreprises font des efforts pour respecter les mesures de distanciation sociales imposées par les gouvernements. L’un des changements pourrait fournir aux employeurs les moyens de limiter les efforts de syndicalisation sur la plateforme de communication d’entreprise, selon The Intercept. Mais cette fonctionnalité ne verra pas le jour. L’AFL-CIO exige des excuses de la part de Mark Zuckerberg et demande que Facebook retire immédiatement cet outil.
Workplace est le produit de communication de bureau développé par Facebook et destiné à concurrencer Slack et Microsoft Teams. L’application permet aux employés de voir un flux de contenu similaire à un fil d'actualité, avec des sujets courants générés automatiquement en fonction de ce que les gens publient. L’une des fonctionnalités...
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