
Cependant, l'administration a décidé de geler l'application de cette nouvelle taxe de 180 jours (six mois) pour permettre de trouver une résolution négociée au conflit.
« Le bureau du représentant américain au commerce a décidé aujourd’hui d’imposer des droits de douane supplémentaires de 25 % sur les produits français d’une valeur commerciale de 1,3 milliard de dollars en réponse à l’adoption par la France d’une taxe sur les services numériques qui cible injustement les entreprises de technologie numérique américaines », ont annoncé les services de Robert Lighthizer, le représentant américain au commerce.
Et d'expliquer « qu'afin de laisser plus de temps pour tenter de résoudre ce litige, notamment par le biais de discussions en cours au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et en reconnaissance de l’accord de la France de retarder la perception de sa taxe jusqu’à la fin de l’année, le représentant au commerce a décidé de suspendre l’application de ces droits de douane supplémentaires pendant cent quatre-vingts jours », selon l’administration américaine.
Cette décision d'attendre une discussion au sein de l'OCDE reflète également l’accord de la France de différer la perception de sa taxe de 3 % sur les services numériques. En effet, à l’automne 2019, le dossier semblait sur la voie d’une résolution diplomatique. Le projet d’accord prévoyait alors de laisser en place le nouvel impôt français sur l’activité des grands groupes de technologie jusqu’à l’entrée en vigueur d’un nouveau plan fiscal international négocié dans le cadre de l’OCDE. Celui-ci a pour objectif de mieux appréhender les activités des entreprises de ce secteur dont les substantiels profits échappent à de nombreux fiscs dans le monde. Mais ces discussions multilatérales ont, pour l’heure, échoué.
Une mesure adoptée en représailles
Le Parlement français avait définitivement adopté, le 11 juillet 2019, l’instauration d’une taxe dite taxe GAFA, faisant de la France un pays pionnier en matière d’imposition des « GAFA » et autres multinationales accusées d’évasion fiscale. La veille, les États-Unis ont lancé une enquête menée en vertu de l'article 301 aux États-Unis. L’enquête du bureau du représentant américain au commerce (USTR) s’était achevée en janvier et avait conclu que la taxe était « déraisonnable » et discriminatoire à l’égard des entreprises américaines telles que Google, Facebook et Apple Inc. Elle a été suivie d’une période de commentaires et de demandes d’exemptions pour certaines marchandises, qui vient donc de s’achever.
Rappelons que sur Twitter, Donald Trump, qui a pris des mesures tarifaires agressives contre ses alliés et ses rivaux, avait menacé de droits de douane à 100 % sur les produits français, notamment les fromages, les produits de beauté et les sacs à main. « La France vient d'imposer une taxe numérique à nos grandes entreprises technologiques américaines. Si quelqu'un les taxe, cela devrait être leur pays d'origine, les États-Unis. Nous annoncerons sous peu une action réciproque substantielle sur la folie de Macron. J'ai toujours dit que le vin américain était meilleur que le vin français! », avait-il déclaré en juillet.
La France et d'autres pays considèrent les taxes sur les services numériques comme un moyen d'augmenter les revenus des opérations locales des grandes entreprises technologiques qui, selon eux, profitent énormément des marchés locaux tout en ne contribuant que de manière limitée aux coffres publics. Le représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, a dévoilé pour la première fois jeudi son intention d'imposer de nouveaux tarifs sur les produits français avec mise en œuvre différée. Les 1,3 milliard de dollars de marchandises font partie d'une liste publiée pour la première fois par l'USTR en décembre.
Les États-Unis ont lancé des enquêtes similaires au titre de l'article 301 sur les taxes sur les services numériques adoptées ou envisagées par 10 autres pays, dont la Grande-Bretagne, l'Inde et la Turquie, ce qui pourrait entraîner des droits de douane sur leurs marchandises.
Les pourparlers de l'OCDE visant à développer une solution multilatérale pour taxer les services numériques n'ont donné aucun résultat, les négociations étant compliquées par la pandémie de coronavirus. Le mois dernier, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a surpris les pays européens en suggérant une pause dans les pourparlers de l'OCDE étant donné le manque de progrès sur ce dossier.
Le FMI appelle à la résolution du conflit, mais l'Europe pourrait proposer une solution en cas d'échec des pourparlers à l'OCDE
Vendredi, le Fonds monétaire international (FMI) a exhorté à un accord pour résoudre ce conflit. Dans un entretien avec l’Agence France-Presse (AFP), Vitor Gaspar, directeur du département des affaires fiscales du FMI, a déclaré : « Il est très important d’éviter les guerres commerciales, il est important d’éviter les guerres sur les fiscalités ». Et de poursuivre en disant « un accord serait très important (…) pour l’économie mondiale », ne manquant pas de souligner que réduire le plus possible l’évasion fiscale permettrait aux États de trouver de nouvelles sources de revenus et réduire ainsi leur dette publique.
Selon lui, la démarche amorcée dans le cadre de l’OCDE était « très importante, dans la mesure où il y a une perception selon laquelle des entreprises extrêmement profitables et qui rayonnent à l’échelle mondiale ne paient pas leur juste part en matière de fiscalité ». « Il y a la perception que le système de fiscalité internationale qui avait été négocié dans le cadre de la Société des Nations il y a environ cent ans n’est plus adapté à son objectif », a-t-il poursuivi.
Un porte-parole de l'Union européenne a déclaré à Reuters plus tôt que Bruxelles pourrait proposer sa propre solution si les pourparlers de l'OCDE ne parvenaient pas à un accord. Il a exhorté Washington à reprendre les pourparlers.
Source : Reuters
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