
Depuis plusieurs années, les acteurs de l’environnement n’ont de cesse de tirer la sonnette d’alarme sur les désastres écologiques que pourraient occasionner le réseau bitcoin et ses monnaies dérivées. Déjà en 2016, une étude avançait que le réseau Bitcoin étant très énergivore, il pourrait consommer autant d’énergie que le Danemark d’ici 2020. Nous sommes en 2021 et la consommation actuelle d’énergie du Bitcoin par an excède largement celle du Danemark.
En 2018, une étude publiée dans la revue Nature Climate Change et menée par un étudiant de l’université d’Hawaï à Manoa a conclu que si le bitcoin est adopté à un niveau similaire à celui des autres technologies comme les cartes de crédit, il pourrait favoriser une augmentation de la température mondiale de 2 °C en moins de deux décennies. Sachant qu’un rapport des Nations Unies sur les changements climatiques a révélé qu’une augmentation de la température de plus de 1,5 °C aurait des effets climatiques irréversibles et catastrophiques, nous avons une idée du danger que la planète court si rien n’est fait.
En février, une analyse de l'université de Cambridge a suggéré que la frénésie du minage du bitcoin consomme plus d'énergie électrique par an que l'Argentine tout entière. En mars, une analyse publiée par le chercheur néerlandais Alex de Vries, fondateur de Digiconomist, a quantifié la manière dont la flambée de la valeur du bitcoin entraîne une augmentation de la consommation d'énergie. Il suggère que la consommation d'énergie du bitcoin pourrait être proche de la consommation collective de tous les centres de données du monde réunis, et pourrait avoir des implications importantes pour l'environnement et la politique mondiale. Le minage des cryptomonnaies exacerbe la pénurie mondiale de puces et menace même la sécurité internationale.
L'exploitation des principales cryptomonnaies à l'instar du Bitcoin nécessite donc de grandes quantités d'énergie. Une seule transaction Bitcoin, y compris les ressources nécessaires pour miner le jeton et vérifier la transaction, peut totaliser plus de 1 700 kilowattheures (kWh). Cette demande d'énergie sans cesse croissante a contraint les grandes entreprises de minage de crypto à tirer parti de tous les moyens disponibles pour produire leur énergie au coût le plus bas possible. Dans certains cas, cela conduit les opérations minières à prendre littéralement en main la production d'électricité.
Stronghold Digital Mining à Kennerdell, en Pennsylvanie, a rejoint les rangs des exploitations de minage qui ont cherché à résoudre elles-mêmes leurs problèmes de fourniture d'électricité. Contrairement aux entreprises qui tirent parti de l'énergie hydroélectrique régionale ou d'autres qui tirent parti des crédits énergétiques et des paiements de leurs États respectifs, Stronghold a récemment acheté la centrale électrique de Scrubgrass dans le comté de Venango, en Pennsylvanie. Selon Stronghold, qui présente son organisation comme un « mineur de Bitcoin respectueux de l'environnement et intégré verticalement », l'usine brûlera les déchets de charbon (coal waste) de Pennsylvanie pour alimenter le matériel de minage sur site situé dans des conteneurs à côté de l'usine. Les déchets de charbon sont les résidus de l'extraction du charbon (coal mining), généralement sous forme de tas de résidus ou de terrils. Il peut être particulièrement nocif pour l'environnement lorsqu'ils laissent s'infiltrer des métaux tels que l'aluminium, le fer et le manganèse dans le sol et les sources d'eau environnantes.
Stronghold prévoit de revendiquer et de brûler les déchets de charbon, puis de remettre les terres récupérées précédemment contaminées à l'État via le Département de la protection de l'environnement de Pennsylvanie (DEP). Les statistiques actuelles du DEP affirment que jusqu'à présent, Stronghold a aidé à récupérer plus de 1 000 acres de terres en Pennsylvanie. Malgré la capacité de brûler les déchets et de minimiser la menace de contamination, les déchets de charbon produisent toujours une quantité importante de dioxyde de carbone. Ces types d'émissions sont une préoccupation constante des groupes de surveillance de l'environnement qui surveillent l'empreinte énergétique et la pollution de Bitcoin.
Contrairement aux exploitations de minage Ethereum, qui utilise des unités de traitement graphique (GPU) traditionnelles, l'exploitation de minage Bitcoin repose sur du matériel spécialisé connu sous le nom de circuits intégrés spécifiques à l'application (ASIC - application-specific integrated circuits). Alors que les GPU peuvent être réutilisés pour tout, du minage d'autres algorithmes à l'exécution de leurs tâches de rendu prévues, les ASIC Bitcoin sont des dispositifs spécialement conçus pour fournir la puissance de hachage requise pour miner l'algorithme SHA-256 de Bitcoin.
Pour être plus précis, à la fin de la première année de Bitcoin (2009), on s’est rendu compte que le minage pouvait également être effectué à l’aide d’unités de traitement graphique (GPU). Il faut noter que les GPU minent le bitcoin plus rapidement que les CPU. Vers 2011, les mineurs ont commencé à passer aux réseaux de portes programmables (FPGA). Et en 2013, les mineurs ont commencé à utiliser des circuits intégrés spécifiques à une application (ASIC) pour miner les bitcoins. Comme son nom l’indique, les puces ASIC sont câblées pour effectuer un seul type de calcul (contrairement aux FPGA qui peuvent être reprogrammés pour d’autres types d’applications). Cela garantit que toutes les ressources sont optimisées pour la tâche de génération de hachages.
Bitcoin, plus qu'énergivore
En plus de consommer de grandes quantités d’énergie pour générer de nouveaux blocs dans la chaîne des blocs, cette activité de minage a également pour effet de produire de la chaleur. À grande échelle et à long terme, cela a des conséquences énormes sur l’environnement. Mais il n’y a pas que ce problème d’énergie que l’extraction du bitcoin occasionne.
Selon l’analyse effectuée par les chercheurs Alex de Vries et Christian Stoll, le minage du bitcoin contribue également à générer une quantité énorme de déchets électroniques (abrégé e-waste en anglais). Pour être plus explicites, les chercheurs avancent qu’étant donné que les puces ASIC sont vendues dans le seul but de confirmer les transactions et de les consigner dans le registre des blocs, les mineurs doivent constamment remplacer leurs matériels lorsqu’un nouveau modèle plus économe en énergie et plus performant est disponible. Cette situation fait que « la durée de vie des dispositifs de minage de bitcoins reste limitée à seulement 1,29 an », soulignent les chercheurs. Et vu qu’en 2020, le réseau Bitcoin a traité 112,5 millions de transactions (contre 539 milliards traitées par les...
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