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Amazon offre des primes de démission de 2000 $ à ses employés afin de les empêcher de participer à un vote historique

Pour s'ouvrir la porte de la syndicalisation à laquelle l'entreprise s'oppose

Le 2021-02-22 15:10:54, par Patrick Ruiz, Chroniqueur Actualités
« The Offer » est le nom de la proposition de prime de démission que le géant du commerce en ligne fait à ses employés. L’entreprise ouvre ainsi la porte aux tiers désireux d’aller à la quête d’un meilleur emploi en termes de conditions. Elle leur propose donc des primes de démission de minimum 1000 dollars. La manœuvre est à connecter avec le vote historique que ses employés ont entamé pour s’ouvrir la porte à la syndicalisation. Elle vise à les empêcher d’y participer.


Le montant offert aux employés à temps plein varie entre 2000 et 5000 dollars et dépend de leur ancienneté dans l'entreprise. S'ils acceptent l'argent, ils acceptent de ne plus jamais travailler pour Amazon. L’entreprise leur a fait parvenir les détails de l’offre par courriel.

Certains employés d’Amazon, qui n'aiment pas leur travail à l'entrepôt, peuvent trouver dans les primes une tentation de quitter leur emploi et chercher quelque chose de mieux. Toutefois, si les travailleurs démissionnent maintenant, ils ne pourront pas voter lors de l'élection syndicale en cours. Y faisant suite, Amazon devrait par la suite recruter des tiers qui viendront mettre à mal les efforts de syndicalisation de l’entrepôt de l’Alabama par leur vote. En sus, il se pourrait que ceux des employés qui décideront d’opter pour la prime de démission retrouvent leur emploi après l’élection du syndicat.

Seulement, la loi fédérale interdit aux employeurs d’améliorer les conditions matérielles des travailleurs à l’approche des élections. Les primes de démission pourraient ainsi devenir un motif d’annulation de l’élection en cours et de programmation d’une nouvelle.


C’est une énième tentative de l’entreprise de faire échouer une initiative de syndicalisation à côté des moyens technologiques qu’elle déploie pour y arriver. Nombreuses sont les publications qui font état de ce que le géant du commerce en ligne fait usage de : logiciels de navigation, bracelets, caméras thermiques, caméras de sécurité, enregistrements. Chez Amazon, on se justifie en arguant qu’il s’agit de dispositifs destinés à encadrer la productivité des employés : « Les performances des employés sont mesurées et évaluées sur une longue période, car nous savons que divers facteurs peuvent avoir un impact sur la capacité à répondre aux attentes d'un jour ou d'une heure donnés. Nous soutenons les personnes qui ne sont pas performantes au niveau attendu grâce à un accompagnement spécifique pour les aider à s'améliorer. »

Les entrepôts d’Amazon sont automatisés et certains postes sont occupés par des robots. La société s’appuie sur un animé par une intelligence artificielle chargée du suivi de la productivité des employés. Ce dernier est même en mesure de générer de façon automatique les documents nécessaires au licenciement en cas de non-atteinte des objectifs. Ce seul motif a mené au licenciement de plus de 300 employés travaillant dans un des entrepôts de l’entreprise à Baltimore pendant la période allant d'août 2017 à septembre 2018.

Amazon a fait savoir que malgré le fait que le système soit en mesure de produire des documents de licenciement, l'accord d'un superviseur humain est obligatoire pour la décision finale. Dans ce cas, celle-ci est transmise à l'employé concerné par le superviseur humain. Quoi que la société puisse dire pour sa défense, ses mécanismes pour une productivité exigeante sont omniprésents dans bon nombre de ses domaines d’activité. À titre d’illustration, ses chauffeurs ont déclaré être tellement sous pression qu'ils ne prennent des pauses que devant les panneaux d'arrêt et qu'ils urinent dans des bouteilles dans les camions de livraison. Amazon intègre même des caméras connectées animées par une intelligence artificielle à ses vans de livraison pour surveiller les livreurs tout le long du parcours de livraison et ainsi connaître leur performance.

