En début d’année, un sénateur américain a exhorté Tesla Inc à renommer son système d'aide à la conduite Autopilot, affirmant qu'il a « un nom intrinsèquement trompeur » et qu'il est sujet à une utilisation potentiellement dangereuse. Le sénateur Edward Markey a déclaré qu'il pensait que les dangers potentiels d'Autopilot pouvaient être surmontés. Mais il a appelé à « renommer et commercialiser le système pour réduire les abus, ainsi qu'à créer des outils de surveillance des pilotes de sauvegarde qui garantiront que personne ne s'endort au volant ».
Tesla a déclaré dans une lettre qu'il avait pris des mesures pour assurer l'engagement du conducteur avec le système et améliorer ses caractéristiques de sécurité. Le constructeur automobile électrique a introduit de nouveaux avertissements pour les feux rouges et les panneaux d'arrêt l'année dernière « pour minimiser le risque potentiel de griller un feu rouge ou un panneau Stop en raison d'une inattention temporaire du conducteur », a déclaré Tesla dans la lettre.
Il y a quelques jours, lors de l'assemblée annuelle des actionnaires de Tesla Motors et de l'événement Battery Day 2020, le PDG Elon Musk a annoncé que le constructeur d'automobiles électriques s'apprêtait à publier une version bêta privée de la « version entièrement autonome » de son logiciel d'aide à la conduite Autopilot dans les mois à venir.
« C'est un peu difficile pour les gens de juger des progrès d'Autopilot », a déclaré Musk à une foule d'actionnaires présents à l'événement, chacun respectant les mesures barrières en restant dans sa propre Tesla. « Je conduis une version alpha de pointe d'Autopilot, donc j'ai en quelque sorte un aperçu de ce qui se passe ».
Musk a poursuivi en expliquant comment les ingénieurs de Tesla ont récemment dû réviser des parties majeures du pilote automatique, y compris en repensant la façon dont le système voit le monde.
« Nous avons dû effectuer une réécriture fondamentale de l'ensemble de la pile logicielle Autopilot… Nous étiquetons maintenant la vidéo 3D, ce qui est très différent de notre procédé précédent qui consistait à étiqueter des images 2D uniques », a expliqué Musk, faisant référence à la façon dont le logiciel Autopilot comprend des objets qu'il voit avec ses huit caméras et comment il doit réagir. « Nous étiquetons maintenant des segments vidéo entiers issus simultanément de toutes les caméras. La sophistication du réseau neuronal de la voiture et la logique globale de la voiture sont considérablement améliorées ».
Musk a laissé entendre que les conducteurs pourraient bientôt avoir la chance de découvrir cette version plus sophistiquée d’AutoPilot : « Je pense que nous allons, espérons-le, publier une version bêta privée d'Autopilot - la version entièrement autonome d’Autopilot – probablement dans un mois. A ce moment la, les gens comprendront vraiment l'ampleur du changement », a déclaré Musk. « C'est profond. Vous verrez à quoi ça ressemble, c'est incroyable ».
Les participants ont montré leur approbation à la promesse de Musk en donnant plusieurs coups de klaxon depuis leurs barrières improvisées de sécurité.
Actionnaires Tesla assistant à l'événement
Rappelons que la version 10.0 de l’Autopilot, considérée jusqu’en fin de l’année 2019 par Tesla comme la plus importante mise à jour de son logiciel, a été déployée aux États-Unis en septembre dernier sur les Model S, X et 3 de la marque. Cette version inclut notamment plusieurs nouvelles options de divertissement afin de répondre aux nombreuses sollicitations des clients ainsi que la fonctionnalité « Smart Summon » qui permet d’appeler à distance une voiture de la marque.
Mais les choses s’annoncent mal sur le vieux continent, car les lois de l’UE contraignent Tesla à brider certaines fonctionnalités en Europe. Ces limitations juridiques empêchent Tesla ainsi que d’autres constructeurs de véhicules autonomes d’exploiter au maximum certaines fonctionnalités d’assistance à la conduite. D’après un rapport publié en décembre 2010 par Electrek, citant des propriétaires européens de Tesla, l’entreprise a commencé à proposer des mises à jour à certains propriétaires de modèles S et X. Ces mises à jour sont conformes à la réglementation sur les équipements de direction des véhicules que l’Union européenne a fixée en 2017. Les véhicules Tesla Modèle 3 ont déjà reçu des mises à jour pour se conformer.
Ces mises à jour pénalisent sévèrement le système Autopilot dans son ensemble, qu’il s’agisse de la fonctionnalité Smart Summon, de la gestion de certains virages ou de la politique de changement de voie automatique après le déclenchement du clignotant. Sur le marché européen, les propriétaires doivent, par exemple, se trouver à six mètres de distance au maximum de leur véhicule pour que la fonction d’Invocation fonctionne, alors que sur le marché américain, la voiture doit juste être dans le champ de vision de son conducteur. De même, la procédure de changement de voie automatique après le déclenchement du clignotant doit être effectuée au plus en cinq secondes. Passé ce délai, le véhicule Tesla doit annuler automatiquement la tentative de changement de voie. Si le processus est malgré tout déjà enclenché, la voiture doit impérativement revenir à sur sa voie initiale, ce qui peut facilement mettre le conducteur en danger.
Source : Battery Day 2020
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