
Des résultats sont loin d’être aussi précis que ceux obtenus par DeepFace, que Facebook a présenté en 2014. Ce dernier utilise des techniques d’apprentissage profond (deep learning), un domaine d’intelligence artificielle spécialisé dans le décodage des types de données irrégulières. Les chercheurs ont estimé que DeepFace peut déterminer si deux visages photographiés appartiennent à la même personne avec une précision de 97,25 %. Facebook a déployé silencieusement sa fonctionnalité de reconnaissance faciale pour les utilisateurs hors de l'UE et du Canada.
Si la position de Facebook concernant la reconnaissance faciale a récemment changé, son enthousiasme pour cette avancée technologique est peut-être allé trop loin par le passé. C’est ce que révèle Business Insider, qui a découvert que Facebook avait développé entre 2015 et 2016 une application mobile interne qui utilisait la reconnaissance faciale pour identifier en une fraction de seconde les employés et leurs amis.
Sur cette application mobile jamais proposée au public, il suffisait de pointer le téléphone vers quelqu’un pour obtenir son nom et sa photo de profil. Une « façon pratique de retrouver le nom d’un collègue que vous aviez rencontré lors d’une fête », selon ses concepteurs. Sauf que, selon les craintes, avec suffisamment de données en mémoire, une telle application aurait permis d’identifier n’importe qui sur Facebook… et pas seulement les employés de la firme.
Facebook a reconnu avoir développé une application de reconnaissance faciale, mais a contesté le fait qu'elle puisse identifier n'importe quel membre du réseau social. Selon un porte-parole de Facebook, cette application mobile strictement interne ne pouvait détecter « que les employés et leurs amis qui avaient activé de leur côté la reconnaissance faciale ». Loin d’être destinée à être utilisée à des fins intrusives, voire d’espionnage, l’application a été conçue comme un « moyen d’en savoir plus sur les nouvelles technologies ».
Depuis, l’application a été abandonnée… mais il n’est pas certain que Facebook ait totalement laissé tomber la reconnaissance des visages de ses utilisateurs. En effet, l'entreprise testerait en ce moment un nouvel outil de reconnaissance faciale pour éviter la multiplication de faux comptes.
Un sujet épineux pour la société
En juillet, nous rapportions que la FTC allait porter plaine contre Facebook pour avoir fait une mauvaise utilisation de son outil de reconnaissance faciale. L’agence de régulation fédérale prévoyait d’alléguer que Facebook n’a pas fourni suffisamment d’informations aux utilisateurs (environ 30 millions) sur leur capacité à désactiver un outil permettant d’identifier et de proposer des tags pour les photos. Le problème de la reconnaissance faciale avait déjà été annoncé plus tôt cette année par le groupe de défense des consommateurs Consumer Reports.
En effet, lorsque vous postez une photo de vous sur Facebook, l'application est en mesure de déterminer qui sont les autres personnes présentes sur la photo. En fait, Facebook en est capable grâce à son algorithme de reconnaissance faciale. Mais étant donné que votre visage est privé, certains analystes ont estimé qu'il serait préférable que Facebook obtienne au préalable votre consentement avant de pouvoir l'enregistrer. Et donc, en 2017, Facebook a annoncé qu'une nouvelle fonctionnalité permettrait à tout utilisateur de choisir d'utiliser ou pas cette fonctionnalité de reconnaissance faciale.
Mais il semble que cette option ne soit pas disponible pour tous les utilisateurs. En mai 2019, Consumer Reports, un groupe de défense des consommateurs, a mené une étude qualitative et celle-ci suggère que de nombreux utilisateurs de Facebook n'ont pas la possibilité de désactiver la fonction de reconnaissance faciale ni d'empêcher le réseau social d'utiliser la technologie pour identifier leurs visages sur la plate-forme. L'étude a été menée sur 31 utilisateurs aux USA et Consumer Reports a découvert que 8 comptes, soit environ 25 %, ne disposaient pas du paramètre permettant de désactiver la reconnaissance faciale.
Depuis 2015, trois résidents de l'Illinois ont porté plainte contre Facebook pour sa technologie de reconnaissance faciale. Les poursuites, qui ont finalement été regroupées en une seule plainte de recours collectif, stipulent que la fonction « Tag Suggestions » de Facebook, utilisant une technologie de reconnaissance faciale, viole une loi de l'Illinois adoptée en 2008 – la BIPA (Biometric Information Privacy Act). De plus, le réseau social utiliserait cette fonctionnalité sans l'approbation de ses utilisateurs puisqu'elle était activée par défaut. Le juge James Donato chargé de l'affaire a déclaré en avril 2018 : « un recours collectif est clairement supérieur aux procédures individuelles dans ce type de cas ». En octobre, la Cour a décidé de rejeter la demande de Facebook qui voulait empêcher un recours collectif. Le réseau social doit désormais faire face à une poursuite de 35 milliards de dollars pour sa reconnaissance faciale.
Source : Business Insider
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