C’est une offre d’emploi mise en ligne par Amazon au cours de l’année dernière qui était venue révéler les raisons véritables de l’adoption de tous ces moyens technologiques par l’entreprise. À la recherche d’un « analyste en renseignement » elle stipulait que ce dernier a pour missions : d’espionner les efforts de syndicalisation des travailleurs et rendre compte de ses conclusions aux dirigeants de l’entreprise ; collecter des éléments pour le montage des actions en justice contre les groupes de travailleurs qui protestent contre Amazon ; etc. Des prérogatives difficiles à remplir si l’analyste ne s’appuie pas sur l’arsenal technologique évoqué.

Amazon avait fini par supprimer l’offre d’emploi en question affirmant qu’elle ne « décrivait pas de façon fidèle le poste à attribuer. » « L'offre d'emploi n'était pas une description précise du poste. C'était une erreur qui a été corrigée depuis », avait indiqué l’entreprise.

Source : Amazon

Et vous ?

Que pensez-vous de l’approche Amazon sur ce cas ?

Voir aussi :

Amazon : un employé demande à son patron d'arrêter de vendre le système de reconnaissance faciale à la police évoquant des dérives
24 ouvriers d'Amazon soignés à l'hôpital après qu'un robot ait déchiré accidentellement une bombe anti-ours, dans un entrepôt à News Jersey
Amazon révèle que plus de 10 000 employés travaillent sur Alexa ainsi que sur les appareils Echo qu'il alimente
  Discussion forum
68 commentaires
  • defZero
    Membre extrêmement actif
    @Mingolito, non justement, les syndicats servent à quelque chose, la preuve quand la majorité des salariés était syndiqués en France (dans certains secteurs), c'est là qu'il y a eu le plus de gains sociaux/économique pour ces derniers (les 5 semaine de vacances par ans, le 49, 45, 40 puis 35h, c'est pas venu tout seul).

    En Finlande & au Danemark, ça frôle les 70% de salariés syndiqués et j'ai pas l’impression que les salariés Français soit mieux loti qu'eux, ce serait même le contraire, mais bon .

    Et puis ton exemple du détournement d'argent, t'es quand même d'accord pour dire que ce n'est pas le fonctionnement normale, ni attendu d'un syndicat ?

    Le problème des syndicats aujourd'hui en France, c'est que l’État s'en est mêlé, pas que leur utilité à disparu, bien au contraire.
  • el_slapper
    Expert éminent sénior
    La nouvelle économie ressemble quand même terriblement à l'ancienne.
  • Sylvain_LD
    Nouveau membre du Club
    Tout le monde critique la politique salariale, sociale de l'entreprise, mais un très grand nombre de personnes dans le monde est client d'Amazon!
    La bonne méthode, quand on est pas content d'un commerçant, c'est de ne pas aller chez lui.
    Moi je n'ai pas de compte chez Amazon et je n'ai jamais rien acheté chez eux!
  • tanaka59
    Inactif
    Bonjour,

    Amazon envoie des instructions "Votez NON" aux employés dans le cadre de l'élection syndicale et leur demande d'utiliser une nouvelle boîte aux lettres qui les met mal à l'aise

    Quel est votre avis sur le sujet ?
    Au vu de la taille d'Amazon, l'idée est surtout de trouver des postes d'économies sur l'aspect œuvres sociales / avantages salariaux / protections sociales / complémentaires ... 1 millions d'employés dont 40 à 50 % de CDD / intérim avec des profils de type chauffeurs/livreurs/manutentionnaires , précaire en somme.

    La pression pour faire des "gestes financiers" sur les petits salaires doit juste être énorme ...

    Amazon cherche simplement à appliquer un modèle 1h travaillé = 1 heure payée , rien de plus, ni avantage ... Dans le monde anglo saxon on voit fleurir les contrats 0 heures et heures à la "demande" ... A part un salaire horaire il n'y a aucune protection sociale ou alors le strict minium et aucun avantage (CSE, avantage de paiement de frais divers ... ) passent à la trappe.

