La Federal Trade Commission intensifie ses travaux sur la protection de la vie privée dans le domaine numérique et a demandé à presque toutes les grandes plateformes de médias sociaux auxquelles vous pouvez penser d'expliquer quelles données personnelles elles collectent auprès des utilisateurs et pourquoi. La Commission veut des explications détaillées sur la façon dont ces médias sociaux exploitent les données des utilisateurs et sur ce qu'elles font de ces informations.
Amazon.com, le propriétaire de TikTok ByteDance, Discord, Facebook, Reddit, Snap, Twitter, WhatsApp (également propriété de Facebook) et YouTube ont reçu lundi l'ordre de la FTC de fournir à la commission des détails sur leurs pratiques en matière de collecte de données et de publicité. Les entreprises disposent de 45 jours pour répondre à l'injonction.
L'enquête est la dernière initiative en date des régulateurs fédéraux américains visant à contrôler les activités des grandes entreprises technologiques. La surveillance accrue des fonctionnaires fédéraux et des États cette année a poussé les principaux sites et applications de médias sociaux à répondre des utilisations abusives des données des consommateurs et des violations de la loi fédérale anti-monopole.
Cette ordonnance intervient juste une semaine après que la FTC et 48 procureurs généraux du pays aient engagé des poursuites contre Facebook, accusant le géant des médias sociaux de maintenir illégalement un monopole. L'entreprise a rejeté les accusations.
La demande d'information de la FTC couvre un large champ afin de « comprendre comment les modèles économiques influencent ce que les Américains entendent et voient, avec qui ils parlent et quelles informations ils partagent ». L'agence utilise son autorité en vertu de la section 6(b) de la FTC Act, qui lui permet d'entreprendre de vastes études distinctes de l'application de la loi.
Ces investigations ne font pas partie d'une enquête spécifique sur les malversations... du moins, pas pour l'instant. En vertu de l'article 6(b) de la FTC Act, la commission est habilitée à mener certains types d'études de grande envergure, qui ne sont pas liées à une procédure ou à un soupçon précis en matière d'application de la loi. L'examen des plus petites acquisitions de la Big Tech, que la FTC a commencé en février, est une autre étude permise par l’article 6(b).
Un exemple des injonctions émises par la FTC montre la profondeur et la spécificité des informations que la FTC demande à chaque entreprise, y compris des données extrêmement granulaires sur les utilisateurs actifs mensuels et quotidiens, les stratégies commerciales et publicitaires, et les plans potentiels d'acquisition ou de cession. Il est intéressant de noter que chaque entreprise est également tenue d'indiquer le nombre d'utilisateurs pour lesquels elle dispose des informations démographiques inexactes et comment elle tient compte des publicités ciblées, y compris des publicités mal ciblées. En d'autres termes, la FTC veut savoir, entre autres choses : remboursez-vous les annonceurs si vous ne ciblez pas réellement les groupes qu'ils essaient d'atteindre ?
« Il est alarmant que nous en sachions encore si peu sur des entreprises qui en savent tant sur nous »
La commission a voté à 4 contre 1 en faveur du lancement de cette étude. Trois commissaires - Rohit Chopra, Rebecca Slaughter et Christine Wilson - ont publié une déclaration commune en faveur de l'enquête.
« Les médias sociaux et les services de streaming vidéo sont devenus presque inévitables dans le monde moderne d'aujourd'hui », en particulier à l'époque de la pandémie, où la distance sociale a été imposée, ont écrit les commissaires. « Malgré leur rôle central dans notre vie quotidienne, les décisions que prennent les principales plateformes en ligne... restent entourées de secret ».
« Des questions cruciales sur les modèles commerciaux, les algorithmes, la collecte et l'utilisation des données sont restées sans réponse. Les décideurs politiques et le public ne savent pas ce que font les médias sociaux et les services de streaming vidéo pour capter et vendre les données et l'attention des utilisateurs », ont déclaré les commissaires de la FTC Rohit Chopra, Rebecca Slaughter et Christine Wilson dans leur déclaration. « Il est alarmant que nous en sachions encore si peu sur des entreprises qui en savent tant sur nous ».
