
La décision de Facebook qui peut être qualifiée de petite révolution ne signifie pas que Facebook renonce entièrement à la technologie de reconnaissance faciale. « Pour l'avenir, nous voyons toujours la technologie de reconnaissance faciale comme un outil puissant, par exemple, pour les personnes qui ont besoin de vérifier leur identité, ou pour prévenir la fraude et l'usurpation d'identité », a déclaré Jérôme Pesenti. « Nous pensons que la reconnaissance faciale peut aider pour des produits comme ceux-ci avec la confidentialité, la transparence et le contrôle en place, afin que vous décidiez si et comment votre visage est utilisé. Nous allons continuer à travailler sur ces technologies et à engager des experts extérieurs », a-t-il ajouté.
En plus du marquage automatique, la fonction de reconnaissance faciale de Facebook qui était activée par défaut jusqu’en 2019 permettait aux utilisateurs d'être avertis si quelqu'un téléchargeait une photo d'eux. Elle a également ajouté automatiquement le nom d'un utilisateur au texte alt d'une image, qui décrit le contenu de l'image pour les utilisateurs aveugles ou malvoyants. Lorsque le système s'arrêtera définitivement, les notifications et l'inclusion des noms dans le texte alt automatique ne seront plus disponibles.
Reconnaissance faciale : une technologie controversée
Plus la reconnaissance faciale est devenue sophistiquée, plus elle est devenue controversée. De nombreux algorithmes de reconnaissance faciale présentent de très nombreux taux d'erreur et ont dans certains pays conduit à des arrestations injustifiées. Par ailleurs, il a été révélé que cette technologie est parfois utilisée pour repérer des personnes dans la foule en fonction de leur âge, de leur sexe et de leur origine ethnique. En Chine, elle a été utilisée pour déclencher une « alarme ouïgoure » qui avertit la police de la présence de personnes appartenant à cette minorité majoritairement musulmane, qui sont systématiquement détenues depuis des années.
En France, alors que le gouvernement français avait souhaité expérimenter dans l'espace public des caméras de reconnaissance des individus avant de repousser son projet, l'autorité administrative indépendante chargée de la protection des droits des personnes alerte quant au « potentiel inégalé d'amplification et d'automatisation des discriminations » de ces innovations. Un rapport consacré aux technologies biométriques dans lequel l'institution publique appelle à prendre des précautions avec ces systèmes polémiques a été publié en juillet de cette année. La technologie fait aussi l'objet de réflexions à Bruxelles, où la Commission européenne souhaite les autoriser sur exception.
À la suite des examens minutieux, l'Allemagne et d'autres pays européens avaient déjà poussé Facebook à désactiver cette fonction dans l'UE. Aux États-Unis, certains États ont adopté des lois strictes limitant l'utilisation de la biométrie. En 2015, plusieurs personnes ont intenté un procès à Facebook, affirmant que la fonction de reconnaissance faciale de Facebook violait la loi. Facebook a réglé le recours collectif plus tôt cette année pour 650 millions de dollars, versant à des millions d'utilisateurs la somme de 340 dollars chacun.
Pour Nimesh Patel, un des plaignants, lorsque Facebook collecte des informations sur lui cela est normal jusqu’à un certain niveau. Cependant, la plainte assure « qu’en fin de 2010, Facebook a commencé à mettre en œuvre sa fonctionnalité "suggestion de tag", qui s’appuie sur un logiciel sophistiqué de reconnaissance faciale pour faire correspondre automatiquement des images avec des noms. Le logiciel de Facebook collecte, analyse et compare des marqueurs faciaux sur les photos téléchargées par l'utilisateur et enregistre ce que l'on appelle un "template de visage" dans une base de données Facebook. Lorsqu'un utilisateur télécharge une photo, la fonctionnalité suggestions de tag compare les visages de n'importe quel individu sur cette photo aux templates de visage dans la base de données de Facebook. S'il y a une correspondance, Facebook suggère que l'utilisateur "tag" la personne sur la photo avec le nom approprié ».
L'annonce de Facebook intervient alors que l’entreprise fait l'objet d'une attention croissante de la part des législateurs, des régulateurs et du grand public. L'entreprise est constamment critiquée pour diffusion de fausses nouvelles. Elle est également critiquée pour son aide à la violence ethnique au Myanmar et pour son incapacité à combattre la désinformation sur le changement climatique.
« L'arrêt de l'utilisation de notre système actuel de reconnaissance faciale signifie que les services qu'il permet seront supprimés au cours des prochaines semaines, tout comme le paramètre permettant aux personnes de choisir de participer au système », a déclaré Facebook.
Source : Meta
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