    Le modèle Amazon c'est surtout conserver les "plus dociles" et "performants" jusqu'à s'user la santé et / ou le physique ... Au moindre grain de sable > par ici la sortie .

    Et on ose nous venter les "metiers" par les pubs ... il est "beau " le modèle
  • el_slapper
    Expert éminent sénior
    C'est l'iédologie californienne : le succès se construit en s'asseyant sur le droit (ici le droit du travail, mais ils en piétinent d'autres aussi). Ca ne peut pas marcher indéfiniment, mais ils ont pris un tel ascendant que le retour sur terre va être très, très, très long.
  • AoCannaille
    Expert confirmé
    Envoyé par Sylvain_LD
    Moi je n'ai pas de compte chez Amazon et je n'ai jamais rien acheté chez eux!
    Bon courage pour boycotter tous les sites internets basés sur AWS et pour ne pas être profilés par leur mouchards publicitaires.

    Que tu le veuilles ou non, tu rapporte du blé à Amazon. C'est un acteur incontournable (au sens strict du terme, pas au sens marketing), il est trop tard pour espérer qu'il change de lui même. Il est temps de faire appliquer la loi et de légiférer encore plus.
  • kain_tn
    Expert éminent
    Envoyé par Bill Fassinou
    Pensez-vous que cela pourrait nuire aux employés comme le PDG d'Amazon le prétend ?
    Ben tiens. Le gars ne va pas se tirer une balle dans le pied en disant le contraire. Quand on lis comment ces derniers sont traités dans les entrepôts par exemple, ils ont tout intérêt à se syndiquer s'ils veulent pouvoir négocier quoi que ce soit avec leur entreprise, étant donné que leurs jobs demandent peu de qualifications (c'est-à-dire que la boîte peut facilement trouver des personnes pour les remplacer).
  • tanaka59
    Inactif
    Bonsoir,

    Amazon offre des primes de démission de 2000 $ à ses employés afin de les empêcher de participer à un vote historique pour s’ouvrir la porte de la syndicalisation à laquelle l’entreprise s’oppose.

    Que pensez-vous de l’approche Amazon sur ce cas ?
    1) Le comportement d'Amazon dépasse l'indescence ...

    2) Mieux vaut refuser 1000 , 2000 ou 10000 € de "prime" , que de sacrifier un travail ...

    3) Aucune loi n'interdit quinconce de monter une assos ou de se rassembler pour avoir des revendications ... les employés et syndicats aussi devraient jouer sur la corde sensible . Histoire de prendre Amazon de court ... Que peut faire Amazon face une asso et non syndicat ? Rien juridiquement ... trouble à l'ordre publique ? Si il n'y a pas de manif ...

    Amazon va vite retomber de sa chaise à se prendre pour dieu.
  • Ryu2000
    Membre extrêmement actif
    Envoyé par Bill Fassinou
    Une instruction écrite en gras dit : « Marquez votre bulletin de vote. Protégez ce que vous avez. Votez non ». Plus loin, le magazine énumère aussi une série de raisons pour lesquelles il faut voter "non". Il y a, entre autres, « un syndicat ne peut pas garantir une plus grande sécurité de l'emploi ou de meilleurs salaires ou avantages » et « vous payez le syndicat avec les cotisations qu'il prélève sur votre salaire chaque mois ». Si les syndicats ne peuvent pas garantir des conditions de travail spécifiques, les travailleurs syndiqués aux États-Unis gagneraient en moyenne 11 % de plus que leurs collègues non syndiqués dans le même secteur.
    On dirait qu'Amazon est inquiet. C'est impressionnant qu'il fasse autant d'efforts pour empêcher la création d'un syndicat.
  • Ca en dit long sur ce que les dirigeants pensent de leurs salarié(e)s ! Je verrai bien un montage avec leur pub à la con "Ouais ! Amazon, on est trop bien !" et le dirlo qui vient donner une liasse de billets à son employé pour qu'il se barre !