« Jamais auparavant il n'y a eu une industrie capable de surveiller et de monétiser une si grande partie de notre vie personnelle », ont poursuivi les commissaires. À cette fin, l'étude 6(b) est « une étape vers une clarté bien nécessaire » sur ce que font toutes les entreprises, comment et pourquoi. L'enquête demande également aux sociétés de médias sociaux et de streaming vidéo de fournir des informations sur la manière dont elles traitent les données collectées et sur l'impact des pratiques de publicité et d'engagement sur les jeunes utilisateurs mineurs.
Le commissaire Noah Phillips, qui a voté contre l'étude, a émis une opinion dissidente séparée. Il s'agit « d'une incursion indisciplinée dans une grande variété de sujets, dont certains ne sont que tangentiellement liés à l'objet déclaré de cette enquête », a déclaré Phillips, en faisant valoir que l'enquête était un gaspillage des ressources de la FTC et ne permettrait pas de fournir au public des informations précieuses ou d'aborder les questions relatives à la vie privée des consommateurs.
Une attention particulière portée aux enfants
Les législateurs et les groupes de défense des droits civils et des consommateurs ont placé les grandes entreprises de la technologie sous le microscope cette année en particulier, suite à des révélations montrant des pratiques douteuses de la part de grands sites Web et d'applications.
Le Wall Street Journal a publié l’an dernier un article sur la façon dont les applications partagent les informations des utilisateurs avec Facebook. Le journal a également révélé en avril cette année qu'Amazon recueillait des données de vendeurs indépendants et les utilisait pour créer ses propres produits concurrents. Les dirigeants d'Amazon ont nié ce fait.
Cet été, Mark Zuckerberg de Facebook, Jeff Bezos d'Amazon, Sundar Pichai de Google et Tim Cook d'Apple ont témoigné virtuellement devant le Congrès sur la perception du pouvoir monopolistique de la Silicon Valley. Au cours de cette audition, Bezos a reconnu que la société d'un billion de dollars pourrait avoir utilisé abusivement des données pour évincer les vendeurs indépendants. Il a déclaré que la société faisait l'objet d'une enquête interne sur cette affaire.
La manière dont ces entreprises interagissent avec les utilisateurs mineurs et les informations glanées dans le cadre de leur activité ont également fait l'objet d'un litige. En août, les parents de dizaines de mineurs ont poursuivi TikTok devant un tribunal fédéral, alléguant que la populaire application de partage de vidéos recueillait des informations sur les caractéristiques faciales, les lieux et les contacts proches de leurs utilisateurs. L'entreprise envoie ensuite ces données à des serveurs en Chine à l'insu des utilisateurs et les partage potentiellement avec le Parti communiste chinois, selon les allégations du procès.
Le sénateur démocrate du Massachusetts Edward Markey a publié une déclaration en faveur des demandes d’informations de la FTC. « Aucune enquête approfondie sur ces sites ne serait complète sans une attention particulière aux enfants et aux adolescents, une population en ligne particulièrement vulnérable », a déclaré Markey. « Je suis heureux que la FTC ait tenu compte de mes appels pour émettre ces ordonnances, et je remercie mes partenaires bipartites qui se sont joints à moi pour défendre cette enquête ».
Markey, avec le sénateur démocrate Richard Blumenthal, a présenté un projet de loi en mars dernier qui porterait spécifiquement sur les "moyens non transparents" par lesquels les applications et plateformes de médias numériques commercialisent et collectent des informations auprès des utilisateurs âgés de 16 ans et moins.
Sources : Communiqué de presse de la FTC, Déclaration des commissaires en faveur de l’enquête, Déclaration du commissaire contre l’enquête
Et vous ?
Que pensez-vous des demandes d’informations de la FTC ?
Pensez-vous que les plateformes ciblées fourniront toutes les informations exigées ?
Quelle suite prévoyez-vous pour cette enquête ?
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La FTC émet des demandes d'informations à neuf services de médias sociaux et de streaming vidéo,
Cherchant à comprendre ce qu'ils font des données des utilisateurs
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Le , par Stan Adkens
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